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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/320

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MALACHIE (LE LIVRE DE) — MALADE


alliance, ꝟ. 8-9. — 2° Seconde section, II, 10-16. Cette section représente Dieu comme le Dieu suprême et unique et comme le Père d’Israël : il blâme le peuple à cause de sa facilité à contracter des alliances avec des femmes étrangères, J. 10-12, et à recourir au divorce, ꝟ. 13-16. — 3° Troisième section, ii, 17-iv. Cette section représente Dieu comme le juge équitable et définitif de tous les hommes : les Juifs accusent Dieu d’injustice, H, 17 ; le prophète prédit l’avènement du Messie, iii, 1-4 ; il punira les Juifs et principalement les Lévites, t. 5-6 ; le prophète blâme ceux qui fraudent les dîmes et les offrandes sacrées, jr. 7-12 ; il reprend les Juifs qui se plaignent que Dieu ne punisse pas les méchants, t. 13-15, et annonce que la justice divine séparera les bons des méchants, iii, 16-iv, 3 ; il les exhorte à observer la loi de Moïse, ꝟ. 4, et annonce la venue d’Élie et le jour terrible du Seigneur, ꝟ. 5-6.

II. Authenticité et canonicité. — 1° Il n’y a aucune raison de refuser à Malachie la composition de la prophétie qui porte son nom ; et l’authenticité n’en a jamais été sérieusement contestée. — 2° La canonicité en est prouvée : 1. Par la tradition juive : a) le livre de Malachie a été traduit par les Septante ; b) l’Apocryphe IV Esd., I, 40, range Malachie au nombre des prophètes ; c) ce livre a toujours fait partie du canon juif. — 2. Par les citations du Nouveau Testament ; Matth., xi, 10 ; xvii ; 10-11 ; Marc, i, 2 ; rx, 10 ; Luc, i, 17 ; vii, 27 ; Rom., ix, 13. — 3. Par la tradition chrétienne. Voir Canon, t. ii, col. 144-168.

III. Style et langue. — Le style de Malachie est clair, simple et concis, quoiqu’il n’ait point l’élévation et l’enthousiasme des grands prophètes, d’un Isaïe ou d’un Jérémie, La langue est aussi assez pure et soignée, vu l’époque où écrit le prophète ; on trouve cependant dans ce livre un certain nombre de mots et de formes particulières ; en voici la liste : i, 1, fanât, pour fanîm, « dragons ; » i, 4, rusas, « appauvris ; » i, 5, la combinaison mê’al le, « de dessus le ; » i, 10, 11, 13 ; ii, 13 ; m, 4, minhâh, signification toute spéciale ; i, 12 ; gâ’al dans le sens de « souiller » ; ibid., nib, « fruit, » « revenu ; » i, 14, moshat, « corrompu ; » H, 9, kefî’âSér, « comme qui ; » ii, 11, bat’êl nêkdr, « fille d’un dieu étranger ; » ii, 12, ’êrve-onéh, <i vigilant et répondant ; » n, 14, ’êsét berif, « femme de l’alliance ; » ir, 16, le participe irrégulier, sânê’, « haïssant ; » iii, 1, male’ak berît, « messager de l’alliance » ; iii, 2, bârît, « potasse ; » iii, 5, ’ôsqê iekar, « oppressions du salaire ; » m, 8, qâba’, « ravir ; » nr, 10, l’expression’ad-beli-dây, « jusqu’à l’abondance ; » iii, 14, qedôrannîl, « obscurément ; » iii, 19, sorés ve-ândf, « racine et branche ; » m, 21, ’dsas, « piétiner. » Cf. Packard, The book of Malachi expounded, in-8°, Edimbourg (sans date), p. 4 ; Driver, Introduction, 6e édit., p. 358.

IV. Forme littéraire. — La prophétie de Malachie a une forme littéraire tout à fait particulière et nouvelle ; c’est une espèce de dialogue entre Dieu et les prêtres ou le peuple. Ce dialogue se déroule d’une manière uniforme ; on dirait la méthode scolastique : en premier lieu le prophète établit sommairement, sous forme de sentence, la vérité qu’il désire inculquer ; en second lieu il se pose des objections ; enfin il énonce de nouveau et démontre la proposition originale ; voici quelques exemples de ce procédé : i, 2-3, 6-14 ; ii, 13-14, 17 ; m, 7, 8, 13-18. A. Kôhler, Die nachexilischen Propheten, iv, Maleachi, Leipzig, 1865, a bien caractérisé cette méthode : « Au lieu d’un développement littéraire du sujet, usuel aux plus anciens prophètes, Malachie emploie une exposition dialectique, par demandes et réponses. Nous avous ici les premières traces de cette méthode d’exposition, qui finit par prévaloir dans les écojes qui surgirent à cette époque. »

V. Le texte. — Le texte original est l’hébreu, un hébreu assez pur, comme nous l’avons déjà vu. C’est

DIGT. DE LA BIBLE.

un des mieux conservés de l’Ancien Testament. Le peu de variantes qu’on rencontre dans les divers manuscrits est sans importance. Les différences qu’on remarque dans les anciennes versions proviennent de la variété de ponctuation des mêmes.mots hébreux. Le texte hébreu n’a que trois chapitres ; les Septante, la Peschito et la Vulgate en ont quatre ; ces versions commencent un nouveau chapitre avec iii, 19, de l’hébreu. Le livre de Malachie se trouve dans toutes les versions importantes.

VI. Prophéties messianiques. — Le livre de Malachie contient deux prophéties messianiques : — 1° Prophétie eucharistique, i, 10-11 : Voici la traduction de ce passage :

Je ne prends en vous aucune complaisance,

Dit le Seigneur des armées ;

Je ne recevrai point d’oblatioûs de votre main,

Mais du Levant jusqu’au Couchant

Mon nom est grand parmi les Gentils ;

En tout lieu on me fait des sacrifices,

Et l’on offre à mon nom une oblation pure,

Parce que mon nom est grand parmi les Gentils,

Dit le Seigneur Dieu des armées.

Cette prophétie annonce deux choses : 1. l’abolition des sacrifices de la loi ancienne ; 2. l’institution d’un sacrifice nouveau. Ce sacrifice nouveau ne peut être que l’Eucharistie : a) Le mot minhah, « oblation, » qui désigne dans l’ancienne loi les offrandes de grains, de farine, de pain et de viii, est le plus propre à designer le pain et le vin eucharistiques. — b) Cette oblation est pure ; or dans l’Eucharistie la victime est Notre-Seigneur Jésus-Christ qui est la sainteté même. — c) Cette oblation sera universelle : le sacrifice eucharistique est offert partout où existe l’Église ; il est donc catholique comme l’Église elle-même. — 2° Prophétie de la venue du Messie, iii, 1-4 ; iv, 1-5. — Ces deux passages visent le même événement ; ils annoncent la venue du Messie et de son précurseur, Jean-Baptiste.

VII. Bibliographie. — Outre les ouvrages cités, cf. S. Éphrem, Opéra, t. v, p. 312 ; S. Cyrille d’Alexandrie, In Malach., t. lxxii, col. 276-364 ; Théodoret de Cyr, In Malach., t. lxxxi, col. 1986-1988 ; sur la prophétie de Malachie en particulier, S. Augustin, De civ. Dei, xviii, xxxvt, 3, t. xli, col. 594 ; S. Jean Damascène, De Fide orthod., iv, 13, t. xciv, col. 1149-1152 ; Reinlse, Commentar, in-8°, Giessen, 1856 ; * T. T. Perowne, dans la Cambridge Bible for schools, 1890.

V. Ermoni.

MALADE(hëbreu : davvây ; Septante et Nouveau Testament : o^woroç, âffOsvTJç, à<r8evûv ; Vulgate : mger, segrotus, infirmus), celui qui est atteint de maladie. — La Sainte Ecriture fait mention spéciale des malades suivants : Jacob, malade de vieillesse, Gen., xlix, 1 ; un jeune Égyptien, malade de faim, I Reg., xxx, 13 ; Amnon, malade seulement par simulation, II Reg., xin, 6 ; Abia, le jeune fils de Jéroboam, dont le prophète Ahias perdit la mort, III Reg., xiv, 1, 12 ; Asa, roi d’Israël, atteint de podagre, II Par., xvi, 12 ; le fils de la veuve de Sarepta, atteint de langueur et d’anémie,

III Reg., xvii, 17 ; Joram, Toi de Juda, atteint d’une horrible, dysenterie dont il meurt, II Par., xxi, 19 ; Ochôzias, roi d’Israël, malade à la suite d’une chute,

IV fteg., i, 2 ; Naaman, atteint de la lèpre, dont ensuite hérite Giézi, IV Reg., v, 1, 27 ; Bénadad, roi de Syrie, dont Elisée annonce la guérison, IV Reg., viii, 7 ; Joram, roi d’Israël, malade à Jezraël, IV Reg., viii, 29 ; ix, 16 ; Elisée, atteint de la maladie dont il doit mourir, IV Reg., xiii, 14 ; Ézéchias, roi de Juda, dont Isaïe prédit la gué-rison, IV Reg., xx, 1 ; II Par., xxxii, 24 ; Is., xxxviii, 1 ; Daniel, malade durant plusieurs jours, Dan., viii, 27 ; Antiochus, terriblement malade de l’helminthiase’à laquelle il succombe, II Mach., ix, 7-21 ; dans le Nouveau Testament, le fila de l’officier de Capharnaûm,

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