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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/952

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ORACLE — ORAGE


rendre phonétiquement le mot hébreu, comme représentant une chose qui n’avait pas son équivalent chez les Grecs. Aquila et Symmaque le traduisent par -/pinot-TioTTipiov, « résidence d’un oracle. » Cf. Diodore de Sicile, i, 1. Saint Jérôme le rend dans la Vulgate par oraculum. Ailleurs, In Epist. ad Ephes., i, t. xxvi, col. 476, il dit que debîr serait traduit plus exactement par ><x).ï|riipiov, loculorium, que notre mot « parloir » rendrait littéralement. Saint Jérôme fait venir debîr du verbe ddbar, « parler. » C’est pourquoi, à propos du propitiatoire, il ajoute « c’est-à-dire l’oracle », Exod., xxxvii, 6, ou appelle directement « oracle » le propitiatoire. Exod., xxv, 18, 20 ; XL, 18 ; Lev., xvi, 2 ; etc. Là où l’hébreu dit « parler avec Jéhovah » il traduit « consulter l’oracle ». Num., vii, 89 ; II Reg., xxi, 1. Le saint docteur s’exprimait ainsi pour donner aux lecteurs de )a Bible quelque idée de ce qui se passait auprès de l’Arche, en rapprochant ce phénomène divinement surnaturel de Yoraculum idolâtrique. Cf. Cicéron, De divinat., i, 19. Mais il est loin d’être certain que debîr emprunte au verbe ddbar le sens de parole. La même racine, en arabe et en syriaque, a aussi le sens d’  « être en arrière », et dans les lettres de Tell-el-Amarna, l’assyrien dubburu veut dire « repousser, chasser ». Le debîr serait donc simplement la « partie postérieure », l’arrière du Temple. Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 318 ; Buhl, Gesenius’Handwôrterb., p. 166. C’est là du reste ce qui ressort clairement de l’identification faite par le texte sacré entre debîr hab-bâyît, « l’arrière de la maison, » et qodés haq-qôddsîm, « le Saint des saints. » III Reg., viii, 6. Là encore saint Jérôme traduit l’hébreu debîr hab-bâîf par « l’oracle de la maison ». En réalité, il y avait entre le debîr et le propitiatoire ou oracle proprement dit la différence qui sépare le contenant du contenu. "Voir Propitiatoire. — Le debîr du Tabernacle avait dix coudées dans tous les sens, Exod., xxvi, 22 ; cf. Josèphe, Ant. jud., III, vi, 4, et celui du Temple de Salomon vingt coudées. II Par., iii, 8. Il ne contenait absolument que l’Arche et était fermé par un voile, en avant duquel on plaçait la table des pains de proposition, le chandelier et l’autel des parfums. Exod., xxvi, 33-35. Le grand-prêtre ne pénétrait à l’intérieur qu’une fois l’an, à l’occasion de la fête des Expiations. Num., xvi, 13 ; Heb., ix, 17. Mais il s’agit ici d’une cérémonie solennelle. Le grand-prêtre et les prêtres entraient dans le Saint des saints quand il y avait nécessité, comme, par exemple, pour l’entretien du lieu, le soin de l’Arche, etc. Le second Temple ne possédait plus l’Arche d’alliance ; le debîr était donc vide. Pompée y pénélra après la prise de Jérusalem, « d’où l’information qu’il n’y avait à l’intérienr aucune image de dieux, mais un emplacement vide et de vains mystères. » Tacite, Rist., v, 9. Quand Titus entra dans le Temple à son tour, il ne put que jeter un rapide regard sur le Saint, tô « yiov, et les objets qui s’y trouvaient ; il n’est pas dit qu’il se « oitavancéjusqu’au Saint des saints. Josèphe, Bell, jud., VI, iv, 7. À la place de l’Arche, il y avait seulement dans le debîr une pierre appelée’èbên Hfîyâh, « pierre de position, » qui s’élevait de trois doigts au-dessus du sol. Yonia, v, 2. Les Musulmans prétendent que cette pierre est conservée dans la mosquée d’Omar, appelée pour cetle raison El-Qoubbet es-Sakrah, « coupole du rocher. » Cf. Chauvet-Isambert, Syrie, Palestine, Paris, 1890, p. 278. Ce rocher, qui occupe presque toute la surface située sons la coupole, n’est autre chose que le sommet du mont Moriah, et servait probablement de base à l’autel des holocaustes. Cf. V. Guérin, Jérusalem, Paris, 1889, p. 368 ; Reland, Antiquitates sacras, Utrecht, 1741, p. 26, 39, 63 ; C. lken, Antiquitates hebraicai, Brème, 1741, p. 56. Voir Temï>le. — Dans Ézéchiel, xxi, 23, la Vulgate emploie le mot « oracle » dans un passage où il n’est question que de divination. Voir t. ii, col. 1444.

— Pour l’oracle de Béelzébuh, IV Reg., i, 2-3, voir

Béelzébub, t. i, col. 1547. — L’Écriture condamne la consultation des oracles idolâtriques. Ose., IV, 12 ;

Hab., ii, 119 ; Sap., un, 17.

H. Lesêtre.
    1. ORAGE##

ORAGE (hébreu : galgal, sôfdh, sa’ar, s’ârâh, sd’âvdh, sô’âh ; Septante : xaïaiyii ; , (rudasiapiô ; , ^Eijjitiv ; Vulgate : procella, lempestas, turbo), perturbation atmosphérique, accompagnée de grand vent, de pluie, de grêle, d’éclairs et de tonnerre, ou seulement de quelques-uns de ces phénomènes. L’orage a son siège dans des nuées épaisses amenées par un vent fort, que l’auteur de Job, xxxvii, 10, appelle niimafêl, « souffle de Dieu, » itvoî|’Iaxup°û> fiante Deo. Voir Vent.

1° Les orages en Palestine. — 1. D’avril à novembre, il ne pleut pour ainsi dire jamais en Palestine ; il est même très rare, durant cette période, que quelques nuages apparaissent dans le ciel. En hiver, pendant la saison des pluies, de novembre à la fin de mars, les orages ne sont pas rares ; en dehors de cette saison, ils sont inconnus. Aussi les Israélites regardent-ils comme une merveille que Samuel ait pu obtenir la production d’un orage pendant la moisson des blés, c’est-à-dire en avril ou en mai. I Reg., xii, 17, 18. Ce sont les vents d’ouest qui amènent la pluie en Palestine ; des orages éclatent soit quand ces vents se rencontrent avec des vents opposés, soit quand l’air chaud et humide s’élève dans les hauteurs de l’atmosphère et s’y condense. Quelques fois l’orage a son contre-coup sur des régions qui ne l’ont pas subi. L’eau déversée en abondance par les nuées orageuses roule torrentiellement dans les vallées et peut aller causer des désastres à une assez grande distance. Voir Inondation, t. iii, col. 883. — 2. Les auteurs sacrés parlent assez souvent des orages et énumèrent les différents phénomènes qui les composent. David décrit ainsi un orage, dont il fait l’accompagnement d’une théophanie. C’est Jéhovah qui se manifeste :

Il incline les deux et descend ;

Un nuage sombre est sous ses pieds.

Porté sur le chérubin, il s’élance,

Il plane sur les ailes du vent.

Des ténèbres, il fait son manteau,

Sa tente est d’eaux obscures et de nuages épais.

De la splendeur qui l’entoure partent les nuées,

Avec la grêle et les charbons ardents.

Alors Jéhovah tonde dans les cieux,

Le Très-Haut fait retentir sa voix.

Ps. xviii (svii), 10-14. Un autre Psaume, xxix (xxviii), 3-9, décrit plus spécialement le tonnerre et ses effets. Voir Tonnerre. Les auteurs ont observé le développement des orages et des ouragans. Ils n’en savent pas l’origine : l’ouragan sort de retraites cachées, Job, xxxvii, 9, et il échappe à l’œil de l’homme. Eccli., xvi, 21. On pouvait cependant les présager. Un ciel qui dès le matin paraît rouge et chargé, iruppôCee <mrpà£wv, rutilât triste, annonce de l’orage pour la journée. Matth., xvi, 3. Au commencement, il s’élève un vent violent qui chasse devant lui la poussière et tous les objets légers, Job, xxi, 18 ; Ps. lvih (lvh), 10 ; lxxxiii (lxxxii), 14 ; Is., xvii, 13 ; xxix, 5 ; XL, 24 ; Sap., v, 15 ; et parfois brise tout sur son passage. Job, IX, 17. Puis soudain, en un instant, c’est le fracas, le tonnerre, la pluie, la grêle, le tourbillon, le feu de la foudre. Is., xxviii, 3 ; xxix, 6 ; xxx, 30 ; Ezech., xiii, 11, 13. Tous ces effets sont si terrifiants, surtout dans un pays chaud et montagneux, que les écrivains sacrés y reconnaissent comme une intervention directe de Dieu. Ps. l (xlix), 3 ; Nah., i, 3. Il y a ordinairement orage dans les cas où les auteurs sacrés mentionnent la chute de la grêle, comme à la septième plaie’d’Egypte, Exod., îx, 24 ; à la bataille de Gabaon. Jos., x, 11, etc. Voir Grêle, t. iii, col. 336. Saint Jean s’inspire des idées des anciens écrivains de la Bible, quand il décrit la manifestation