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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/70

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LAUDIANUS (CODEX) — LAUNAY

vers la fin du VIe siècle, en lettres onciales, sur un parchemin fort et grossier. Il comprend 226 feuillets hauts de 0,27 m, larges de 0,22 m ; il est à deux colonnes, de 23 à 26 lignes chacune. L’encre blanchie et presque effacée par le temps a été renouvelée par endroits. L’écriture est plus grosse et moins élégante que dans les grands codex Sinaiticus, Vaticanus et Alexandrinus. En général, les mots ne sont pas séparés. Pas d’accents ni d’esprits, sauf l’esprit rude, la barre horizontale ou le tréma sur l’υ initial (ὑ, ῡ, ϋ) et le tréma sur l’ι initial (ϊ). Ponctuation très rare ; un point de temps en temps : les deux points servent à séparer le grec du latin quand les deux textes arrivent presque à se toucher. Par-ci par-là une lettre plus grande, placée en vedette, indique un alinéa.

— Point d’iota souscrit ou adscrit. On remarque le changement fréquent de ει en ι, de αι en ε, plus rarement de oι en υ, quelquefois de o en ω, et réciproquement. Dans les composés, l’assimilation des consonnes est souvent négligée. — Les abréviations sont : ΘΣ, ΙΣ, XΣ, KΣ, ΟΥNΟΣ, ΠNA, ANOΣ, ΠPΩN, ΠPA, MPI, ΔAΔ, IΛM, IHΛ, M (pour μου) ; αι final est souvent contracté, ν final remplacé par une ligne horizontale placée à l’extrémité supérieure de la lettre précédente. En latin, pas d’abréviations. Jésus est écrit Jhesus. — Dans son état actuel le codex a une lacune de Act., xxvi, 29 (εὔξαίμην), à Act., xxviii, 26 (λέγων). — Il est désigné en critique, par la lettre È ou Eact pour le distinguer du Basiliensis (E. des Évangiles) et du Sangermanensis (E. de Paul).

II. Histoire. — Tout porte à croire que le Laudianus fut copié en Occident, probablement en Sardaigne, par un scribe plus familier avec le grec qu’avec le latin. En tout cas, le manuscrit est passé par la Sardaigne, car il contient à la fin, d’une écriture plus récente, un décret d’un duc de Sardaigne, Flavius Pancratius : Φλ[αuιoς] πανϰρατιoς συν θεω απο επαρχων δουξ σαρδινιας ϰ. τ. λ. Des ducs gouvernèrent la Sardaigne de 534 à 749. Nous y lisons encore d’autres noms propres, mais qui ne nous apprennent rien sur l’âge ni sur l’histoire du manuscrit. On ignore à quelle époque il a été apporté en Angleterre ; il est seulement très probable, comme nous le verrons plus bas, que le vénérable Bède (673-735) s’en est servi pour ses derniers travaux d’exégèse. À cette époque, il était complet, car Bède cite trois passages compris dans la lacune actuelle. En 1636, il appartenait à l’archevêque Laud et était déjà mutilé. Laud en fit présent à l’Université d’Oxtord, dont il était alors chancelier. Fell l’utilisa en 1675 pour son édition du Nouveau Testament. Le manuscrit se trouve maintenant à la Bodléienne (Oxford) où il est conservé sous la cote Laud, 35.

III. Particularités. — 1° Une des singularités de ce codex c’est que le latin occupe la place d’honneur, à la gauche du lecteur, tandis que le grec est à la droite. Comme il est écrit stichométriquement et que les stiques sont très courts (un ou deux mots, rarement trois ou quatre), le latin répond au grec presque mot pour mot. On a pensé que le grec était adapté au latin, pris pour base. Mais cette hypothèse a priori ne résiste pas à l’examen des faits. Au contraire, c’est le latin qui est adapté au grec sans en être toutefois une traduction nouvelle. La version pré-hiéronymienne, représentée par le Laudianus, se rapproche plus dé la Vulgate que celle du codex de Bèze. Le texte grec se distingue par des leçons excellentes, qu’on retrouve en partie dans le codex 218 des Actes (minuscule du XIVe siècle). — 2° Un autre fait curieux, c’est que le vénérable Bède s’est servi de ce manuscrit ou d’un autre tout semblable. Il en prit occasion pour composer son Liber Retractationis in Actus Apost., t. xcii, col. 995-1032, où il complète et modifie son Exposition des Actes, publiée plusieurs années auparavant, par les leçons du texte grec qu’il a remarquées depuis. Plus de soixante-dix leçons qu’il mentionne sont conformes au Laudianus et souvent lui sont spéciales. Mill, Nov. Test. græcum, Rotterdam, 1710, Prolegom., p. 98, conclut de cette comparaison que le codex employé par Bède aut illum ipsum esse aut ejus plane gemellum. Woide, Notitia Cod. Alexandr., Leipzig, 1788, p. 160, s’exprime de même après une comparaison plus complète. — 3° On peut remarquer dans le fac-similé (lig. 38) la forme des lettres déjà en décadence par rapport à la. pureté et à l’harmonie de l’écriture onciale du IVe siècle. En grec : B ouvert par le haut ressemble parfois au ϐ minuscule, avec un trait oblique pour remplacer la boucle supérieure ; Δ a quelquefois les barres prolongées hors du triangle et terminées par des crochets ; M est trop large ; la barre supérieure du Π est amincie et ne dépasse pas les montants ; Φ est très aplati ; Ξ contourné a l’aspect de ξ minuscule ; P, Υ, Φ, Ψ, descendent au-dessous de la ligne ; la partie supérieure de E et de Σ est formée par un trait distinct. En latin : b et h sont minuscules ; d a le bout crochu ; l se termine par un trait exagéré ; m a le premier trait recourbé ; p a la boucle petite ; dans le t, la barre perpendiculaire est courbe au fond, la barre transversale se termine par deux crochets ; f, p, q, r descendent au-dessous dé la ligne (fig. 39). — 4° Quelques mots sont grattés au couteau ou effacés à l’éponge ; plus fréquemment des points, placés au-dessus d’une lettre ou d’un mot, équivalent à une rature. D’après Gregory, il y a eu trois correcteurs : l’un est probablement le scribe lui-même ; le second est un contemporain, qui inscrivit en outre le Symbole des Apôtres, en latin, sur le feuillet 226 ; le troisième, qui paraît avoir vécu au vil » siècle, ajouta, le titre des chapitres, lesquels ne coïncident ni avec la capitulation de l’Amiatinus ni avec celle du Fuldensis. En effet, le chap. lviii (commençant Act., xxvi, 24) correspond au chap. lxvi de l’Amiatinus et au chap. lxxi du Fuldensis.

IV. Bibliographie. — 1° Éditions : T. Hearne, Acta Aposte Codice Laudiano, Oxford, 1715 ; Hansell, Nov. Test. græce, Oxford, 1864, t. ii, p. 2-227 (donne en quatre colonnes parallèles l’Alexandrinus, le Vaticanus, le Codex rescr. Êphrœmi, le Codex Bezæ et, au fond des pages, le Laudianus), édition médiocre ; Tischendorf, Monumenta sacra inedita, t. ix, Leipzig, 1870 (fruit de deux collations, en 1854 et en 1863). — Pour le latin, Sabatier, Biblior. sacr. Lat. version. antiquæ, Paris, 1751, t. iii, part. i, p. 493-588. — 2° Fac-similés. Astley, Origin and progress of writing, Londres, 1784, pi. IV ; Copinger, The Bible and its transmission, Londres, 1897, p. 126 ; The Palœographical Society, Facsimile of Manuscr. and Inscript., Londres, 1873-1883, t. l, fac sim. n° 80 (c’est celui que nous reproduisons). — Voir encore : Gregory, Prolegomena (de la viiie édit. crit. de Tischendorf), Leipzig, 1894, p. 410-413 ; Textkritik des N. T., Leipzig, 1900, t. I, p. 97-99 ; Scrivener, Introduction, 4e édit., Cambridge, 1894, t. I, p. 169-171 ; de plus, Mill et Woide cités plus haut.

F. Prat.


LAUGOIS Benoit, de Paris, mort le 18 juin 1689. Voir Franciscains (Travaux des) sur les Saintes Écritures, t. ii, col. 2385.

LAUNAY (Pierre de), sieur de la Motte et de Vauferlan, théologien protestant, né à Blois en 1573, mort à Paris le 27 juin 1661. Contrôleur général des guerres en Picardie, il abandonna cette charge, en 1613, pour se livrer entièrement à l’étude, ne conservant que le titre honorifique de conseiller-secrétaire du roi. Il fut un des membres les plus importants du parti protestant à cette époque. Il assista à plusieurs synodes régionaux et pendant quarante ans fut membre du consistoire de Charenton. Pendant quelque temps il enseigna le grec