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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/1004

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PAILLE _ PAIN

1952

II. Comparaisons. — 1° À cause de sa légèreté, la paille, surtout quand elle est desséchée, est aisément emportée par le vent. Elle représente souvent, dans la Sainte Écriture, les ennemis ou les méchants qui sont emportés par le tourbillon de la justice de Dieu. Job, xxi, 18 ; Ps. xxxv (xxxiv), 5 ; lxxxih (lxxxii), 14 ; Is., xvii, 13 ; xl, 24 ; xli, 2, 15 ; Dan., ii, 35. Job, xiii, 25, se plaint que Dieu le poursuit comme le vent pourchasse une feuille desséchée. — 2° La paille est rapidement consumée par le feu ; ainsi les impies seront consumés par le feu de la colère divine ; Is., v, 24 ; xlvii, 14 ; ainsi périront dans le feu inextinguible ceux dont les actes sont mauvais. Matth., iii, 12 ; Luc, iii, 17. — 3° La paille emportée par le vent figure la rapidité du jour qui passe. Soph., ii, 2. Son inconsistance donne l’idée d’une chose très faible. Job, xli, 18. Cependant, quand elle est projetée dans un organe aussi délicat que l’œil, la paille peut l’empêcher de remarquer les objets même les plus considérables. C’est ainsi que Notre-Seigneur reproche à certains de ne pas s’apercevoir de la poutre qui est dans leur œil et de remarquer très bien le fétu de paille, xap<po ; , qui se trouve dans l’oeil du prochain, comparaison hyperbolique signifiant que souvent on est aussi perspicace sur les petits défauts des autres qu’aveugle sur les siens propres, si grands qu’ils soient. Matth., vii, 3-5 ; Luc, vi, 41-42. H. Lesêtbe.

PAIN (hébreu : léhém : Septante : Sproç ; Vulgate : parais), nourriture faite de farine pétrie à l’eau (fig. 510)

510. — Diverses formes du pain en Egypte. D’après Ermann, Aegyptisches Leben, 1. 1, p. 269.

et cuite à une température de 200° à 250°. Le mot hébreu vient du verbe lâham, « manger ; » le W.tèm désigne donc tout d’abord la nourriture en général ; c’est le sens qu’a conservé le chaldéen lehém, Dan., v, 1 ; de là vient que, dans plusieurs passages, Gen., xxiv, 33 ; xxxi, 54 ; xxxvii, 25 ; Exod., ii, 20 ; etc, les versions traduisent par « pain » le mot qui doit être pris dans le sens de « nourriture » en général. Mais comme le pain était la nourriture la plus commune, le mot léfyém désigne plus habituellement le pain en hébreu, en phénicien et en araméen, alors qu’en arabe il est devenu le nom de la viande. Le hôrî est un pain en usage chez les Égyptiens, Gen., XL, 16, -/ovgpt’rrii ; , « de gruau ; » cf. Eduyoth, iii, 10. Le maççdh, « doux, » est le pain non fermenté. Voir Azyme, t. i, col. 1311. « Cuire le pain i> se dit’ûg. Ezech., iv, 12.

I. Le pain matériel. — 1° Son origine. — Différentes céréales, le blé, l’épautre, l’orge, le seigle, etc., fournissent des grains qui, réduits en farine au moyen des meules, peuvent servir à faire du pain. Voir Fahine, t. iii, col. 2179. Or ces céréales, le pain, par conséquent, sont le produit de la terre, Job, xxviii, 5 ; Ps. civ (cm), 14, et de la pluie qui la féconde. Is., lv, 10. À la suite de son péché, l’homme fut condamné à manger son pain à la sueur de son front, Gen., iii, 19, c’est-à-dire

à ne tirer sa nourriture de la terre qu’au prix d’un travail pénible. Néanmoins le pain est assuré à celui qui cultive la terre, Prov., xii, 11 ; xxviii, 19, et travaille diligemment, Prov., xx, 13 ; xxxi, 14, 27. Le Seigneur promit même à son peuple fidèle de bénir son pain pour qu’il en eût à satiété, Exod., xxiii, 25 ; Lev., xxvi, 5 ; Deut., viii, 9, d’envoyer ses ondées sur le grain pour qu’il fournît un pain délicieux et abondant, Is., xxx, 23, et que la terre de Palestine fût un pays de pain et de vignes. Is., xxxvi, 17. Par contre, le pain devait manquer à l’Israélite infidèle. Lev., xxvi, 26. Le territoire d’Aser était, en Palestine, celui qui fournissait le meilleur pain. Gen., xlix, 20. Voir Aser, 1. 1, col. 1088. L’Egypte produisait le pain abondamment. Exod., XVI, 3. 2° Sa fabrication. — 1. En Egypte, le pain se fabriquait d’une manière assez sommaire et peu hygiénique. La femme commençait par broyer le grain. Voir Meule, et la figure 273, col. 1050. « La farine, ramenée à plusieurs reprises sur le mortier rustique, est lourde, inégale, mélangée de son et de grains entiers qui ont

511. — Égyptienne pétrissant du pain. Statuette en calcaire du musée du Caire.

échappé au pilon, souillée de poussière et d’éclats de pierre. Elle la pétrit avec un peu d’eau (fig. 511), y incorpore en guise de levain un morceau de pâte rassise de la veille, et en façonne des galettes rondes, épaisses comme le pouce, larges d’environ dix centimètres, qu’elle étale sur un caillou plat et qu’elle recouvre de cendre chaude. Le pain, mal levé, souvent mal cuit, ’emprunte au combustible animal, sous lequel il est resté enterré, un fumet particulier et un goût sûr auquel les étrangers ne s’accoutument pas sans peine. Les impuretés qu’il contient triomphent à la longue de la denture la plus solide : on le broie plus qu’on ne le mâche, et il n’est pas rare de rencontrer des vieillards dont les dents se sont usées graduellement jusqu’au ras des gencives… L’effet a été observé directement sur les momies des plus hauts personnages. » Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, t. i, p. 320. Parfois les hommes préparaient la pâte. Les peintures les montrent pétrissant la pâte deux à deux tantôt avec leurs mains et tantôt avec leurs pieds. Cf. Hérodote, ii, 36 (fig. 512). Voir aussi t. i, fig. 590, col. 1891. Pour le service du pharaon, on fabriquait un pain particulièrement blanc, appelé horl, terme probablement égyptien qui ne se lit que Gen., XL, 16, et que les versions tra-