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MORTE (MER)


à vivre déjà dans une eau fortement salée y meurent instantanément, comme nous avons pu le constater en transportant dans l’eau de la mer Morte de petits poissons qui vivent dans une lagune située au nord du Djebel Usdum, souvent envahie par l’eau de mer et alimentée par une source chaude d’eau salée. » Il ne faudrait cependant pas croire, comme on l’a dit quelquefois, que ces eaux exhalent des vapeurs pest-ilentielles, capables de faire périr sur le coup les oiseaux mêmes qui oseraient les traverser. Ce qu’il y a de certain, c’est que, durant les mois chauds et l’automne, il se produit des miasmes qui occasionnent des fièvres intermittentes très dangereuses.

Molyneux, en 1847, a constaté sur les eaux du lac un

lac Asphaltite une grande quantité de fragments de bitume rejetés par les flots, provenant soit de sources situées profondément sous les eaux, soit des gîtes bitumineux environnants. Ce produit, qui renferme des traces de libres ligneuses, est dû probablement à l’action des sources thermales, voisines du lac, sur certaines couches de lignites. Voir Bitume, t. i, col. 1802. Diodore de Sicile, xix, 25, décrivant la mer Morte, nous dit : « Il s’élève tous les ans sur sa surface une quantité d’asphalte sec de la largeur de trois arpents, pour l’ordinaire, quelquefois pourtant d’un seul, mais jamais moins… Cette matière, qui change souvent de place, offre de loin l’aspect d’une île flottante ; son^ apparition s’annonce près de vingt jours à l’avance par

359. — La ligne blanche de la mer Morte. D’après Lucien Gautier, Autour de la mer Morte, pi. 2.

singulier phénomène. « Il y avait à la surface de la mer, dans toute sa longueur, presque directement du nord au sud, une large bande d’écume qui ne partait pas de l’embouchure du Jourdain, mais quelques milles anglais plus à l’ouest, et qui, en agitation constante et avec des bouillonnements, traversait comme un torrent impétueux la nappe immobile des eaux. Deux nuits de suite, nous nous sommes approchés en bateau de cette ligne blanche d’écume et nous avons pu observer au-dessus d’elle, dans les airs, une bande blanche également semblable à un nuage, et qui allait aussi en ligne droite du nord au sud, à perte de vue. » Cf. Ritter, Die Erdkunde, 15° partie, t. viii, 2e édit., 1850, p. 706. M. Lucien Gautier, Autour de la mer Morte, Genève, 1901, p. 21, a pu suivre du regard, pendant plusieurs jours, et photographier cette « ligne blanche ». Voir fig. 359. M. Blanckenhorn, Oie Entstehung und Geschichte des Todlen Meeres, p. 59, pense que ce phénomène rend très vraisemblable l’existence d’une fente thermale et asphaltique au fond de la mer Morte. 7° Asphalte. — On trouve toujours sur les bords du

une odeur forte et désagréable de bitume, qui rouille au loin, à près d’une demi-lieue à la ronde, l’or, l’argent et le cuivre. Mais toute cette odeur se dissipe dès que le bitume, matière liquide, est sorti de cette masse. Les habitants enlèvent l’asphalte à l’envi les uns des autres, comme feraient des ennemis réciproques, et sans sa servir de bateaux. Ils ont de grandes nattes faites de roseaux entrelacés qu’ils jettent dans le lac ; et, pour cette opération, ils ne sont jamais plus de trois sur ces nattes, deux seulement naviguant avec des rames, pour atteindre la niasse d’asphalte, tandis que le troisième, armé d’un arc, n’est chargé que d’écarter à coups de traits ceux qui voudraient disputer à ses camarades la part qu’ils veulent avoir ; quand ils sont parvenus à l’asphalte, ils se servent de fortes haches, avec lesquelles ils enlèvent comme d’une terre molle la part qui leur convient ; après quoi ils reviennent sur le rivage. Ces barbares, qui n’ont guère d’autre sorte de commerce, apportent leur asphalte en Egypte et le vendent à ceux qui font profession d’embaumer les corps ; car, sans la mélange de cette matière avec d’autres aromates, il se-