perte : vous connaissez leur dessein. Comment pourrons-nous nous maintenir devant eux, si vous ne nous assistez, ô notre Dieu ? » Les trompettes retentirent alors avec éclat. Juda organisa sa petite armée, distribua les grades et les offices, remplit encore le précepte de la loi ordonnant d’inviter à se retirer ceux qui venaient de bâtir une maison neuve, de prendre une épouse, de planter des vignes, ou qui étaient trop peureux, et il leva le camp, pour se transporter avec ses hommes de Maspha au sud d’Emmaûs où il dressa son camp, attendant l’heure du combat (vers 168 av. J.-C). I Mach., iii, 46-57. Il n’est plus fait mention dès lors de Maspha ni dans la Bible, ni dans l’histoire. L. Heidet.
5. MASPHA, ville appelée « Maspha de Galaad », à cause de sa situation dans cette région. Son nom est transcrit Mao-uriipâ par les Septante. Jud., XI, Il et 34, et traduit ailleurs par le nom commun <rxomô. La Vulgate garde partout le nom propre de Maspha. Plusieurs fois le nom de Maspha semble plutôt désigner une contrée qu’une ville. Ainsi, Jud., xi, 29, Maspha de Galaad paraît assimilé au pays de Galaad et au territoire de Manassé que parcourut Jephté pour y lever des hommes afin de marcher contre les Ammonites ; c’est du pays aussi que la ville de Ramoth semble être appelée Ramoth de Maspha (Rdmaf hamMispéh). Jos., xiii, 26. Il est difficile de dire si le territoire a été ainsi appelé directement à cause du monument élevé par Jacob et avant l’établissement de la ville ou seulement après et à cause de celle-ci ; l’existence n’en est pas moins certaine et parait attestée, Jud., xi, 34, quand il est dit que Jephté retourna à Maspha, dans sa maison. Dans la Vulgate Maspha, écrit Masphé, est séparé de Ramoth et ainsi présenté comme une ville distincte ; c’est une erreur.
1° Situation et identification. — La position de Maspha est indiquée seulement d’une manière générale en Galaad, mais son nom dit assez qu’elle 1& doit à la proximité du monument dressé par Jacob. Il résulte de là qu’elle ne dut commencer à se former qu’après le passage de Jacob, et ses premiers habitants durent être attirés par la présence du sanctuaire. Cependant, d’après certains critiques, Maspha fut appelée ainsi à cause de sa situation. Des exégètes regardent comme identiques Maspha de Galaad et Ramoth-Maspha ou Ramath de Galaad et identifient Ramoth avec le Sait actuel, ils attribuent par conséquent le même site à Maspha, qu’ils placent ainsi au sud du Nahar-Zerqâ. l’ancien Jaboc. Cf. Jos. Schwarz, Tebuoth lia-Arez, nouvelle édit., Jérusalem, 1900, p. 269-270 ; Rich. von Riess, Biblische Géographie, Fribourg-en-Brisgau, 1872, p. 64, 79, et Bibel-Allas, ibid, , 1882, p. 20.
La Bible indiquant le monument dé Jacob au nord du fleuve Jaboc et avant Mahanaïm empêche d’attribuer une autre situation à Maspha. S’il fallait localiser Ramoth au sud’du Zergâ, il faudrait conclure que Maspha et Ramath sont deux villes distinctes. La plupart des exégètes soutiennent d’ailleurs avec raison cette distinction. Voir Ramoth-Maspha et Ramoth en Galaad. — Soûf est la localité qui depuis longtemps a le plus souvent été proposée pour être identifiée avec Maspha. C’est un grand village bâti sur une colline rocheuse s’avançant en promontoire des hautes njDn> tagnes du’Adjloûn, au-dessus de la vallée de Djéras". Il est à cinq kilomètres au nord-est de la ville de ce nom, à six kilomètres vers l’est de’Adjloûn et à vingt-cinq kilomètres au sud à’eUlJioson. La population du village est d’environ huit cents habitants dont un tiers sont chrétiens, parmi lesquels quelques-uns catholiques. Une fontaine abondante jaillit sous le village, à l’est, pour former le cours du Nahar-Djéras. Les collines des alentours étaient naguère ombragées par des bois de grands chênes et d’autres essences ; depuis quelques années des plantations de vigne et de figuiers prennent
leur place. Soûf ou Sûf peut paraître un nom dérivé de Maspha, par l’élimination du préfixe M et de la voyelle finale ; il semble procéder, du reste, de la même racine et peut avoir une signification analogue. Le nom de Se6eî|C ou Sévée, donné par Josèphe, Ant. jud., V, vii, 12, au lieu de Maspha à la patrie de Jephté, n’est pas de nature à infirmer cette identification. La situation du village au nord du Zergâ l’ancien Jaboc, presque au commencement, du côté de l’est, des montagnes de Galaad, au sud-est de Mahnéh identifiée avec Mahanaïm, n’est pas en dehors des données de la Bible.
Longtemps les palestinologues ont admis cette indentification comme probable, surtout à défaut d’une autre plus certaine. Cf. Armstrong, Conder et Wilson, Names and Places in the Old Testament, Londres, 1887, ’p. 127 ; Conder, Heth and Moab, Londres, 1889, p. 181 ; Oliphant, Land of Galaad, in-8°, Edimbourg et Londres, 1880, p. 209-218 ; Buhl, Géographie des Allen Palâstina, Fribourg et Leipzig, 1896, p. 261-262. — Cependant Selah Merill, laissant Soûf, a placé Maspha au Qala’t er-Babad, immense château, en grande partie conservé, à deux kilomètres à l’ouest du village de’Adjloûn et à cinq vers le sud-est de Mahnéh. Dressé au sommet d’une colline de mille mètres d’altitude au-dessus de la mer Méditerranée, dominant la large et profonde vallée de’Adjloûn et d’où le regard embrasse non seulement l’ancien pays de Galaad dans presque toute son étendue, mais se porte encore au delà de la vallée du Jourdan sur la Judée, la Samarie et la Galilée, nulle forteresse, nul endroit ne justifierait mieux le nom de Maspha. Seulement le Rabad est un édifice tout entier de la fin du xiie siècle, où l’on ne retrouve aucune trace d’antiquité, trop au cœur des montagnes de Galaad pour répondre au récit de la Bible. Aussi cette opinion a-t-elle recueilli peu d’adhérents. S. Merrill, East of Jordan, p. 365-374 ; cf. Buhl, Géographie, loc. cit., p. 262 ; — Le D r Gotl. Schumacher travaillant, en 1896, au levé de la carte du sud de’Adjloûn, a cru reconnaître le nom de Maspha dans celui de Misîbta qui lui était désigné par le mudîr de "Adjloûn comme celui d’une ruine antique et considérable se trouvant entre Soûf et Djéras. Mittheilungenund Nachrichten des deutschen Palàtina Vereins, 1899, p. 1-2. Wellhausen y vit le nom de massêbah, mais non celui de Maspha ibid. p. 41. L’année suivante, le D r Schumacher abandonnait la première identification, parce que le lieu lui paraissait trop en contre-bas pour avoir pu mériter le nom de Mispéh ; il lui préférait le Djebel Menârah ou « le mont Minaret », situé directement au sud de Djéras, non loin de Misibfad dont le nom est l’analogue de Mispéh. De son sommet, élevé de plus de mille mètres au-dessus de la mer Méditerranée, le regard embrasse un panorama beaucoup plus étendu que du haut du Qal’at er-Kabad. À l’ouest et au nord-ouest s’aperçoivent les hauteurs de Djebel Nablûs et des monts de Safed ; à l’est au delà des collines les hauts plateaux du Haurân et du Jfamâd, les pointes coniques du Djebel ed-Druz, et au sud l’œil peut suivre le cours sinueux de la Zerqâ tout entière et au delà contemple toute la partie septentrionale des monts de la Belqâ. Ibid., p. 66. En poursuivant ses travaux pour l’achèvement de la carte du sud de’Adjloûn, M. Schumacher a rencontré au nord-est de Djéras, dans une région encore en partie boisée, un Tell-Masfah qui domine toutes les hauteurs des alentours. On y voit des dolmens et plusieurs autels antiques taillés dans le rocher. Les habitants du pays considèrent le tell comme un ma’bed, « sanctuaire » ou « lieu de culte ». Des Bédouins m’ont indiqué l’endroit à quatre ou cinq heures au sud d’el-Hoson du’Adjloûn, mais je n’ai pu le visiter. Le nom de Masfah, absolument identique au nom de la célèbre localité biblique, dans la région même où nous amène le récit sacré, ne permet pas de douter qu’il ne se soit maintenu à la même place dès les temps les plus reculés.