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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1071

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TEREBINTHE — TERRE

Isaïe, lxi, 3, compare les Israélites assagis par la captivité au térébinthe, à cause de son tronc vigoureux et de son feuillage vert :

On les appellera des térébinthes de justice
Une plantation de Jahvéh pour sa gloire.

Cependant dans ces deux exemples le sens de térébinthe pour ʾêlim, assez généralement adopté par les exégètes, Condamin, Le livre d’Isaïe, in-8°, Paris, 1905, p. 14, et 354, n’est pas absolument certain. Ce mot pourrait bien n’avoir que le sens général de « grand arbre ». Ce sens général du moins se comprend mieux dans Exod., xvi, 1, où le nom de ʾÉlim est donné à un lieu où il n’y avait pas de térébinthes, mais soixante-dix beaux palmiers. En araméen, ʾilênâ ilônô est le nom d’arbre en général. Dans Daniel, IV, 10, 11, 14, 20, 23, 26, ʾilân a le sens du mot arbre.

Le térébinthe dans la Bible. — Le livre de l’Ecclésiastique, xxiv, 22, dans l’éloge de la Sagesse, fait allusion au port majestueux du térébinthe :

Comme un térébinthe j’ai étendu mes rameaux,
Et mes rameaux sont des rameaux de gloire et de grâce.

C’est la même image qu’on rencontre dans la prophétie de Jacob, xlix, 21, entendue avec les leçons lues par les Septante :

Nephthali est un térébinthe qui étale ses rameaux,
Il fournit des branches splendides.

Dans les pays brûlés par le soleil, on cherche volontiers l’ombre des grands arbres. Le prophète de Béthel trouva l’homme de Dieu venu de Juda assis sous le térébinthe, III Reg., xiii, 4 ; c’est sous le térébinthe qui était à Éphra que Gédéon trouva l’ange du Seigneur et vint lui offrir des pains sans levain et la chair d’un chevreau. Jud., VI, 11, 19. Les rameaux s’étalent souvent à peu de distance du sol : Absalom s’enfuyant sur son mulet s’embarrassa dans les branches touffues d’un térébinthe et resta suspendu par la chevelure. II Reg., xviii, 9, 10, 14. Chez les Hébreux, le peuple, vivant près des Chananéens ou des Arabes, en adopta souvent les pratiques et eut ses arbres sacrés. P. Lagrange, Études sur les religions sémitiques, in-8°, Paris, 1903, p. 168-179 ; H. Vincent, Canaan, in-8°, Paris, 1907, p. 144-146 ; A. Janssen, Coutumes des Arabes au pays de Moab, in-8°, Paris, 1903, p. 330, 334. Les beaux térébinthes étaient, comme les chênes, choisis de préférence. Au pied du térébinthe on offrait des sacrifices. Ose., IV, 3. Sous le térébinthe de Sichem, Jacob enfouit les téraphims que les membres de sa famille portaient avec eux. Gen., xxxv, 4. C’est au pied du térébinthe de Jabès qu’on enterra les corps de Saül et de ses fils. I Par., x, 12. Soit à cause d’un térébinthe célèbre, soit à cause d’une futaie de ces arbres, la vallée près de Masépha avait pris le nom de vallée du Térébinthe. C’est là que les Israélites rencontrèrent les Philistins et que David frappa Goliath et lui trancha la tête. I Sam. (Reg.), xvii, 2, 19 ; xxi, 9. Elle se nomme aujourd’hui Ouadi-es-Samt. Le térébinthe dont les branches ont été coupées et repoussent sert de comparaison au prophète pour annoncer la vie nouvelle que reprendra la souche d’Israël. Is., l, 29, 30.

Produit du térébinthe. — Parmi les objets et les productions de la Palestine portées par les enfants de Jacob au minisire du pharaon, Gen., xliii, 11, figurent les botnim que les Septante traduisent par τερέϐινθος et la Vulgate par terebinthus. Il ne saurait s’agir du fruit du térébinthe, mais bien des noix du pistachier (voir t. v, col. 444). Au contraire le ṣǒri ou ṣeri du même passage de la Genèse que les Septante traduisent par ρήτινης et la Vulgate par retina, paraît bien être la résine du Pistacia Terebinthus. Comme on le sait, le suc résineux de cet arbre, qui exsude par les fissures de l’écorce durant tout l’été, coule avec plus d’abondance lorsqu’on a soin au printemps de pratiquer des incisions au tronc et aux principales branches. On fait tomber la résine sur des pierres plates placées au pied de l’arbre et on la ramasse après qu’elle a été un peu durcie par la fraîcheur de la nuit. Un térébinthe de grande taille, d’un mètre cinquante de circonférence environ, n’en produit que 300 à 350 grammes par an. C’était donc un produit assez rare et il était très apprécié. « Nous savons, dit Galien, que la meilleure de toutes les résines est la térébinthine ; nous l’employons pour la confection des médicaments. » Ces caractères conviennent exactement au ṣǒri biblique. C’était un produit de Galaad. Gen., xxxviii, 25 ; Jer., xlvi, 11. C’est dans la forêt d’Éphraïm, à l’est du Jourdain, qu’un térébinthe fut fatal à Absalom. II Sam. (Reg.), xviii, 14. Des caravanes de marchands ismaélites venant de Galaad l’emportaient en Égypte. Gen., xxxvii, 25. Jérémie conseille à l’Égypte malade de monter en Galaad pour y trouver le ṣǒri bienfaisant. Jer., xlvi, 11. Comme on le fait d’une substance rare et précieuse, on peut en offrir sans déshonneur une petite quantité. Gen., xliii, 11, Jacob remet à ses enfants pour le ministre du Pharaon modicum resinæ. C’est un des produits qu’Israël continua d’exporter sur les marchés de Tyr. Ezech., xxvii. Ce produit servait à préparer des médicaments. Jer., viii, 22 ; xli, 11 ; li, 8.

N’y a-t-il plus de ṣǒri en Galaad ?
Ne s’y trouve-t-il plus de médecins ?
Pourquoi n’as-tu pas mis un bandage
À la fille de mon peuple ?

Il n’est pas sans intérêt, pour l’identification présente du ṣǒri, de dire que chez les Arabes la résine du lentisque s’appelle ṣeri, ṣeru, et qu’ils confondaient le lentisque et le térébinthe en les appelant du même nom. Les tribus arabes du nord de l’Afrique utilisent pour les menus usages la résine d’une espèce voisine du terebinthus, le Pistacia atlantica.

La résine du térébinthe était connue en Égypte sous le nom de ***** , sounter (en copte corrre). On trouve le nom dans les plus anciens textes. On voit par le papyrus médical de Berlin (p. 3, lig. 5) qu’il était employé dans les remèdes. On voit par les allusions de Jérémie, xli, 11, que les Égyptiens le faisaient venir de Galaad. Les inscriptions de Deir-el-Bahari nous montrent qu’ils le trouvaient aussi sur les bords de la mer Rouge, au pays de Pount.

Voir O. Celsius, Hierobotanicon, in-8°, Amsterdam, 1748, 1. 1, p. 34-58 ; Gesenius, Thesaurus, p. 50-51 ; V. Loret, La flore pharaonique, 2e edit., in-8°, Paris, 1892, p. 97 ; A. P. Stanley, Sinai and Palestine, in-8°, Londres, 1858, p. 518-520.

E. Levesque.

TERPHALÉENS (hébreu : Tarpelâyê’; Septante : Tαρφαλλαῖοι), peuple vaincu par le roi d’Assyrie Asenaphar (forme altérée du nom d’Assurbanipal, t. i, col. 1080, selon toute probabilité) et déporté par lui en Samarie. I Esd. r iv, 9. L’identification des Terphaléens est incertaine. On a rapproché ce nom des Tαπονροί de Ptolémée, vi, 2, 6 ; Arrien, Alex., III, 8, 7, Tάπυροι, dans Strabon, XI, viii, 6 ; ix, 1 ; xiii, 3, tribu mède à l’est de l’Elymaïde, et aussi des Tαρπῆτες ; de Strabon, XI, ii, 11, tribu Méotide (Mαιῶται). Rawlinson a proposé de les reconnaître dans les Tuplai des inscriptions assyriennes, c’est-à-dire dans les Τιϐαρηνοί du Pont ; Hitzig dans Tripoli de Phénicie, etc. Toutes ces conjectures sont loin d’être établies, et aucune n’est satisfaisante.


TERRE (hébreu : ʾéréṣ, la terre en général, ʾadâmâh, la matière dont la terre est formée ou un pays, ṭêbêl, terme poétique ; chaldéen : ʾăraṣ, ʾăraq ; Sep-