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OBLATION


dans les blés, Deut., xxiii, 25, de la scie dans le bois, Is., x, 15, de la main qui s’agite, Job, xxxi, 21 ; elle marquerait donc les gestes divers par lesquels l’oblation est présentée à Dieu. L’hiphil hêrîm, de rûm, d’où vient (erûmâh, joint au sens d’  « élever », celui d’  « enlever », Ezech., xxi, 31, d’à ôter », de « prélever ». Lev., ii, 9 ; I Reg., ix, 24, etc. La terûmdh impliquerait donc l’idée de séparation. Le traité Temmoth de la Mischna s’occupe des « levées » à faire pour les prêtres ; l’objet de ce traité indique ainsi le sens que peut prendre le mot terûmdh.

IV. LES OBLATIONS DANS le cours de l’histoire Israélite. — 1° La loi sur les oblations a été en vigueur jusqu’à l’époque évangélique. L’auteur de l’Ecclésiastique, xiv, 11, recommande de faire à Dieu de riches offrandes avant qu’on ne meure, et en proportion des biens que l’on possède. C’est surtout quand on est malade qu’il importe d’offrir l’encens et la fleur de farine. Eccli., xxxviii, 1. Il faut présenter ses oblations avec joie. Eccli., xxxv, 8. Cf. II Cor., ix, 7. Il est toutefois nécessaire de se souvenir que l’oblation n’est agréée de Dieu que si celui qui l’apporte se conduit comme il le doit. « L’obéissance à la loi vaut de multiples offrandes… Rendre grâces équivaut à une oblation de fleur de farine. » Pourtant, « ne te présente pas devant le Seigneur les mains vides, car toutes ces oblations sont prescrites et doivent être faites… Le Seigneur paie de retour et te rendra sept fois autant. » Eccli., xxxv, 1-10. Les prêtres présentent solennellement à Dieu ces oblations. Eccli., L, 13 ; Heb., v, 1. — Notre-Seigneur réprimande sévèrement ceux qui consacrent à l’oblation ce qu’ils devraient garder pour leur père ou leur mère. Matth., XV, 5 ; Marc, vii, 11. Il parle de ceux qui jurent par l’oblation qui est sur l’autel et se croient liés, tandis qu’ils s’estiment libres s’ils n’ont juré que par l’autel. Matth., xxiil, 18-20. — Saint Paul, ayant fait vœu de nazaréat, vint présenter ses oblations à Jérusalem et fit les frais des oblations pour quatre hommes que saint Jacques et les anciens lui recommandèrent. Act., xxi, 24, 26 ; xxiv, 17. — 2° Les écrivains sacrés reviennent souvent sur cette idée que Dieu n’agrée pas les oblations des impies, Job, xxxvi, 18 ; Eccli., vii, 11 ; xxxiv, 23, ni de ceux qui lui sont infidèles. Dieu fait dire par Isaïe, xliii, 23, 24, à son peuple prévaricateur :

Je ne t’ai pas été à charge pour des offrandes,

Je ne t’ai pas fatigué pour de l’encens,

Il ne t’en a pas coûté cher pour un roseau odoriférant…

Mais toi, tu m’as été à charge par tes péchés.

Quant à celui qui apporte des oblations sans un cœur humble et contrit,

Il présente une oblation, mais offre du sang de porc, H fait brûler l’encens, mais bénit une idole.

Les deux actes se valent aux yeux de Dieu. Is., lxvi, S. Amos, IV, 5, reproche à Israël de se faire illusion sur ses oblations sans levain et ses dons volontaires, qu’il annonce à grand fracas. Dieu ne prend pas plaisir à de telles oblations, il ne les regarde pas. Am., v, 22. Notre. Seigneur ordonne à celui qui est en désaccord avec son frère de laisser son offrande devant l’autel et d’aller tout d’abord se réconcilier avec son frère. Matth., v, 23, 24. — 3° Les Israélites s’abaissèrent jusqu’à présenter des oblations aux idoles. Jérémie, vii, 18 ; xliv, 19, parle du gâteau, kavvân, que les femmes préparaient pour la reine du ciel, Istar. C’est le kamânu, pâtisserie cuite au four, des textes assyriens, cf. Fr. Martin, Textes religieux assyriens et babyloniens, p. xix, 60, 67, le yauwv des Septante. Voir Gâteau, t. iii, col. 114. Ézéchiel, xx, 28, 31, parle d’oblations faites aux idoles, spécialement à Moloch. — 4° Pendant la captivité, les oblations furent interrompues. Dan., iii, 38. Jérémie, xvii, 26, avait annoncé qu’elles recommenceraient. Mais Daniel, ix, 27, prédit qu’un jour le sacrifice et l’obla DICT. DE LA BIBLE.}

tion cesseront tout à fait. Par elles-mêmes d’ailleurs, ces oblations n’étaient pas capables de plaire à Dieu. Ps. XL (xxxix), 7 ; Heb., x, 5, 8. Aussi Malachie, i, 11, annonce-t-il que le Seigneur se prépare une oblation pure, universelle et digne de son saint nom. Le Sauveur incarné vint en effet prendre la place des anciennes victimes, et, dans son oblation eucharistique, il se servit du pain et du viii, les deux éléments les plus habituels des oblations et des libations mosaïques. Unis à lui, ses fidèles serviteurs constituent comme une oblation vivante qui est présentée à Dieu. Is., lxvi, 20 ; Rom., xv, 16.

V. Les usages juifs. — Les usages des Juifs, par rapport aux oblations, sont consignés principalement dans le traité Menachoth, le 42e de la Mischna. — 1° La préparation. La farine employée devait provenir de froment, sauf pour la gerbe de la Pâque, parce l’orge mûrissait le premier, et pour le sacrifice de la femme soupçonnée, auquel ne convenait qu’une oblation de qualité inférieure. Sota, ii, 1. Le froment pouvait être ancien ou récent, pourvu qu’il fût très bon. Sa provenance était indifférente, sauf pour la gerbe de la Pâque et les pains de la Pentecôte, qui réclamaient du grain de terre israélite. Le meilleur venait de Michmas et de Mézonécha, près de Bethaven, à une quinzaine de kilomètres au nord-est de Jérusalem. Menachoth, viii, 1. Cf. Reland, Palœstina illustrata, Utrecht, 1714, p. 897. La farine devait être passée à travers divers cribles, quelquefois douze ou treize, jusqu’à ce qu’elle fût devenue très fine. L’orge de la Pâque était d’abord grillé dans une poêle à trous, puis exposé au vent, avant de passer par la meule et les cribles. On pouvait moudre et passer la farine hors du parvis des prêtres ; mais la cuisson devait se faire dans ce parvis, où se trouvaient les fourneaux et les ustensiles nécessaires. Certains lévites étaient préposés à ces opérations. I Par., ix, 2832. Les pains de proposition et les gâteaux du grandprêtre se préparaient dans des locaux particuliers. La préparation des oblations privées était permise à tout Israélite en état de pureté légale. — 2° Les achats et les mesures. Les achats nécessaires pour les oblations publiques se faisaient aux frais du trésor. Si les oblations provenaient de la récolte spontanée de l’année sabbatique, le trésor indemnisait celui qui avait gardé cette récolte. Les particuliers pouvaient soit apporter leurs oblations du dehors, soit les acheter au Temple même. Ils en payaient le prix au préposé « aux cachets », qui leur donnait des jetons pour obtenir en échange ce qui leur était nécessaire. Schekalim, v, 3. Ces jetons portaient quatre noms différents, d’après lesquels on réglait la mesure des oblations jointes aux sacrifices : gedî, « chevreau, » pour agneaux et chevreaux, 1/10 d’éphi de farine, 1/4 de hin d’huile et autant de vin ; zàkàr, « mâle, » bélier ou brebis, 2/10 d’éphi de farine, 1/3 de hin d’huile et autant de vin ; ’égel, « veau, » grands quadrupèdes, 3/10 d’éphi de farine, 1/2 hin d’huile et autant de vin ; hôte’, « pécheur, » le lépreux, 3/10 ou 1/10 d’éphi de farine, selon qu’il était riche ou pauvre. Il fallait trois éphis de farine pour la gerbe de la Pâque, autant pour les deux pains de la Pentecôte, et deux pour chacun des douze pains de proposition. La farine présentée dans les oblations volontaires ne pouvait être d’une quantité inférieure à 1/10 d’éphi, ni supérieure à 60/10 ; les oblations publiques étant de 61/10, il ne convenait pas que les oblations privées les égalassent. On ajoutait un log d’huile pour chaque dixième d’éphi de farine. Menachoth, xii, 4 ; xiii, 1. On prenait une poignée d’encens pour chaque oblation, grande ou petite. On ne l’offrait jamais seul à l’autel des sacrifices. Les Juifs regardaient comme une exception ce qui est mentionné Num., vii, 14. — 3° La cuisson. L’huile pouvait être jointe à la farine de trois manières : on mettait l’huile dans un vase et on y ajoutait la farine ;

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