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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/133

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LICORNE — LIEN


iîochs, t. j, col. 1260. Le licorne n’est donc ni l’antilope oryx, voir Oryx, ni un animal à part, caractérisé par une seule corne. Les anciens auteurs qui mentionnent la licorne ne font que rapporter ce qu’ils ont entendu dire et, en réalité, personne n’a jamais vu ni licorne, ni antilope à une corne. Cf. Frz. Delitzsch, Die Psalinen, Leipzig, 1873, t. i, p. 259. Ce qui paraît beaucoup plus probable, c’est que les traducteurs grecs de la Bible ne connaissaient le re’êm que par les représentations qui existaient dans les monuments de Persépolis et de Babylone. Or, dans tous les monuments assyriens et chaldéens, le procédé de perspective adopté par les artistes fait que, quand deux objets symétriques sont placés l’un derrière l’autre, celui qui est au second plan disparaît, complètement caché par celui qui est au premier plan. Si un animal est représenté de profil, on ne lui voit qu’une corne, quelquefois une seule oreille, etc. Cf. t. i, fig. 235, col. 908 ; fig. 320, col. 1160 ; fig. 367, 368, col. 1264 ; fig. 563, 564, col. 1837 ; t. ii, fig. 213, col. 602. Le même procédé était familier aux Perses (fig. 70). Cf. Flandin et Coste, Voyage en Perse, Atlas, 18431854, pi. cxxxvi ; Dieulafoy, L’art antique de la Perse, Paris, 1884-1889, t. iii, pi. xviii ; Perrot et Chipiez, Histoire de l’art dans l’antiquité, t. v, 1890, p. 835, 841, 842, etc. On le retrouve quelquefois dans les représentations égyptiennes. Cf. t. ii, fig. 148, col. 446, Il y a donc tout lieu de croire que les anciens traducteurs de la Bible n’ont pas connu d’autres animaux à une corne que ceux qui étaient ainsi figurés sur les monuments. — Voir Quatremère, dans le Journal des Savants, mai 1845, p. 273-280 ; W. Haughton, On the Unicom of the Ancients, dans Annals and Magazine of natural Ilislory, t. x, 1862, .p. 363-370, 416-417 (avec une bibliographie, p. 363-364) ; Schrader, Silzungsber. der kônigl. Preuss. Akadem. der Whsenschaft, 1892,

p. 573.

H. Lesêtre.
    1. LICTEUR##

LICTEUR (grec : p « 6601-/oç ; Vulgate -.lictor). — 1° Dans l’Ancien Testament.

— La Vulgate emploie une

fois le mot lictor pour tra duire le mot hébreu malé’âk

que les Septante traduisent

par aiftloi. I Reg. (Sam.),

xix, 20. Il s’agit des satellites ou envoyés du roi. Ailleurs

elle traduit le même mot par

nuntius, I Reg. (Sam.), xvi,

19 ; satelles, xix, 11 ; apparitor, xix, 14.

2° Dans le Nouveau Testa ment. — Le mot lictor, paë 80û)( î> est employé dans son

sens technique, c’est-à-dire

pour désigner les appariteurs

des magistrats romains. Les

préteurs ou duumvirs de la

colonie romaine de Philippes

en Macédoine envoient leurs

licteurs pour dire au geôlier

de faire sortir de prison Paul

et Silas. Saint Paul répondit

aux licteurs que cela ne suffi sait pas, qu’ils avaient affaire à des citoyens romains et que

les magistrats devaient venir

eux-mêmes pour les mettre

en liberté. Act., xvi, 35-38.

Nous savons en effet que les

magistrats des colonies ro maines avaient à leur service des licteurs, comme ceux de la capitale. Lex eoloniss Juliw Genetivai, c. lxii. Corpus inscriptionum latinarum, t. ii, suppl., n. 5439 ;

71. — Licteur romain.

D’après ViscoDtï, Musée

Pio-Clêmentino, t. v, pi. 32.

t. xii, n. 4428. C’étaient par eux que ces magistrats faisaient exécuter leurs ordres. Ils marchaient devant eux un à un dans les cérémonies publiques. Leur présence était le symbole du droit de commandement et de justice. Les licteurs étaient revêtus de la toge et portaient, comme emblèmes de leurs fonctions, des faisceaux. Les faisceaux des licteurs accompagnant les magistrats romains à l’armée se composaient d’une hache mise à l’extérieur et de plusieurs verges ou bâtons réunis par une courroie rouge. Les verges étaient de bouleau ou d’orme. Le licteur portait le faisceau de la main gauche sur l’épaule gauche par le manche (fig. 71). Dans les funérailles ils portaient le faisceau renversé. Les licteurs des magistrats municipaux étaient au nombre de deux et ne portaient pas de hache, pour marquer que les magistrats n’avaient pas le pouvoir de vie et de mort sur les citoyens. Il en était du reste de même pour les, licteurs des magistrats romains à Rome. E. Beurlier.

LIE (hébreu : sémér ; Septante : M ; , rpuyiaç, « vin ayant un dépôt de lie ; » Vulgate : fœar), dépôt qui se forme dans le vin reposé et qui se compose de particules solides renfermant des ferments de viii, des débris de raisin, des sels, de la crème de tartre, etc. Ces différentes substances tombent d’elles-mêmes, après la fermentation, au fond du récipient qui contient le vin. Les anciens laissaient volontiers le vin reposer sur sa lie, afin de lui conserver son goût et sa force. Jérémie, xlviii, 11, mentionne cet usage quand il dit de Moab : « Il reposait sur sa lie, sans avoir été transvasé d’un récipient dans un autre, sans être allé en captivité. Ainsi son goût fui est resté et son bouquet ne s’est pas modifié. » Moab’s’était maintenu fort et tranquille en restant toujours sur son même territoire. Sophonie, l, 12, parle des hommes de Juda « qui reposent sur leurs lies », c’est-à-dire qui vivent dans l’insouciance et ne s’inquiètent nullement de l’intervention de la Providence. Pour les châtier, Dieu va fouiller Jérusalem avec des lampes, comme quand on veut examiner un cellier pour voir en quel état se trouve le vin. Pour obtenir du vin clarifié, Is., xxv, 6, et complètement débarrassé de sa lie, on le transvasait, comme le suppose Jérémie, xlviii, 11, de manière que la lie restât au fond du premier récipient, ou bien on le filtrait au moyen d’un sac de linge à tissu serré que la Mischna appelle meSammëréf. Cf. Schàbbath, xx, 1 ; Pirke Aboth, 5. La lie qui reste au fond du récipient ou qui se dépose au fond de la coupe, quand le vin est trouble, a un goût amer et désagréable. Il est dit des méchants qu’ils boiront jusqu’à la lie la coupe de la colère de Dieu, Ps. lxxv (lxxiv), 9, c’est-à-dire qu’ils subiront les effets de cette colère dans leur plénitude et leur amertume. Jérusalem boira aussi jusqu’à la lie la coupe de l’étourdissement, Is., ii, 17, elle la sucera, de manière à n’en rien perdre ; coupable envers le Seigneur, elle sera l’objet de sa colère, et cette colère produira en elle un étourdissement pareil à celui de l’ivresse et qui l’empêchera de marcher. — Au Psaume xxxix, 3, la Vulgate parle de « lie » quand il est questioi de « boue s dans le texte hébreu. Dans Isaïe, xlix, 6, elle appelle « lies d’Israël », ce qui reste du peuple d’Israël, ceux que l’hébreu nomme tiesûrê Ièrd’êl, « les préservés d’Israël, » ceux qui ont été délivrés de l’exil. Enfin, là où Ézéchiel, xxiii, 34, parlant de la coupe de désolation qu’a vidée Samarie, dit à Jérusalem : « Tu la boiras, tu la suceras, » la Vulgate rend ce second verbe par : « Tu la boiras jusqu’aux lies. » Voir Vin.

H. Lesêtre.

LIEN, corde, courroie ou autre objet souple et solide dont on se sert pour attacher. En hébreu, le lien a différents noms : — 1°’âgudddh, qui désigne les liens du joug, oipa-ff » ’-' », fasciculus, Is., lviii, 6, etunlien, c’est-à-dire un bouquet d’hysope, Exod., xii, 22 ; — 2° ’êsùr, xaXwSiov, vinculum, les cordes qui lient Samson,