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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1149

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TIMOTHÉE (DEUXIÈME ÉPITRE A)


l’Épltre aux Romains. On pourra s’en rendre compte par le tableau suivant : i, 3 = Rom., i, 8 ; i, 7 = Rom., vin, 15 ; i, 8 = Rom., i, 16 ; Eph., iv, 1 ; i, 9 = Rom, , xvi, 25 ; Eph., i, 4 ; ii, 8 ; i, 11 = I Tim., ii, 7 ; i, 14 = Rom., viii, 11 ; ii, 4-6 = I Cor., ix, 7 ; ii, 11. 13 = Rom., vi, 8 ; viii, 7 ; ii, 16 = Tit., iii, 9 ; ii, 22 = ITim., vi, 11 ; iii, 5 = TH., i, 16 ; iii, 7 = Tit., i, 16 ; iii, 1 ; iv, 6 = Phil., i, 23 ; ii, 17.

3° Authenticité. — Du côté de la critique interne, la seconde Épître à Timothée se trouve bien plus favorisée que les deux autres Pastorales. On y sent davantage le ton, les manières, les sentiments de saint Paul ; sa profonde affection pour ses compagnons d’apostolat, sa tendresse paternelle pour Timothée, sa délicate sensibilité. Avec cela, sa haute idée de l’apostolat, son insistance à rappeler, à tout propos, son enseignement et ses souffrances, le même beau mépris de la mort, le même dévouement pour la cause de l’Église, la même promptitude à donner son sang comme libation pour assurer le sacrifice de foi des fidèles, la même assurance par rapport à la protection divine. On retrouve, aussi, dans ces pages, l’amour de l’Apôtre pour ses anciens coreligionnaires, i, 3 ; Phil., iii, 5, sa haute estime, son culte pour les écrits de l’Ancien Testament, ni, 16, 17, son respect des traditions juives, IV, 8. Mêmes affinités avec les doctrines des grandes Épîtres : la prédestination, la grâce, la victoire sur la mort, la résurrection du Christ, base de notre espérance, la nécessité de souffrir, le courage chrétien, les épreuves de la foi. Aussi, dans toutes les parties, il n’y a rien qui ne rappelle, d’une façon ou d’une autre, la plume du grand Apôtre. Ajoutons que, dans le détail, les faits répondent, sans trop d’effort, à l’état de choses général qui ressort de l’ensemble de la lettre ou qui résulte des autres données de l’histoire. « On peut même dire, dit Reuss, qu’aucune autre, parmi les Épîtres pauliniennes, ne lui est comparable à cet égard. Le fait que le ton y change plusieurs fois, selon que l’auteur est dominé momentanément par l’idée de sa fin prochaine ou qu’il se dégage de cette préoccupation pour ne songer qu’à la cause qu’il défend, ce fait n’est qu’une preuve de plus que nous avons là des épanchements naturels qui doivent provoquer la sympathie et désarmer la critique. C’est à dessein, continue le même auteur, que nous avons écrit cette dernière phrase. Car, de nos jours, la majorité des savants qui se sont occupés de l’histoire de la littérature apostolique ont exprimé la conviction que les deux Épîtres à Timothée et celle à Tite sont une production postiche du second siècle et ne sauraient être attribuées à l’apôtre Paul. Nous ne nous trompons pas en disant que, si celle que nous avons devant nous, en ce moment, existait seule, et que nous ne possédions plus les deux autres, il est peu probable que de pareils doutes eussent jamais surgi. Car, à y regarder de près, les arguments produits par la critique à l’appui de sa manière de voir sont empruntés, à bien peu d’exceptions prés, au texte de ces dernières. La raison pour laquelle la deuxième à Timothée a été comprise dans le même arrêt de réprobation, c’est qu’on leur a trouvé à toutes les trois une certaine physionomie commune, laquelle cependant, si l’on veut rester dans les limites du positif, se réduit à bien peu de chose. » Les Épîtres Pauliniennes, t. ii, p. 219. Renan a été si frappé de l’accent sincère de certains versets de cette Epître que, tout en tenant l’écrit entier, sous sa forme actuelle, pour une sorte de roman historique, il ne peut s’empêcher d’admirer avec quelle habileté l’auteur a su conserver le sentiment très juste de la situation de Paul à ses derniers moments. Aussi ne trouve-t-il pas impossible qu’on se soit servi, pour la rédaction des Épîtres pastorales, de billets authentiques adressés à Tite et à Timothée, qu’on aurait délayés dans un sens conforme aux idées du temps et


avec l’intention de prêter l’autorité de l’Apôtre aux développements que prenait la hiérarchie ecclésiastique. Saint Paul, Introd., p. xlviii. La plus sérieuse diffl-. culte contre l’authenticité de cette jipttre vient donc de ses attaches littéraires avec les deux autres Pastorales, surtout de cette forte proportion d’Hapax legomena (il y en a 41) et d’expressions stéréotypées qu’elle a en commun avec ces deux écrits, et qui font soupçonner une main étrangère. Son sort est ainsi hé à celui des deux autres Épîtres et en partage les vicissitudes.

4° Intégrité. — Les hypothèses imaginées, dans ces derniers temps, pour faire de cette Épître le résultat d’un amalgame de lettres ou de billets pauliniens n’ont d’autre appui théorique que des hypothèses de critique interne. Les manuscrits ne portent trace d’altération ni de juxtaposition d’aucune sorte. On allègue donc contre l’unité du présent morceau diverses considérations tirées du contenu de la lettre. Il semble, observent certains critiques, que l’Épître poursuit simultanément deux buts contradictoires, les premiers chapitres donnant des instructions à Timothée, comme s’il devait continuer son ministère, à Ephèse, les derniers, au contraire, le pressant de venir à Rome. Il y a, d’autre part, des détails, dans certaines parties de la lettre, qui contredisent d’autres passages du même écrit, par exemple, iii, 6=n, 17 ; iv, 11 ; iv, 21. Enfin, plusieurs passages portent l’empreinte de Paul alors que d’autres, par exemple, ii, 14-nr, 9, ne sont que de vagues généralités ou peuvent facilement se détacher du contexte, I, 15-18. De là, les deux essais tentés, il y a quelque temps, pour reconstituer, sous leur forme primitive, les lettres ou billets qui ont servi à composer cette unique Epître. Le premier essai retrouve les fragments des deux lettres : l’une, I, l-iv, 8 + IV, 19-21 et 22, écrite par Paul lors de sa seconde captivité ; l’autre, iv, 9, 18 + iv, 22, datant de la prison de Césarée ou bien de la première captivité à Rome. Dans la seconde tentative de reconstitution, on suppose que, vers le règne de Domitien, un disciple de Paul recueillit des fragments de lettres authentiques et en fit une seule lettre. Son but était de soutenir le courage des fidèles en face de la persécution et de les mettre en garde contre certaines nouveautés doctrinales. Plusieurs critiques vont jusqu’à préciser les divers morceaux qui ont été mis à contribution. L’auteur, d’après eux, aurait d’abord utilisé une lettre très courte écrite par Paul dans le cours de la troisième mission, et ayant pour objet de rappeler Timothée auprès de lui, lettre comprenant iv, 9-15 + 19 ; 21 + 22 a, puis il aurait inséré une autre missive dans laquelle, sur la fin de la captivité de Rome, l’Apôtre encourageait le même disciple à bien s’acquitter de sa tâche, i, 1 + ii, 13 + iii, 10 + IV, 8 + iv, 16, 18 ; enfin, il aurait ajouté de son propre chef, tout un passage, ii, 14 + iii, 9. Voir, pour plus de détails, Clemen, DieEinheitlickkeitder Paul. Briefe, p. 142-156 ; Mac Giffert, The apostolic âge, p. 404-414 ; Moffatt, The hist. N. T., p. 700-704. Une exégèse attentive à faire ressortir, dans cette lettre, la liaison des idées, leur harmonie parfaite avec la situation donnée, leur couleur nettement paulinienne, sera le moyen de démonstration le plus efficace pour montrer ce que valent ces diverses suppositions. *

5° Importance. — Cette lettre n’ajoute que peu de chose à la théologie de saint Paul. En fait de doctrine, elle se borne à affirmer l’inspiration de l’Ancien Testament, son utilité pour la prédication chrétienne ; elle insinue peut-être une formule de prière pour les morts, 1, 18, déjà en usage chez les fidèles ; elle montre la force qu’on peut puiser dans le dogme de la Résurrection du Christ, pour affronter la mort et les supplices. Comme ecclésiologie, rien d’original. Avec la première à Timothée, cette seconde lettre atteste la signification

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