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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/957

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OREB — OREILLE


"pare le désastre de Madian en celle circonstance à celui tles Égyptiens poursuivant les Hébreux au passsage de la mer Rouge. Cf. Ps. lxxxiii (lxxxii), 12. Voir Gédêon, t. iii, col. 148.

2. OREB (ROCHER D’) (hébreu : Sûr’Ôrêb ; Septante : Snùp QpT(g. Jud., vii, 25 ; totcoç OXiil/eMç, Is., x, 26 ; Vulgate : Petra Oreb), nom donné au rocher auprès duquel "fut tué le chef madianite Oreb. Il n’est pas possible aujourd’hui de l’identifier. Quelques exégètes, comme -Gesenius, Thésaurus, p. 1064, l’ont placé à l’est du Jourdain, mais le texte des Juges, vii, 25, indique -clairement que ce rocher était à l’ouest du fleuve et -probablement non loin de ses rives.

    1. OREILLE##

OREILLE (hébreu : ’oze’n ; Septante : o5 ?, wriov ; "Vulgate : ouris, auricttlo), organe de l’audition.

I. L’organe extérieur. — 1° L’oreille est faite pour percevoir les sons. Elle saisit les plus faibles bruits, Judith, XIV, 14 ; Job, IV, 12, et distingue les paroles. Job, xii, 11 ; xxxiv, 3. C’est Dieu qui lui a donné cette faculté, Prov., xx, 12, et qui la lui a donnée libéralement, -car l’oreille ne se lasse pas d’entendre. Eccle., i, 8. Cependant, pour le vieillard, « disparaissent toutes les filles du chant, » parce qu’il devient sourd avec l’âge. Eccle., xii, 4. Pour éviter d’entendre, les oreilles ne peuvent pas se fermer d’elles-mêmes, comme les yeux se ferment au moyen des paupières ; il faut les boucher avec les mains. C’est ce que firent les Juifs en entendant le discours de saint Etienne. Act., vii, 56. Obligés par "l’usage à déchirer leurs vêtements quand ils entendaient un blasphème, voir Blasphème, t. i, col. 1807 ; Déchirer ses vêtements, t. ii, col. 1337, les Juifs s’exemptaient des conséquences de cette prescription en se bouchant les oreilles et en poussant des cris. — 2 3 Les oreilles des sourds devaient s’ouvrira l’époque du Messie. Is., xxxv, 5. Notre-Seigneur réalisa la prophétie en guérissant des sourds, ce qu’il fit spécialement quand une fois il mit des doigts dans les oreilles d’un sourd et leur commanda de s’ouvrir. Marc, vii, 33, 34. — 3° On ornait l’oreille au moyen de boucles d’or. Gen., xxxv, 4 ; Exod., xxxii, 2 ; Ezech., xvi, 12, etc. Dans la consécration d’Aaron et de ses fils, Moïse dut mettre sur le lobe de leur oreille droite du sang du bélier offert en sacrifice. Exod., xxix, 20 ; Lev., viii, 23, 24. Une cérémonie semblable avait lieu pour la purification du lépreux. Lev., xiv, 14, 17, 25, 28. Le rite employé pour le grandprêtre et ses fils indiquait qu’ils devaient être toujours prêts à écouter Jéhovah et à obéir à ses ordres. Cf. Bâhr, Symbolik des mosaischen Cultus, Heidelberg, 1839, t. ii, p. 425. Sur le rite employé pour le lépreux, voir Lèpre, col. 184. — 4° Les oreilles pouvaient subir différents accidents extérieurs. On les perçait naturellement pour y suspendre divers ornements. Quand un esclave désirait rester à perpétuité chez son maître, sans profiter de la libération que lui assurait le retour de l’année jubilaire, le maître le menait devant Jéhovah, comme pour prendre Dieu à témoin de l’engagement contracté, puis il le faisait revenir à la maison et, auprès de la porte, il lui perçait l’oreille avec un poinçon. Exod., xxi, 6 ; Deut., xv, 17. D’après ce second texte, l’oreille était fixée sur la porte avec le poinçon. C’était une manière d’indiquer que l’esclave était pour toujours attaché à la maison par l’oreille, c’est-à-dire l’obéissance. Ce rite était usité chez d’autres peuples pour signifier la sujétion à laquelle se vouait quelqu’un soit envers un maître, soit envers les dieux. Cf. Arbiter Pétrone, Satir., lxiii ; Juvénal, Sat., 1, 102 ; Plutarque, Sympos., ii, 1 ; Rosenmûller, In Exod., Leipzig, 1785, p. 532-533. Au Psaume xl (xxxix), 7, le serviteur de Dieu lui dit, d’après l’hébreu : « Tu m’as percé les oreilles. .. Je veux faire ta volonté. » Il est possible qu’il y ait là une allusion à la condition d’esclave volontaire et per

pétuel, qui n’existe plus que pour faire la volonté de son maître. Mais les textes législatifs ne parlent que d’une oreille, et ici il est question des deux. L’expression serait donc plutôt à prendre dans un sens général : Tu m’as creusé des oreilles, tu m’as fait capable de t’entendre et de t’obéir. Cf. Delitzsch, Die Psalmen, Leipzig, 1873, t. i, p. 323. La Vulgate confirme ce second sens : Aures autem perfecisti mihi, « tu m’as façonné des oreilles. » Mais on lit dans les Septante : nôijjia Se xaTripTt’dw (ioi, et dans le Psautier romain : corpus autem perfecisti mihi, « tu m’as façonné un corps. » Il est fort peu probable que, par une confusion de lecture, on ait substitué CQMA à OTIA, car déjà dans l’Épître aux Hébreux, x, 5, on trouve reproduit le texte des Septante. Le sens ne diffère pas, quant au fond, entre les deux textes. Les Septante, reconnaissant le caractère messianique du passage, ont remplacé une métaphore peu intelligible en elle-même par une expression plus aisée à saisir. En venant sur la terre, le Messie reçoit un corps, une nature humaine, qui doit lui permettre d’obéir à la volonté du Père. Cf. V. Thalhofer, Erklàrung der Psalmen, Ratisbonne, 1880, p. 246. — Ézéchiel, xxiii, 25, annonce à Jérusalem que les Chaldéens lui couperont le nez et les oreilles. Saint Jérôme, In Ezech., vii, 23, t. xxv, col. 220, reconnaît ici le châtiment d’une femme adultère que l’on défigure pour qu’elle cesse de plaire aux complices de ses désordres. Les mutilations de cette nature étaient fréquemment infligées aux vaincus par les Assyriens, les Chaldéens, les Perses et les autres peuples asiatiques. On sait que le mage Gaumâta, qui avait une ressemblance élonnante avec Smerdis, fils de Cyrus, réussit à régner pendant quelques mois à la place de ce dernier, et ne fut démasqué que grâce à sa privation d’oreilles, celles-ci lui ayant été coupées antérieurement pour quelque méfait. Cf. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, t. iii, 1899, p. 673. Chez les Égyptiens, on coupait le nez et les oreilles à ceux qui s’étaient rendus coupables de certains délits. Cf. Diodore de Sicile, i, 60, 78 ; Hérodote, ii, 162 ; Dévéria, Le Papyrus judiciaire de Turin, p. 64-65, 116121 ; Maspero, Une enquête judiciaire, p. 86 ; Histoire ancienne, 1. 1, p. 337 ; t. ii, p. 288. Chez les Assyriens, on procédait de même. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. ii, p. 638, — À Gethsémani, saint Pierre coupa d’un coup d’épéè l’oreille d’un serviteur du grand-prêtre, Malchus, que Notre-Seigneur guérit aussitôt. Matth., xxvi, 51 ; Marc, xiv, 47 ; Luc, xxii, 50, 51 ; Jx>a., xviii, 10, 26. — 5° Le berger arrache quelquefois un bout d’oreille de sa brebis à la gueule du lion. Am., iii, 12. Il était fort imprudent de prendre un chien, surtout ur » chien d’Orient, par les oreilles, ou, d’après les Septante, par la queue. Prov., xxvi, 17. — Les idoles ont des oreilles, mais sont incapables d’entendre. Ps. exiv (cxin), 6 ; Sap., xv, 15. — Il faut entourer d’une haie d’épines son domaine, d’après les Septante, ses oreilles, d’après la Vulgate. Eccli., xxviii, 28. Le second sens paraît plus en harmonie avec le contexte. Il y aura eu confusion, dans la lecture de l’hébreu, entre fan, ’on, « possession, » et fiN, ’ozén, « oreille. »

II. L’orgine intérieur, c’est-à-dire l’attention et l’intelligence pour écouter, comprendre et même exécuter ce qu’énoncent les paroles perçues par l’organe extérieur. 1° Différentes locutions se rapportent à ces actes. « Parler à l’oreille » de quelqu’un, c’est s’adresser directement à lui. Gen., xx, 8 ; xliv, 18 ; l, 4 ; Exod., x, 2 ; xvii, 44 ; Deut., v, 1 ; xxxii, 44 ; Jos., vi, 5, 20 ; Jud., V, 3 ; 1 Reg., viii, 21 ; xxv, 4, etc. C’est ainsi que le cri de la prière vient aux oreilles de Dieu, II Reg., xxm 7 ; Ezech., Vin, 18 ; ix, 1 ; Jacob., v, 4, etc. ; et qu’une nouvelle monte aux oreilles, IV Reg., xix, 28 ; Is., XxXVii, 29, ou arrive aux oreilles. Act., xi, 22. — 2<> <( Ouvrir l’oreille » de quelqu’un, c’est lui faire un

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