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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/669

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MORS — MORT


col. 432. Le plus souvent, les chevaux sont pourvus d’ut mors. La forme du mors ne paraît pas différer sensiblement chez les anciens peuples, Égyptiens, voirt. i, fig. 226s col. 903 ; t. ii, fig. 193, col. 566 ; Assyriens, voir t. i, fig. 228, col. 904 ; fig. 229, col. 905 ; fig. 235, col. 908 ; t. n. fig. 91, col. 304 ; fig. 195, col. 569 ; fig. 674, col. 1997 ; Héthéens, voir t. iii, fig. 143, col. 673 ; Perses, voir t. ii, fig. 197, col. 573 ; fig. 481, col. 1307 ; Cypriotes, voir t. ii, fig. 194, col. 568 ; Romains, voir t. i, fig. 381, col. 1283, etc. Une bride ne pouvait suffire, en effet, pour maîtriser des chevaux fringants. Les deux mots hébreux, métég, résén, s’appliquent à la fois à la bride et au mors. Yoir Harnais, t. iii, col. 432. Le mors sert à diriger le cheval, le mulet et l’âne. Ps. xxxii (xxxi), 9 ; Prov., xxvi, 3 ; Zach., xiv, 20 ; Il Mach., x, 29 ; Jacob., iii, 3 ; Apoc, xiv, 20. Au figuré, Dieu met le mors aux lèvres de Sennachérib, pour le faire retourner dans son pays. IV Reg., XIX, 28 ; Is., xxxvil, 29. Ce passage fait allusion à un usage barbare des rois d’Assyrie qui mettaient un mors aux lèvres des ennemis vaincus. Le père de Sennachérib, Sargon, s’est fait représenter à Khorsabad tenant ainsi un captif auquel il crève les yeux avec sa lance. Voir t. i, fig. 158, col. 637. Ézéchiel, xxix, 4, dans sa prophétie contre l’Egypte, dit que Nabuchodonosor traitera de la même manière le roi de ce pays. Asarhaddon avait infligé ce supplice au pharaon Tharaca. Voir t. ii, fig. 620, col. 20H, et une autre figure semblable, t. ii, fig. 601, col. 1914. Ézécbiel, xxxviii, 4, prédit aussi le même châtiment à Gog, roi des Scythes. Dieu lui-même est comme un mors entre les mâchoires des peuples, afin de les conduire où il veut. Is., xxx, 28. Rejeter le mors ou le frein, c’est ne garder aucune retenue. Job, xxx, 11. Il faut mettre un frein à sa bouche pour parler avec sagesse. Eccli., xxviii, 29. Voir R. Zschille et R. Forrer, Die Pferdetrense, in-f », Berlin, 1893.

H. Lesêtre.

MORT (hébreu : mâvét ; Septante : ôivaToç ; Vulgate : mors), séparation de l’âme immortelle d’avec le corps périssable.

I. Introduction de la mort dans l’humanité. — 1° Puisque Dieu menace l’homme de la mort comme d’un châtiment qui doit l’atteindre s’il désobéit, il s’ensuit que la mort n’eût pas atteint l’homme s’il n’avait pas désobéi. On conçoit très bien que le corps de l’homme, uni à une âme immortelle, eût pu rester indéfiniment uni à cette âme. Sans doute, sa nature matérielle le soumettait aux transformations et aux détériorations qu’impose aux corps ordinaires leur rôle actif ou passif. Mais l’âme pouvait parfaitement être douée par Dieu d’une torce telle, qu’elle maintînt le corps dans une vie indéfinie, en réparant continuellement ses éléments usés ; et l’homme tout entier, après un temps plus ou moins long passé sur la terre, pouvait ensuite être transporté dans son séjour définitif, où son âme et son corps auraient été soustraits à toute cause de déchéance. Tel fut certainement le dessein primitif de Dieu. Cf. S. Augustin, De Gènes, ad KM., ix, 6, t. xxxiv, col. 396. S’il en eût été autrement, la menace de mort intimée à l’homme n’aurait plus eu de sens. La restreindre seulement à une mort spirituelle répugne à tout l’ensemble du récit, dans lequel un châtiment corporel doit correspondre à la part prise par le corps à la faute commise. D’ailleurs la mort corporelle est un châtiment beaucoup plus encore pour l’âme que pour le corps, puisque c’est l’âme qui prévoit, craint et souffre tout ce qui se produit de mauvais dans le corps.

2° La répugnance invincible de l’homme pour la mort indique assez formellement que celle-ci ne lui est pas naturelle, et qu’une cause accidentelle l’a introduite dans l’humanité. L’animal, avec sa nature inférieure, n’a pas la crainte de la mort, qu’il ne prévoit pas ; la mort n^est donc pas pour lui un châtiment. D’autre part, le principe vital qui anime son corps, pas plus que le

principe végétal qui fait vivre la plante, ne sont nécessairement immortels et ne répugnent à une dissolution définitive. Ilspeuventdoncdisparaltreen même temps que lecorps, sans que la constitution naturelle des êtres en soit atteinte. L’âme de l’homme, au contraire, est créée pour animer un corps. La séparation d’avec le corps constitue donc pour elle un état violent, contre nature, et cet état ferait à jamais de l’âme un être anormal, si Dieu ne lui rendait son corps à un moment donné, ou s’il ne modifiait essentiellement la nature de l’âme immortelle. Cette modification n’aura pas lieu ; c’est le corps qui, après la résurrection, sera rendu à l’âme. L’état du Sauveur, vivant après sa résurrection avec son âme et son corps réunis ensemble à jamais, est l’indication et la preuve de ce que Dieu veut faire un jour pour l’homme. 3° La nature accidentelle de, 1a mort pour l’homme est formellement enseignée dans plusieurs passages de la Sainte Écriture. Dans la Genèse, ii, 17 ; iii, 3, Dieu annonce à l’homme que, s’il mange le fruit défendu, il « mourra de mort », c’est-à-dire mourra très certainement. Adam et Eve purent se faire une certaine idée de ce que serait la mort pour eux, en voyant des animaux mourir sous leurs yeux. Ils se rendirent compte que leur corps, privé de la vie que l’âme lui communiquait, deviendrait subitement inerte, sans mouvement ni sentiment, et serait bientôt saisi par la corruption. La sentence divine : « Tu es poussière et tu retourneras en poussière, ». Gen., iii, 19, leur fit comprendre encore mieux ce que serait la mort. La parole : « Au jour où tu en mangeras, tu mourras, » Gen., ii, 17, n’entraîna pourtant pas l’exécution immédiate de l’arrêt, soit que le mot « jour » doive être pris ici dans un sens très large, soit que Dieu, dans sa miséricorde et pour l’accomplissement de ses desseins ultérieurs, ait voulu accorder un long sursis à l’homme coupable. — L’auteur de la Sagesse, i, 13, 14, dit que « Dieu n’a pas fait la mort et ne prend pas plaisir à la perte des êtres vivants, mais qu’il a tout créé pour subsister et les générations du monde pour se conserver, qu’il n’y a pas un principe d’extermination en elles ni une domination de l’Adès sur la terre ». Ce passage est expliqué clairement par un autre : « Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité, içOspoia, il l’a fait à l’image de son propre être,-ni ; iBîac ifitÔTïiTOi ; , et c’est par l’envie du diable que la mort est entrée dans le monde. » Sap., ii, 23, 24. Si Satan n’avait pas tenté l’homme, ou si l’homme n’avait pas succombé à la tentation, la mort n’aurait donc pas atteint l’humanité. On ne peut pas dire qu’il s’agit seulement ici de la mort spirituelle, car c’est à « l’homme » et non à « l’âme » que l’auteur sacré attribue l’incorruptibilité originelle. — Notre-Seigneur fait allusion à la manière dont la mort a été introduite dans l’humanité quand il dit aux Juifs qu’ils tiennent de leur père, le diable, « homicide dès le commencement. » Joa., viii, 44. Or, c’est de la mort corporelle qu’il est question, comme l’indique une des paroles qui précèdent : « Vous cherchez à me mettre à mort. » Joa., viii, 37. — Saint Paul explique très explicitement que « le péché est entré dans le monde par un homme, et par le péché la mort », Rom., v, 12 ; que les autres « sont morts par le péché d’un seul », Rom.j v, 12, 15 ; que « le salaire du péché, c’est la mort », Rom., vi, 23, non seulement la mort spirituelle, causée immédiatement par l’acte même du péché, mais la mort corporelle, qui s’impose ensuite comme conséquence plus ou moins lointaine, « même à ceux qui n’ont pas péché par une transgression semblable à celle d’Adam. » Rom., v, 14. Saint Paul appelle la mort l’aiguillon du péché, I Cor., xv, 56, ce qu’on peut entendre en ce sens que le péché pousse la mort contre l’homme comme l’aiguillon excite la bête de somme. Ainsi le comprend saint Augustin, De peccat. merit. et remis., iii, 11, t. xliv, col. 197 : « C’est l’aiguillon qui fait la mort, et non pas elle qui le fait. Nous mourons par le