craie, en langue arâméenne et en caractères nabuthéens, est datée de la 46° année du roi nabuthéen (t. i, col. 943), nommé par saint Paul, II Cor., xi, 32, Arétas (IV) Philodème, c’est-à-dire de l’an 37 de l’ère chrétienne. Recueillie en 1889, par le P. Zéphyrin Biever, missionnaire latin de la localité, elle est aujourd’hui au musée pontifical du Vatican. Cf. J. Lagrange, dans la Zeitschrift fur Assyriologie, 1890, p. 290 ; J. B. De Bossi, Inscrizione in scritturae Ungua nabatea trovata in Madaba, in-4°, Borne, 1893. Les ruines de l’époque gréco-romaine sontde beaucoup les plus nombreuses. Les unes sont païennes, la plupart chrétiennes. On a découvert jusqu’ici, tant dans l’intérieur de l’enceinte qu’en dehors, neuf ou dix églises bâties du iv= ou v 8 siècle au vu ». Elles étaient pavées de riches mosaïques, couvertes d’inscriptions grecques. L’œuvre la plus curieuse en ce genre est une carte géographique construite au Ve ou au vi c siècle, La carte formait la plus grande partie du pavement d’une église située au nord-est de la ville. Sa longueur, dans le sens de la largeur de l’église, du nord au sud, était de 15 mètres et sa largeur de 13 environ. Elle comprenait tout le territoire des douze tribus d’Israël, le pays de Moab, la basse Egypte et une partie, ce semble, de l’Idumée, de l’Ammonitide et de la Syrie. Toutes les principales localités bibliques y étaient inscrites et figurées dans les formes qu’elles devaient avoir au temps de la construction de la mosaïque. Jérusalem y était représentée avec ses principaux monuments. Les souvenirs évangéliques avaient été l’objet d’une attention spéciale. Découverte en décembre 1896 par le P. Cléophas Kœkilidos, bibliothécaire du couvent grec du Saint-Sépulcre de Jérusalem, la mosaïque venait malheureusement d’être gravement mutilée par les constructeurs de la nouvelle église qu’on élevait sur les ruines de l’ancienne. Il reste la tribu de Juda presque entière, une partie de la tribu de Benjamin et des tribus de Dan, Ephraim, Siméon, Ruben, des fragments insignifiants de Zabulon et de Nephthali, et d’autres plus considérables de Moab, de l’Egypte et du désert de l’égarement, le quart environ de la totalité de la carte. Elle était, ce semble, la représentation de la topographie sacrée telle qu’elle était connue alors et qu’Eusèbe de Césarée décrit dans son célèbre ouvrage, YOnomasticon, et dont il avait tracé lui-même un dessin, comme il le dit dans la préface. Cf. Cléophas M. Kœkilidos, ’0 h Ma8ï)Sâ Mocraïxbi ; xai Tziay paçtxôç Tiepî Eupi’aç IlnXoiiejTÎvnç xai AiyÛ7UTov XâpTrjç, in-8°, Jérusalem, 1897 ; J. Lagrange, La m osaïque géographique de Madaba, dans la Revue biblique, 1897, p. 165-184 et 450458 ; E. Stevenson, dans le Nuovo bollettino di archeologia cristiana, Rome, 1897, p. 45-102 ; Clermont-Ganneau, Archéologie orientale, Paris, t. ii, 1898, p. 165-175. IV. Histoire. — 1° Médaba était déjà une ville importante et célèbre, au moment de l’arrivée des Hébreux sur les confins de la terre de Chanaan, comme on le voit par le chant d’Hésébon dont nous avons parlé. Num., xxi, 30. Prise aux Moabites par les Amorrhéens leurs voisins, elle semble avoir été alors consumée par les flammes. C’est dans la plaine qui se développe au sud que s’avança le roi Séhon pour s’opposer à la marche de Moïse et de son peuple se dirigeant vers lâTérre Promise. La bataille se livra entre Médaba et Jassa, Jassa était située entre Médaba et Dibon. Voir Jassa, t. iii, col. 1138. Séhon fut battu et la plaine de Médaba avec la ville fut donnée en possession par Moïse lui-même à la tribu de Ruben. Num., xxi ; cf. Jos., xiii, 8-9, 15-18. — 2° L’armée des Syriens de Mésopotamie, de Maacha et de Soba, appelée par le roi des Ammonites Hanon, fils de Naas, pour le défendre contre David dont il redoutait la vengeance, à cause de l’injure faite à ses ambassadeurs, vint prendre position près de Médaba. EUe était forte, d’après I Par., xix, 7, de 32000 chars « le guerre. Les Ammonites s’étaient établis en ordre
de bataille près des portes de la ville. Joab, envoyé par David, se trouvait entre les deux armées. Il chargea son frère Abisaï de faire face aux Ammonites, tandis que lui attaquerait l’armée des alliés. Les Syriens défaits prirent la fuite. Les Ammonites s’enfermèrent alors dans la ville tandis que Joab rentra pour le moment à Jérusalem. 1 Par., xix, 1-15. Ni le texte hébreu ni la version ne. nomment la ville près de laquelle se rangèrentles Ammonites, mais des interprètes ont cru qu’il s’agit de Médaba. Cependant le récit n’indique pas que les Ammonites se soient éloignés de leur capitale. S’ils eussent été près des portes de Médaba, leur armée eût été unie à l’armée de leurs alliés, et Joab ne se fût point trouvé entre deux corps séparés ; Médaba n’était point non plus au pouvoir des Ammonites et ils ne pouvaient y rentrer. La ville où ils se réfugient est celle sans doute où Joab ne va pas tarder à venir les attaquer de nouveau, Rabbath-Ammon, leur capitale, I Par., xx, 1, aujourd’hui’Amman, située à 30 kilomètres au nord-est de Médaba. — 3° Médaba, après les règnes de David et de Salomon, passa de nouveau, semblé-t-il, sous la domination des Moabites. Le roi Mésa se vante’en effet de l’avoir reprise aux Israélites qui l’avaient occupée sous le règne d’Amri (930-918) : « Amri, dit-il dans l’inscription de sa stèle, lignes 7-8, avait pris la terre de Médaba, et Israël y avait habité pendant ses jours et ( ?) la moitié des jours de son fils [Achab], quarante ans… [et l’a reprise ( ?)]. » Cf. Vigouroux, LaJSi&(eet les découvertes modernes, 3e part., c. iv, 6e édit., Paris, 1898, p. 469. — 4° Réoccupée par les Israélites alliés de Josaphat, roi de Juda, et du roi d’Idumée, cf. IV Reg., m, 25, elle se trouvait de nouveau au pouvoir des Moabites, au temps d’Isaïe. Le prophète, en annonçant les malheurs qui vont fondre sur ce peuple, cite (xv, 2) Médaba parmi les villes dont la ruine va susciter les rugissements de Moab. — 5° Après la captivité deBabylone et au commencement de la lutte des Machabées, Médaba était occupée par les fils de Jambri. I Mach., ix, 36. Un certain nombre de manuscrits et Josèphe, Ant. jud., XIII, i, 4, ont « les fils d’Amarée », c’est-à-dire, selon l’explication de divers interprètes, des descendants des anciens Amorrhéens. Cf. Jambri, t. iii, col. 1115. Jonathan Machabée ayant envoyé son frère Jean demander aux Nabuthéens alors, amis des Juifs, de garder ses bagages (d’après le grec ; de leur prêter leur appareil militaire, d’après la Vulgate), pendant la guerre contre le général gréco-syrien Bacchide, les habitants de Médaba les surprirent dans le voisinage de leur ville, s’emparèrent du butin et mirent à mort Jean et ses compagnons. Voir Jean 2, t. iii, col. 1153 ; Jonathas 3, t. iii, col. 1620. Pour venger leur frère, Jonathan et Simon ayant appris que les Médabéens devaient célébrer en grande pompe le mariage d’un des leurs avec la fille d’un des plus illustres d’entre les princes de Chanaan, de la ville de Nabatha, vinrent se placer avec leurs hommes d’armes dans un pli des montagnes bordant la plaine de Médaba, non loin du chemin par où devait passer le cortège nuptial. Comme l’époux, avec ses parents et ses compatriotes, s’avançait au bruit des cymbales et des instruments de musique, les frères de Jean sortant de leur embuscade, tombèrent sur eux à l’improviste et massacrèrent la plupart. Le nombre des tués fut d’environ 400, d’après Josèphe, loc. cit. Les autres se dispersèrent dans les montagnes, et les vainqueurs s’en retournèrent avec les dépouilles. I Mach ; , ix, 35-42. Au lieu de Nabatha ou Nabatath, Gabatha, d’après quelques éditions de Josèphe, Nabat selon la version syriaque, on lit Madaba, dans la Vulgate. C’est à tort, ce semble, car le contexte indique clairement une autre localité pour la ville de l’épouse. Voir Nabatha. — 6° Jean Hyrcan, profitant dé la mort d’Antiochus VII, tombé dans sa guerre contre les Parthes (128), vint attaquer Médaba, dont il s’empara après six mois d’un.