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MIRACLE


de lenr temps. » Et, en général, « Dien, parlant aux hommes, s’est conformé, pour se faire comprendre, à leur manière d’exprimer les choses. » C’est en vertu de ce principe que certains commentateurs croient pouvoir, sans manquer de respect aux Saintes Lettres, faire une part plus grande aux causes naturelles dans la production des plaies d’Egypte, dans l’apparition des cailles au désert. Voir Caille, t. ii, col. 36, etc. On a de même cherché à ramener plusieurs récits poétiques ou allégoriques à un sens littéral plus facile à expliquer. Cf. de Broglie, Confér. sur la vie surnat., Paris, 1882, t. ii, p. 138-141 ; L’idée de Dieu dans l Ancien Testament, Paris, 1892, p. 61. Ainsi en serait-il pour d’autres faits surnaturels. La plupart de leurs éléments pourraient être regardés comme des conséquences des lois naturelles ; comme dans les plaies d’Egypte, l’intervention surnaturelle se manifesterait alors seulement par l’annonce des événements, leur adaptation parfaite aux vues de Dieu, par le parti que la Providence en tire pour arriver à ses fins, etc. La question est à examiner pour chaque miracle en particulier. Mais, en principe, il n’est ni nécessaire, ni utile, ni prudent d’étendre le surnaturel au delà de la limite que lui assignent les textes sacrés. Cf. S. Thomas, Sum, tkeot., I », q. lxviii, a. 1 ; De Smedt, Principes de la critique historique, Paris, 1883, p. 48-59. L’Église s’est contentée de condamner ceux qui prétendent « qu’il ne peut y avoir de miracles, que par conséquent tous les récits à ce sujet, même ceux qui sont contenus dans la Sainte Écriture, sont à reléguer parmi les fables et les mythes, que d’ailleurs les miracles ne peuvent jamais être connus avec certitude et qu’on ne peut légitimement s’en servir pour prouver la divine origine de la religion chrétienne ». Conc. Valic, Can. de fide, iii, 4. Cette définition ne vise aucun miracle en particulier et elle laisse toute latitude pour déterminer sagement, d’après les données de l’histoire, de la science, etc., et sous le contrôle de l’Église, la limite qui sépare ou peut séparer dans chaque cas l’action ordinaire de Dieu par les forces de la nature de son action extraordinaire.

5° Distinction des faits surnaturels. — Les faits d’apparence surnaturelle, dont il est fait mention dans la Sainte Écriture, doivent être distingués selon leur auteur et leur nature. — 1. Les faits vraiment surnaturels ont Dieu seul pour auteur. En eux-mêmes, ces faits présentent toujours des caractères de puissance, de convenance, de sainteté, d’utilité, de bonté, qui permettent d’en reconnaître le divin auteur. Dieu agit tantôt directement, tantôt par l’intermédiaire des anges ou des hommes. L’action de ces derniers intermédiaires est toujours visible, et elle résulte du pouvoir conféré par Dieu de sa propre initiative ou sollicité de lui par la prière. L’intervention des anges n’est pas toujours reconnaissable. Notre-Seigneur opère des miracles par la puissance de la divinité qui est en lui. Son humanité ne constitue pas un intermédiaire dans la production du miracle, comme l’ange ou l’homme ; elle n’agit que comme instrument de la divinité à laquelle elle est personnellement unie.

2. Il y a des miracles diaboliques, c’est-à-dire des eflets produits par des êtres supérieurs à l’homme en puissance, mais qui, simples créatures, ne peuvent intervenir que dans les limites permises par la Providence. Voir Démon, t. ii, col. 1366-1373 ; Magie, t. iv, col. 562-569. L’intervention des esprits mauvais apparaît au paradis terrestre, Gen., iii, 1-5 ; Apoc, xii, G ; en Egypte, pendantles premières plaies, Exod., vii, 11, 22 ; viii, 7 ; dans la tentation de Job, i, 12 ; ii, 6 ; vii, 1 ; dans les épreuves de Sara, fille de Raguel, Tob., vi, 16, 19 ; viii, 3 ; dans la tentation, du Sauveur, Matth., iv, 1-11 ; Marc, i, 13 ; Luc, iv, 2-13 ; dans les prestiges de Simon le magicien, Act., viii, 9-11 ; dans ceux d’Élymas, Act., xiii, 8 ; dans les possessions si fréquemment

mentionnées. "Voir DÉMONIAQUE, t. ii, col. 1374-1379. Le surnaturel diabolique se reconnaît à ses caractères d’excentricité, d’inconvenance, d’impureté et-d’opposition à la doctrine révélée. Les inventions du démon et le commerce des hommes avec lui sont prévus par la Loi et sévèrement prohibés. Deut., xviii, 10-13. À la. fin des temps, les faux prophètes et les faux christs, tous agents du démon, multiplieront les prodiges au point d’ébranler les plus fidèles disciples de Jésus-Christ eux-mêmes, si ceux-ci pouvaient l’être. Matth., xxiv, 24 ; Marc, xiii, 22 ; II Thés., ii, 9.

3. lly a enfin un faux surnaturel qui n’est que de la supercherie. C’est le cas de l’idole de Bel, que ses prêtres faisaient passer pour avoir besoin de nourriture, et du grand serpent que les Babyloniens vénéraient comme un dieu. Daniel, xiv, 2, 17-19, 23, 26, dévoila ces supercheries. Les tromperies analogues étaient nombreuses dans les cultes idolâtriques. — Voir sur les miracles de la Sainte Écriture, dans les Démonstr. évang. de Migne : Clarke, Sur la vérité et la certitude de la religion chrétienne, xix, t. v, col. 1233-1243 ; Duguet, Principes de la foi chrétienne, II, l, 6 ; H, 1-5, t. vl, col. 43-49 ; de Launay, Nouvelle analyse de Bayle, v-vm ; t. vi, col. 707-716 ; Leclerc, Lettre II, sur les miracles, t. vi, col. 933-943 ; Para du Phanjas, Philosophie de la, religion, 190-211, t. x, col. 231-251 ; Statler, Certitude de la religion révélée, 142-201, t. x, col. 661-701 ; Bonnet, Recherches sur le christianisme, v-vii, t. XI, col. 487497 ; Duvoisin, Démonstr. évang., i, v-vn, t. xiii, col. 770-776, 806-841. — Voir aussi de Bonniot, Le miracle et ses contrefaçons, Paris, 1887 ; Lescœur, Jésus-Chrit, Append., De la réalité des miracles, Paris, 1888, p. 387-422 ; Id., La science et les faits surnaturels contemporains, Paris, 1897, p. 14-29, 92-101 ; Introduction scientifique à la foi chrétienne, par un ingénieur de l’État, Paris, s. d., p. 105-118, 157-172 ; Vacant, Miracle, dans le Dict. apologét. de la foi cath. de Jaugey, Paris, 1889, col. 2041-2116 ; Leroy, La constatation du miracle, Paris, 1901 ; Coste, Qu’est-ce que le miracle ? Paris, 1902 ; de la Barre, Faits surnaturels et forces naturelles, Paris 1903 ; P. de Broglie, Les conditions modernes de l’accord entre la foi et la raison, Paris, 1903, t. ii, p. 28-46 ; Id., Les fondements intellectuels de la foi chrétienne, Paris, 1905, p. 132-158.

II. Les miracles de l’Ancien Testament. — 1° Dans ta Genèse. — 1. Le séjour d’Adam au paradis terrestre et sa chute comportent plusieurs faits merveilleux. Voir Adam, t. i, col. 173-176 ; Arbre de la vie, t. i, col. 895-897 ; Chérubin, t. ii, col. 659-660 ; Eve, t. ii, col. 2118-2121 ; Paradis terrestre, Serpent ; de Broglie, Confér. sur la vie surnatur., t. ii, p, 45-226 ; Lagrange, L’innocence et le péché, dans la Bévue biblique, Paris, 1897, p. 341-379. — 2. Sur l’histoire primitive jusqu’à l’époque d’Abraham, voir CaïN, t. ii, col. 37-40 ; Longévité, t. iv, col. 355 ; Déluge, t. ii, col. -1343-1358 ; Babel (Tour de), t. i, col. 1346-1349 ; Confdsion des langues, t. ii, col. 920. — 3. L’histoire des patriarches postdiluviens renferme des révélations divines, des. apparitions d’anges, voir Ange, t. i, col. 586, et divers autres miracles, la ruine de Sodome et de Gomorrhe, Gen., xix, 15-29, voir Sodome ; l’interruption du sacrifice d’isaac, Gen., xxii, 11-13, voir Abraham, t. i, col. 80 ; Isaac, t. iii, col. 931 ; la multiplication des troupeaux de Jacob, Gen., xxx, 37-43 ; xxxi, 5-13, voir Brebis, t. i, col. 1918 ; l’explication des songes par Joseph, Gen., xxxvii, 5-11 ; xl, 9-22 ; xli, 25-36, voir Joseph, t. iii, col. 1658-1663 ; Songes, etc.

2° Pour la fondation de la nation israélite. — De nombreux et grands miracles sont opérés par Dieu pour délivrer son peuple de l’Egypte, le conduire à travers le désert et l’établir dans le pays de Chanaan. — 1. Plusieurs ont pour but de convaincre Moïse de sa mission : le buisson ardent, Exod., iii, 2, voir Buisson ardent,