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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/817

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NEIGE — NEMRIM (EAUX DE)


choses qui sont plus familières aux Hébreux. Elle se précipite dans les torrents, surtout dans ceux qui courent sur le flanc des montagnes, Job, vi, 16, et la chaleur en absorbe les eaux. Job, xxiv, 19. La neige est invitée, avec les autres météores, à louer le Seigneur. Ps. cxLViii, 8 ; Dan., iii, 70. La femme forte ne craint pas la neige pour sa maison, parce qu’elle a préparé ses vêtements en prévision du froid. Prov., xxxi, 21.

II. La neige dans les comparaisons. — 1° L’époque de la neige donne lieu au proverbe : La gloire sied à l’insensé comme la neige en été. Prov., xxvi, 1. — 2° La fraicheur de la neige suggère cet autre proverbe : Un messager fidèle est comme la fraîcheur de la neige au jour de la moisson. Prov., xxv, 13. Quand souffle le vent du nord en Palestine, il apporte la fraîcheur que lui ont communiquée les neiges du Liban et de l’Hermon. Il est plus probable cependant que le proverbe fait allusion à l’usage où étaient les anciens de mêler de la neige à leur boisson pour la rafraîchir. Cf. Xénophon, Memorab., II, i, 30 ; Pline, H. N., xix, 4. La chose n’était pas impraticable en Palestine, surtout au nord du pays. Cf. Rosenmûller, Das alte und neue Morgenl., Leipzig, 1818, t., ’iv, p. 149- — 3° C’est principalement à cause de sa blancheur éclatante que la neige sert de terme de comparaison. Le psalmiste demande à Dieu de devenir pur comme la neige, Ps. li (l), 9, et Job, ix, 30, parle même de se laver dans la neige pour se rendre blanc comme elle. — La lèpre apparaît blanche comme la neige sur la main de Moïse, Exod., iv, 6, sur le corps de Marie, sa sœur, Num., xii, 10, et de Giézi, serviteur d’Elisée. IV Reg., v, 27. — La manne est comparée à la neige et au givre. Sap., xvi, 22. — Des vêtements blancs comme la neige sont attribués à l’ancien des jours, Dan., vii, 9, au Sauveur à sa transfiguration, Matlh., xvii, 2 ; Marc, IX, 2, et à l’ange de la résurrection. Matth., xxviii, 3. — Le personnage que voit saint Jean dans sa vision a la tête et les cheveux blancs comme la neige, ce qui marque sa haute dignité, son âge et sa sagesse. Apoc, i, 14. — Les princes de Jérusalem étaient plus éclatants que la neige. Lam., iv, 7. Enfin, il est dit au Psaume lxviii (lxvii), 15 :

Quand te Tout-Puissant dispersa les rois en elle, Il neigea sur le Selmon.

Le Psaume fait allusion aux sorties triomphantes de Jéhovah pour défendre son peuple, et les rois dispersés sont probablement ceux du temps de Débora. Jud., v, 19. Le Selmon est une montagne peu importante, dans le voisinage de Sichem, Jud., ix, 48, par conséquent à peu près au centre de la Palestine. On n’est pas d’accord sur le vrai sens de la comparaison employée par le Psalmiste. La neige sur le Selmon pourrait représenter la gloire et la joie de la victoire, l’éclat des armes et du butin, les ossements blanchis des vaincus, etc. Cf. Fr. Delitzsch, Die Psalmen, Leipzig, 1873, t. i, p. 471, 472.

H. Lesêtre.
    1. NEMRA##

NEMRA (hébreu : Nimràh ; Septante : Na(j.pà), nom, dans les Nombres, xxxii, 3, d’une ville de la tribu de Gad, qui est appelée ailleurs, sous sa forme complète, Bethnemra. Voir t. i, col. 1697.

    1. NEMRIM##

NEMRIM (EAUX DE) (hébreu : Mê-Nimrîm, « eaux limpides ou salutaires, » d’après Gesenius, Thésaurus, p. 195, au mot Bêt-Nimrâh ; d’après Bochart et autres : « eaux des Nemêrim ou des panthères ; » Septante : tô ôScop Trjî Neu.ï|pe ! [i ; Alexandrinus : Ne[tps£[i, dans Is., xv, 6 ; io ûSo p Ne6petv ; Alexandrinus : ’E6pt’[i, dans Jer., xlviii, 34), eaux du pays de Moab, mentionnées dans les deux passages cités d’Isaïe et de Jérémie.

J. Nom. — Le mot maim, mê à l’état construit, indique souvent dans la Bible, un cours d’eau : ainsi Is., m, 8 et 13, mê hay-Vardèn, « les eaux » pour « le

fleuve du Jourdain » ; Is., viii, 6, mê has-Bilôafy, « les eaux » pour « le ruisseau de Siloé ». Parfois, il semble plutôt désigner un réservoir d’eau soit naturel, comme « les eaux de Mérom », mêMérôm, Jos., xi, 5 et 7, pour « le lac Mérom », « les eaux de Gennésar, » tô viSwp toïï Tewrimip, I Mach., xi, 67, pour <c le lac Génézareth » ; soit artificiel, comme « les eaux de Dibon », mê Dîmôn, Is., xv, 9, pour « les piscines et les citernes de Dibon » et, probablement s les eaux de Gihon », même Gihôn, II Par., xxxii, 30, pour « le réservoir de Gihon ». Il paraît encore signifier « une région arrosée » ou « marécageuse » : ainsi « les eaux deMageddo », « ië Megiddô, Jud., v, 19, "pour « le territoire mouillé par les cours d’eau de Maggedo » ; « les eaux de Maserephat, » Misrefôt maîm, Jor., xi, 8, pour « le territoire arrosé de Maserephoth ». C’est cette dernière signification qu’il semble avoir, Is., xv, 6, et Jer., xlviii, 34. — Bien que les prophètes ne le disent pas expressément, il n’est pas douteux que le nom de Nemrin n’ait été portée par une ville ou bourgade établie sur le territoire auquel la prophétie fait allusion et que celle-ci ne s’adresse pas à la fois à l’un et à l’autre.

Les « eaux de Nemrim » désignent celles de la rivière appelée aujourd’hui Nemeirâ qui se jette dans la mer Morte au sud-est (voir Moab, col. 1151, et carte, col. 1145), et non celles de l’ouadi Nimrim, qui se jettent dans le Jourdain après avoir arrosé Bethnemra. Voir la carte de Moab, col. 1145, et la carte du Jourdain, t. iii, col. 1726. Isaïe, xv, 6, dans sa prophétie contre Moab, prédit que les eaux de Nemrim tariront et que le gazon et la verdure qu’elles entretenaient seront desséchés. Jérémie, xlviii, 34, annonce également le dessèchement des eaux de Nemrim. Les deux prophètes placent les eaux du Nemrim dans le voisinage de Ségor, par conséquent au sud-est de la mer Morte, et on ne peut les confondre avec celles de l’ouadi Nimrin qui sont au nord de cette mer.

II. Identification et description. — Les prophéties d’Isaïe et de Jérémie, où Nemrim est nommée, regardent exclusivement Moab et les villes de Moab, il ne peut y avoir le moindre doute que cette localité et son territoire n’appartiennent eux-mêmes au pays de Moab. Mais de quel Nemrim s’agit-il ? car on trouve dans l’ancienne Moabitide deux localités auxquelles convient ce nom : l’une à l’extrême nord connue autrefois sous le nom de Bethnemra et Nemra, Num., xxxii, 36, et Is., xiii, 26, aujourd’hui telLNimrin sur l’ouadi Nimrin et l’autre presque à l’extrême sud et au-dessous de Kérak, l’ancien Kir-Moab, appelé Khirbet-Nemeirâ, à l’embouchure de Vouâdi Nemeirâ. Dans les deux endroits l’eau est abondante et dans les deux on signale la présence du léopard ou du guépard et de la panthère. — Le courant d’eau qui arrose le tell-Nimrîm (fig. 429) prend son origine près du Sait, la capitale du Belqa, au cœur des montagnes de Galaad méridional. La source est abondante et forme immédiatement un ruisseau qui bientôt est grossi par une multitude d’autres petits courants. La rivière, sur un parcours de six à sept kilomètres, arrose de nombreux vergers d’arbres fruitiers plantés sur ses rives et fait tourner plusieurs moulins. Il en est de même de plusieurs de ses affluents. En approchant du Ghô/Tixle courant devient plus rapide, mais il n’arrose plus qu’une double haie de lauriers-roses. Au delà d’une gorge étroite, située entre des rochers à pic, à travers laquelle la rivière se précipite en grondant, la vallée s’élargit pour laisser son courant pénétrer dans la plaine du Jourdain. Appelé jusqu’ici, l’espace de vingt-cinq kilomètres environ, ouâdi Sa’îb, du nom donné par les Arabes au beau-père de Moïse, il prend dorénavant sur le territoire du tell-Nimrîm, et jusqu’au Jourdain où il se jette, dix kilomètres plus loin, le nom de nahar-Nemrîm et son lit celui A’ouâdi Nimrim. Les bédouins’Adouin qui occupent ces régions utilisent ces eaux