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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/418

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    1. MARIE##

MARIE, MÈRE DE DIEU

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enlever du bréviaire les leçons qui mentionnent la mort de la Sainte Vierge à Jérusalem. Le temps lui manqua pour faire exécuter sa décision. Cf. Arnaldi, Super transitu B, M. V., Gênes, 1879, t. i, c. I. En somme, le séjour de la Sainte Vierge à Éphèse est possible. Mais les documents authentiques qui l’attesteraient font défaut jusqu’à ce jour, et les probabilités sont presque toutes contraires à cette hypothèse. Cf. Le Camus, Les sept Églises, p. 133-136 ; Jos. Nirschl, Das Grab der heiligen Jungfrau Maria, Mayence, 1896 ; Id., Das H ans und Grab der heïligen Jungfrau, Mayence, 1900 ; Barnabe d’Alsace, Le tombeau de la Sainte Vierge à Jérusalem, in-8°, Jérusalem, 1903 ; Gabriélovich, Le tombeau de la Sainte Vierge à Éphèse, réponse au P. Barnabe, in-8°, Paris, 1905.

3° Le séjour continu de la Sainte Vierge à Jérusalem jusqu’à sa mort ne laisse pas non plus de présenter certaines difficultés. Saint Jean ne demeura pas lui-même dans cette ville d’une manière constante. D’autre part, la persécution y sévit plusieurs fois et dispersa les chrétiens. Act., viii, 1 ; xii, 1. Que devint pendant ce temps la Très Sainte Vierge ? Après tout, il n’était pas nécessaire que, pour réaliser le vœu du Sauveur, saint Jean fût sans cesse auprès de Marie. Il ne manquait pas de disciples pour le suppléer momentanément, et quand les temps devenaient difficiles, il ne devait pas être malaisé de ménager un refuge à la Sainte Vierge à distance de la ville. L’antiquité n’a laissé aucun renseignement à ce sujet.

IV. LA MORT, LA RÉSURRECTION ET il’ASSOMPTION DE

marie. — 1° L’histoire ne dit rien au sujet de ces événements. Les apocryphes ont cherché à suppléer à son silence. Il existe un écrit grec connu sous le nom A’Historia dormitionis et assumptionis B. M. V., mis sous le nom de saint Jean lui-même. Cf. Assemani, Bibl. orient., t. iii, p. 287. C. Tischendorf, Apocal. apocriph., Mariai dormitio, Leipzig, 1856, p. xxxiv, estime que les parties essentielles du texte pourraient remonter au ive, peut-être même au IIe siècle. De ce premier texte paraissent dériver d’autres récits ou des versions arabes, syriaques et autres, et spécialement le De transitu V. M., mis sous le nom de saint Méliton de Sardes, t v, col. 1231-1240. Cf. Le Hir, Études bibliques, Paris, 1869, t. ii, p. 131-185. Le pape Gélase, t. Lix, col. 152, rangea cet écrit parmi les livres qu’il condamnait. On trouve aussi dans le pseudo-Aréopagite, Div. nom., iii, 2, t. iii, col. 681, une allusion à la mort de la Sainte Vierge. Cf. P. Halloix, VU. Dionys. Areop., 6, t. iv, col. 747-750 ; J. de Voragine, La légende dorée, trad. Roze, Paris, 1902, t. ii, p. 415-459. Ces récits, diversement remaniés, n’ont probablement atteint leur forme définitive qu’au v « siècle. On y voit intervenir, autour de la Sainte Vierge mourante, les anges Gabriel et Michel, Notre-Seigneur lui-même, les Apôtres rassemblés miraculeusement de diverses régions, des disciples marquants, et enfin, par une réplique servile des récits évangéliques, Joa., xx, 24-29, saint Thomas arrivé après tous les autres, provoquant la réouverture du tombeau et la constatation de la disparition du corps. Cet épisode de saint Thomas ne se lit pas dans le De transitu V. M. Il est rejeté, avec plusieurs autres détails, par la fausse lettre de saint Jérôme à Paula et à Eustochium, t. xxx, col. 122-145, qui ne date d’ailleurs que du ix « siècle. Voir t. i, col. 1134. 2° Modeste, évêque de Jérusalem dans le premier tiers du vn « siècle, Serm. in Assumpt., t. lxxxvi, col. 32883300, est le témoin le plus ancien qui place au mont Sion le lieu de la dormition de la Sainte Vierge. Il y avait à cet endroit une église célèbre, qui renfermait, assurait-on, le cénacle de l’Eucharistie et la chambre haute de la Pentecôte. À dater du vn « siècle, on localisa dans cette église l’emplacement précis qui aurait été illustré par la mort de Marie. On peut s’étonner que cette tradition, si elle est exacte, n’apparaisse que si tardivement, alors que celle qui concerne le cénacle peut remonter

DICT. DE LA. BIBLE.

jusqu’aux temps apostoliques. D’autres traditions placent le lieu de la dormition au mont des Oliviers, où le Commemoratorium de Casis Dei adressé à Charlemagne signale une église dédiée à sainte Marie. Cf. Tobler, Itiner. Terr. sanct., t. i, p. 302. Peut-être cette seconde tradition n’était-elle qu’une tentative pour rattacher le souvenir de la Sainte Vierge à l’Éléona, comme la première la rattachait au cénacle. Ces localisations avaient pour but de fixer près des lieux de réunion des fidèles de Jérusalem le souvenir de la mort de Marie ; elles sont relativement trop récentes pour fournir des données certaines sur le lieu même de la dormition. Cf. Zahn, Die Dormitio Sanctse Virginis und das Haus des Johannes Marcus, dans la Neue Kirchl. Zeitschrift, Leipzig, t. x, 1898, p. 5 ; Séjourné, Le lieu de la dormition de la T. S. Vierge, et Lagrange, La dormition de la Sainte Vierge et la maison de Jean Marc, dans la Revue biblique, 1899, p. 141-144, 589-600 ; Mommert, Die Dormitio, Leipzig, 1899. En somme, on ne peut rien dire de précis ni sur le lieu où Marie passa ses dernières années, ni sur l’âge qu’elle atteignit, ni sur les circonstances particulières de sa morl, ni sur l’endroit où arriva cet événement.

3° Saint Épiphane, Dser., lxxviii, 11, t. XL, col. 716, a cru devoir douter de la réalité de cette mort. Il n’a pas été suivi. On a compris que la mère n’avait pas à être exemptée d’une loi que son divin Fils avait voulu subir. L’enseignement commun, à partir d’Albert le Grand, Super missus, q. cxxxii, Oper., t. xx, p. 89, est que la Vierge Marie mourut sans douleur et par l’effet de son amour. Cf. Terrien, La mère de Dieu et la mère des hommes, t. ii, p. 326-339.

4° C’est l’évêque de Jérusalem, Juvénal, qui le premier, en 451, signala la présence du tombeau de la Sainte Vierge à Jérusalem. Il est à noter que saint Jérôme, le pèlerin de Bordeaux et sainte Sylvie n’en font aucune mention. L’empereur Marcien et l’impératrice Pulchérie, désirant consacrer à la Vierge Marie une église aux Blaquernes, à Constantinople, auraient demandé à l’évêque de Jérusalem de prendre dans le tombeau de Gethsémani les précieux restes de la mère de Dieu, et de les leur envoyer. Juvénal, invoquant une ancienne tradition, répondit que le corps sacré avait été emporté au ciel. Il se contenta d’envoyer à Constantinople le cercueil et les linges du tombeau sacré. Toute cette histoire est racontée par un certain Euthymius, dont le récit est inséré dans une homélie de saint Jean Damascène, Hom. H in dormit. B. V. M., 18, t. xcvi, col. 748, qu’on lit encore au Bréviaire, Lect. iv infr. oct. Assumpt, , il noct. Scheeben, Bandbuch der katholischen Dogmalik, Fribourg, 1875, t. iii, p. 572, ’pense que [le passage d’Euthymius a été ajouté après coup dans l’homélie. On se demande aussi quel est cet Euthymius qui cite, à pareille date, le pseudo-Denys l’Aréopagite, De div. nomin., m, 2, t. iii, col. 690. Enfin, l’évêque Juvénal n’est pas digne d’une confiance absolue. On connaît ses intrigues pour se faire attribuer une juridiction patriarcale par les conciles d’Éphèse et de Chalcédoine. Saint Léon, Epist., cxix, 4, t. Liv, col. 1044, l’accuse d’avoir fabriqué de fausses pièces pour arriver à ses fins. Il lui écrit à lui-même pour déplorer une conduite par laquelle il s’est mis hors d’état de résister aux hérétiques ; il lui rappelle les lieux saints qu’il a sous les yeux, même le mont des Oliviers, mais sans aucune allusion au tombeau de la Sainte Vierge. Epist. cxxxix, 1, 2, t. liv, col. 1103, 1105. Ce silence ne doit pas étonner, le saint pape entrant trop peu dans le détail pour être amené à parler du tombeau de Gethsémani. Toujours est-il qu’on doit se demander jusqu’à quel point il faut s’en rapporter à ce que dit Juvénal, ou à ce que lui fait dire Euthymius. Il ne suit pas de là cependant que le fond de la tradition sur l’existence du tombeau de Marie à Gethsémani soit à rejeter. Tout ce que contiennent les deux apocryphes

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