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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/83

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GÉDÉON — GÉDÉRA


main de Gédéon ; ils ne Voulaient pas subir l’humiliation de périr sous les coups d’un enfant. Gédéon les tua et s’empara des ornements qui pendaient au cou de leurs chameaux. Jud., viii, 4-21. — La victoire remportée par Gédéon sur les Madianites eut des résultats décisifs. Cette peuplade, jusqu’alors si redoutée des Israélites, fut entièrement humiliée et ne put plus lever la tête devant eux. Jud., viii, 28. Elle ne compta plus parmi les ennemis du peuple de Dieu et son histoire prit fin. Aussi la bataille qui l’écrasa laissa un souvenir ineffaçable en Israël. Elle fut célèbre autant que le passage de la mer Rouge et elle fut souvent citée comme un exemple saisissant de la protection divine. I Reg., xii, 11 ; Ps. lxxxii, 12 ; Is., x, 26. Isaïe, ix, 4, l’a appelée « la journée de Madian ». III. Gédéon après sa mission.

1° Il refuse le pouvoir royal. — Cette victoire excita l’enthousiasme au point que les Israélites offrirent à Gédéon la royauté héréditaire, a Les maux qu’ils avaient soufferts, faute d’un chef qui sût organiser la résistance et se mettre à leur tête, la bravoure, l’intrépidité, l’habileté, la sagesse et la fermeté de Gédéon leur firent comprendre les avantages d’une union étroite entre les différentes tribus, sous un maître qui, réunissant en faisceau ces forces éparses, pourrait les rendre invincibles. » F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., 1896, t. iii, p. 149. Gédéon eût été digne d’être le premier roi de son peuple. Il avait la taille et la prestance d’un fils de roi, Jud., viii, 18 ; c’était un héros et un habile politique. Mais sa magnanimité égalait son courage ; Il refusa modestement le commandement suprême et il rejeta les offres séduisantes de ses compatriotes par un motif de foi et de piété. « Je ne serai pas votre maître et mon fils ne sera pas votre maître ; c’est Jéhovah qui sera votre maître. » — 2° Gédéon se fait un éphod. — Le libérateur d’Israël, qui s’était honoré par le refus du pouvoir royal, demanda, comme part du butin, les pendants d’oreilles en or qui avaient été pris aux ennemis. On s’empressa de satisfaire à son désir et chaque soldat jeta sur un manteau, étendu par terre, tous les nézem qui étaient en ses mains. Il y en eut dix-sept cents sicles d’or pesant, sans compter les ornements, les colliers précieux et les vêtements d’écarlate des chefs madianites. Avec toutes ces richesses, Gédéon fit plus tard un éphod, non une idole, mais un vêtement sacré (voir t. ii, col. 1868), qui devint une occasion d’idolâtrie pour le peuple et de scandale et de ruine pour sa propre famille. Gédéon prévit-il. ces conséquences graves de son action et fut-il coupable d’avoir fait confectionner ce riche vêtement sacerdotal ? Saint Augustin, Quxst. in Heptat., vii, 41, t. xxxiv, col. 806, 807, le pense ; il lui reproche d’avoir transgressé une loi divine et d’avoir ainsi commis une faute. On peut toutefois justifier sa conduite personnelle, préjuger de ses bonnes intentions et ne pas le rendre responsable des abus qui se sont produits après sa mort. Cf. de Hummelauer, Comment, in lib. Judic., Paris, 1888, p. 176-177. — 3° Derniers événements de la vie de Gédéon. — Après sa victoire, le libérateur d’Israël retourna simplement à sa terre d’Éphra. Il y vécut quarante ans encore au milieu de ses nombreux enfants. Il avait soixante-dix fils, nés de plusieurs femmes. Une épouse de second rang qu’il avait à Sichem fut mère d’Abimélech. Il mourut dans une heureuse vieillesse et fut enseveli à Éphra dans le tombeau de son père Joas. Après sa mort, les Israélites oublièrent le Seigneur qui les avait délivrés des Madianites, et retombèrent dans le Culte idolâtrique de Baal. Ils furent aussi ingrats envers la famille de Gédéon, leur libérateur. Jud., viii, 24-35. — Voir Abimélech, t. i, col. 54-58. Cf. Glaire, Les Livres Saints vengés, Paris, 1845, t. ii, p. 39-52 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. iii, p. 131-155 ; Card. Meignan, Dé Moïse à David, Paris, 1896, p. 401-415 ; F. de Hummelauer, Comment, in Judic. cl Ruth, Paris, 1888, p. 133-180. E. Mangekot.

    1. GÉDÉON##


3. GÉDÉON. Un des ancêtres de Judith, de la tribu de Siméon. Il était fils de Raphaïm et père de Jammor. Judith, viii, 1, d’après la Vulgate. Le nom est omis dans le Codex Vaticanus, mais se trouve dans YAlexandrinus.

    1. GÉDÉRA (hébreu##


GÉDÉRA (hébreu, hag-Gedêrâh, avec l’article, « le parc de troupeaux, » Jos., xv, 36 ; sans article, I Par., iv, 23 ; Septante, ràSïjpa, Jos., xv, 36 ; TaSipô ; Codex Vaticanus, Faëaripâ ; Codex Alexandrinus, ToBripô, IPar., iv, 23), ville de la tribu de Juda. Jos., xv, 36. Elle fait partie du premier groupe des cités de « la plaine » ou de la Séphélah, et est mentionnée entre Adithaïm et Gédérothaïmj qui malheureusement ne nous fournissent aucune indication pour son emplacement. Plusieurs auteurs pensent que c’est le FeSo-Jp, Gedur, d’Eusèbe et de saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 127, 245, appelé de leur temps « TtSpoiç, Gedrus, grand village situé à dix milles (près de quinze kilomètres ) de Diospolis (Ludd ou Lydda), sur la route d’Éleuthéropolis (Beit Djibrin) ». En acceptant cette assimilation et en suivant ces données, on arrive facilement à une localité actuelle, Khirbet Djediréh, située à la distance voulue au sud-est de Ludd, au sud-ouest d’Amouas, et dont le nom répond exactement à celui de l’antique cité biblique. L’arabe « jjJ-a., Djediréh, reproduit très bien, en effet, même comme signification, l’hébreu mu, Gédêràh. Cette identification est acceptée

par les explorateurs anglais, Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. iii, p. 43 ; G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 67 ; par Grove et Wilson dans Smith, Dictionary pf the Bible, 2e édit., Londres, 1893, t. i, p. 1140 ; J. A. Selbie dans J. Hastings, Dictionary of the Bible, Edimbourg, 1898, t. ii, p. 118. Rien ne prouve cependant que le Gedur d’Eusèbe et de saint Jérôme soit la Gédéra de Josué. Ensuite Djediréh nous paraît entrer un peu avant dans la tribu de Dan, bien qu’à la rigueur l’extrême limite de Juda ait pu s’étendre jusque-là. — Il est un autre site qui concorderait mieux, selon nous, avec la frontière de la tribu, c’est celui de Qalrah, au sud-est de Yebna. Il est clair que l’arabe iLLs, Qatrah, n’a pas avec le nom hébreu la même correspondance philologique que Djediréh. Il est vrai cependant que les Arabes d’Egypte et ceux du sud de la Palestine, au lieu de prononcer Qatrah, disent Gadrah en adoucissant les deux premières consonnes, ce qui rend plus sensible la ressemblance des deux noms. Malgré cela, si l’on comprend le changement du 5, ghimel, en Jj, qoph, il est plus difficile d’expliquer celui du t, daleth, en L, â. Cf. G. Kampffmeyer, Alte Namen im heutigen Palâstina und Syrien, dans la Zeitschrift des Deutschen Palàstina-Vereins, Leipzig, t. xv, 1892, p. 19-21 ; t. xvi, 1893, p. 31. L’identification de Gédéra avec Qatrah est admise par Van de Velde, qui écrit le nom Gheterah ou Ghederah, Memoir to accompany the Map of the Holy Land, Gotha, 1858, p. 313 ; Reise durch Syrien und Palâstina, Leipzig, 1855, t. ii, p. 166 ; par V. Guérin, Judée, t. ii, p. 35 ; Fillion, Atlas géographique de la Bible, Paris, . 1890, p. 26 ; F. Buhl, Géographie des alten Palâstina, Leipzig, 1896, p. 188. Le village de Qatrah, situé sur une faible éminence, au milieu de la Séphélah, compte sii cents habitants. Les maisons sont bâties en pisé. Autour d’un grand puits à noria, probablement antique, gisent six tronçons de fûts de colonnes de marbre gris. Des haies de cactus environnent le bourg et servent de clôture à des plantations de figuiers et d’oliviers. Plusieurs magnifiques acacias mimosas s’élèvent aussi sur divers points. Cf. V. Guérin, Judée, t. ii, p. 35. — Le nom de Gedêrâh indique, par sa signification de « parc aux troupeaux », que la ville était principalement habitée par des bergers, ou du moins que sa plus grande richesse