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JOSEPH


antérieurs à l’histoire de Joseph, xii, 10 ; xxvi, 1. Tous ceux qui connaissent tant soit peu l’Orient, sont, pour ainsi dire, familiarisés avec un pareil phénomène. Qu’il me suffise de rappeler le dernier fait dans cet ordre d’idées. En 1890, M. Wilbourg découvrit dans l’île de Sehel une inscription connue sous le nom de « stèle de la famine ». Cf. H. Brugsch, Die biblischen sieben Jahre der Hungersnoth, in-8°, Leipzig, 1891. Cette inscription atteste qu’en l’an xviii de son règne, le roi Zosiri, de la 111° dynastie, avait expédié le message suivant à Madir, sire d’Éléphantine : « Je suis accablé de douleur pour le trône même et pour ceux qui résident dans le palais, et mon cœur s’afflige

thèse, cette inscription serait presque un décalque de la description de la Genèse.

Les mots égyptiens.

L’histoire de Joseph contient

un certain nombre de mots égyptiens : — 1. Noms propres. — Le Nil est appelé en égyptien aur ; on le trouve dans l’hébreu biblique sous la forme yeor, qui signifie la « rivière », le « fleuve ». Gen., xli, 1. — Le nom donné à Joseph par le Pharaon reconnaissant est égyptien. Ce nom est dans le texte hébreu sdfenat pa’enêah. Gen., xli, 45. La Vulgate latine a traduit par « sauveur du monde ». En égyptien ce nom signifie littéralement « celui qui approvisionne (soutient) la vie », djfen pa-ankh. — Joseph prit pour épouse une femme

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286. — Tombeau de Joseph, près de Balata et de Naplouse. D’après une photographie de M. L. Heidet (1899).

et souffre grandement parce que le Nil n’est pas venu en mon temps, l’espace de huit années. Le blé est rare, les herbages manquent et il n’y a plus rien à manger ; quand n’importe qui appelle ses voisins au secours, ils se hâtent de n’y pas aller. L’enfant pleure, le jeune homme s’agite, les vieillards leur cœur est désespéré, les jambes repliées, accroupis à terre, les mains croisées, les courtisans n’ont plus de ressources ; les magasins qui jadis étaient bien garnis de richesses, l’air seul y entre aujourd’hui et tout ce qui s’y trouvait a disparu. Aussi mon esprit se reportant aux débuts du monde, songe à s’adresser au Sauveur qui fut ici où je suis pendant les siècles des dieux, à Thot-Ibis, ce grand savant, à Imhotpou, fils de Phtah Memphite. Quelle est la place où naît le Nil ? Quel est le dieu ou quelle est la déesse qui s’y cache ? Quelle est son image ? » Maspero, Histoire anc, t. i, p. 240-241. Cet auteur y voit une pièce fabriquée, vers le milieu du m » siècle avant notre ère, par les prêtres de Khnoumou, Anoukit et Satit, jaloux de l’influence prise en Nubie par la déesse Isis de Philæ grâce aux troupes grecques ; dans cette hypo égyptienne appelée Aseneth, Gen., xli, 45 ; ce nom est égyptien : as, « siège, demeure, » et Neitli, nom d’une déesse égyptienne ; la signification du nom est donc : « siège, demeure de [’a déesse] Neith. » Voir Aseneth, 1. 1, col. 1082. L’eunuque du Pharaon s’appelle Putiphar, Gen., xxxix, 1 ; c’est encore un nom égyptien qui se décompose en quatre mots : pa, « le, » tu, « donner, » pa, « le, » Ra, « Ra, » le dieu Soleil ; le nom entier signifie « le donné à Ra ». — 2. Noms communs. — a)’Abrêk, Gen., xli, 43. Voir Abrek, t. i, col. 90 ; — 6) les bœufs que le Pharaon vit en songe, paissaient dans les’âhû, Gen., xli, 2 ; il n’est pas difficile de reconnaître dans ce mot l’égyptien akh qui veut dire « verdoyer » et « verdure, roseau » ; — c) le mot êefaf, Gen., xli, 17, qui désigne les « bords » [du Nil] est aussi égyptien, spet en égyptien signifie rigoureusement « lèvre » ; — d) le mot sêë, Gen., xli, 42, que la Vulgate a traduit par stola byssina, « robe de fin liii, » vient de l’égyptien Ses, qui veut dire « tisser », d’où « tissu, étoffe ». Cf. V. Ermoni, L’ugyptologie et la Bible, dans les Annales de philosophie chrétienne, 1900,