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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1225

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VENGEANCE — VENT

Dieu : « Ne tirez pas vengeance de mes péchés. » Tob., m, 3.

Vengeance humaine.

Dieu défendit la vengeance aux Israélites, au moins à l’égard de leurs frères : « Tu ne le vengeras pas, tu ne garderas pas de rancune contre les enfants de ton peuple. » Lev., xix, 18. « Celui qui se venge éprouvera la vengeance divine, et le Seigneur conservera soigneusement ses péchés. s Eccli., xxviii, 1. II y a cependant des vengeances justes, celles que Samson tire des Philistins, Jud., xv, 7 ; xvi, 28 ; celle que David exerce sur ces mêmes Philistins au nom de Saûl, I Reg., zvin, 25 ; celle des Hébreux contre leurs ennemis à Gabaon, Jos., x, 13 ; celle de Jonathas et de Simon contre les meurtriers de leur frère, I Mach., ix, 42 ; celle du mari outragé contre l’adultère. Prov., vi, 34. D’autres vengeances sont exagérées ou même totalement injustes, celle de Siméon et de Lévi contre les insulteurs de leur sœur, Gen., xxxiv, 27, celle de Joab contre Abner, II Reg., iii, 27, celle des ennemis de Jérémie contre le prophète, Jer., xx, 10, celle des Iduméens contre les Juifs, Ezech., xxv, 12. celle des Juifs de Perse contre leurs ennemis, Esth., viil, 13, celle des Syriens contre les Juifs. I Mach., 111, 15 ; cf. II Mach., viii, 11. — Saint Paul recommande expressément aux chrétiens de ne pas se venger eux-mêmes, mais de laisser agir la justice de Dieu. Rom., xii, 19. — Sur les sentiments de vengeance exprimés dans les Psaumes, voir Imprécation, 5°, t. iii, col. 854.

H. Lesêtre.

VENIN. Voir Poison, col. 493.


VENT (hébreu irûdh ; Septante : ctvsfio ; , uvj0|jia, 7cvoîi ; Vulgate : venins, spiritus), mouvement plus ou moins rapide des masses d’air atmosphérique, généralement dans le plan de l’horizon, et se propageant par insufflation ou par aspiration. Le vent résulte des différences de densité de l’air par suite de l’inégal échauffement du sol terrestre, et de quelques causes accessoires. Les anciens ignoraient la cause du vent. Les écrivains sacrés n’en parlent que comme d’un phénomène de la nature qui les intéresse surtout par ses effets. — Sur le régime des vents en Palestine, voir Palestine, t. iv, col. 2026.

Origine du vent.

Dieu a créé le vent, Am., iVi 13, comme toutes les autres forces de la nature. Il le tire de ses réservoirs, Jer., li, 16, et de ses trésors. Ps. cxxxv (cxxxiv), 7. Lui-même en règle la force, Job, zxviii, 25, et la direction. Eccli., xliii, 17. C’est pourquoi les écrivains sacrés appellent le vent « souffle des narines de Dieu », Exod., xv, 8, « souffle de la bouche de Dieu », Job, xv, 30, ou « souffle de Jéhovah ». III Reg., xviii, 12 ; IV Reg., ii, 16 ; Is., xl, 7 ; lix, 19, etc. — Notre-Seigneur a commandé au vent et s’en est fait obéir. Matth., viii, 26 27 ; Marc, iv, 37-40 ; Luc, viii, 23-25.

Différentes espèces de vents.

Les Hébreux distinguaient quatre vents, correspondant aux quatre points cardinaux d’après leur direction. Ezech., xxxvii, 9 ; Dan., viii, 8 ; Zach., ii, 36 ; Matth., xxiv, 31 ; Apoc, vii, 1. Il y a des vents de diverses natures, depuis la brise rafraîchissante, Gen., iii, 8 ; Cant., ii, 17 ; iv, 6, voir Souffle, col. 1853, jusqu’aux vents les plus violents. Voir Ouragan, t. iv, col. 1930. — Le vent du midi, ddrôm, têmân, vôto ; , auster, est un vent chaud, Job, xxxvii, 17 ; Luc, xii, 55, qui fait exhaler le parfum des fleurs. Cant., iv, 16. C’est celui qui, avec le vent d’orient, amena les cailles au désert. Ps. lxxvih (lxxvii), 26. Cf. Num., xi, 31. — Le vent du nord, sdfôn, mezàrim, poppô ; , aquilo, arcturus, amène les frimas, Job, xxxvii, 9, la pluie, Prov., xxv, 23, et même la gelée. Eccli., xun, 22 (30). — Le vent d’est, qddîm, y.aOuwv, « le brûlant », venins urens, arrive du désert et dessèche la végétation, Gen., xli, 6, 23, 27 ; Is., ii, 7 ; Ezech., xvii, 10 ; xix, 12 ; Jon., iv, 8 ; Ose., xiii, 15, brise les vaisseaux de Tharsis, Ps. xlvhi (xlvii), 8, amène les sauterelles en Egypte, Exod., x, 13, en attendant que le vent de nord-ouest, rûâh yâm, àirb 6a).àa-(7ïi ; , « de la mer », ab accidenté, les remporte. Exod., x, 19. Dans ce dernier passage, les Septante substituent au qddîm le vôto ; , vent du midi, ce qui supposerait que les sauterelles sont venues d’Ethiopie, tandis qu’en réalité elles sont arrivées d’Arabie. Quant au vent de mer, qui en Egypte souffle du nord ou du nord-ouest, il n’est un vent d’ouest qu’en Palestine où il apporte la pluie. III Reg., xviii, 44-45 ; Luc, xii, 54.

Dans son récit de la traversée de saint Paul se rendant en Italie, saint Luc mentionne plusieurs espèces de vents : Xi’iJ ; , africus, vent du sud-ouest ; y&poq, corus, vent du nord-ouest ; vôtoç, auster, vent du sud ; âvejjio ; T-jqjwvcx.ôç appelé eùpaxij}, v, ventus typhonicus, euroaquilo, vent du nord-est. Le mot sùpaxùXwv, composé du grec eîpo ; et du latin aquilo, ne se lit nulle part ailleurs. Ce devait être un mot imaginé par les marins pour leur usage. Act., xxvii, 12-14. — A Athènes, la tour octogonale des vents, construite vers le 1 er siècle avant J.-C, représente sur chacune de ses huit faces, répondant à la direction d’où soufflent les vents principaux, l’image sculptée d’un d’entre eux.

Effets du vent. « Le vent souffle où il veut et tu entends sa voix ; mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va. » Joa., iii, 8. Suivant la vitesse dont il est animé, il produit des effets plus ou moins énergiques. Il pousse et dissipe les nuées. Jud., 12 ; Job, xxxvii, 21. II emporte les choses légères, la poussière, Ps. xviii (xvii), 43, la paille. Job, xxi, 18 ; Ps. i, 4 ; lxxxiii (lxxxii), 14 ; Is., xvii, 13 ; xli, 2 ; lxiv, 6 ; Jer., xiii, 24 ; Dan., ii, 35. Il agite les feuilles des arbres, Job, xiii, 25, secoue les roseaux, Matth., xi, 7 ; Luc, vii, 24 ; Sap., iv, 4, et même casse des branches. Apoc, vi, 13. Il renverse les palissades, Eccli., xxii, 21, et les maisons sans fondements solides. Matth., .vu, 27. Il pousse les vaisseaux sur la mer, Jacob., iii, 4, refoule la mer elle-même, Exod., xiv, 21, et y déchaîne des tempêtes. Jon., i, 4 ; Dan., vii, 2 ; Matth., xiv, 24-32 ; Marc, vi, 48-51 ; Joa., vi, 18 ; Aot., xxvii, 4-15 ; Jacob., i, 6. Voir Tempête, col. 2023. À la Pentecôte, un vent violent, symbole sensible du Saint-Esprit, remplit tout le cénacle. Act., ii, 2.

Comparaisons.

Le vent violent, qui renverse et emporte tout, est l’image de la vengeance divine qui entraîne et ruine les méchants, Job, xxvii, 21 ; Is., xxvii, 8, les ennemis d’Israël, Is., xxvii, 8 ; Jer., xviii, 17, les pasteurs d’Israël, Jer., xxii, 22, les triûus arabes, Jer., xlix, 32, Tyr. Ezech., xxvii, 26. — Il est recommandé de ne pas vanner à tout vent, Eccli., v, 11, c’est-à-dire de ne pas embrasser successivement toutes les opinions qui courent, et de ne pas se laisser emporter à tout vent de doctrine. Eph., iv, 14. — Le vent est rapide ; c’est pourquoi on lui prête des ailes, comme à l’oiseau. II Reg., xxii, 11 ; Ps. xviii (xviii), il ; civ (cm), 3 ; Ose., iv, 9. — Le vent change souvent de direction et paraît venir tantôt d’un point de l’horizon, tantôt d’un autre. Job, xxx, 22, se plaint que Dieu le fait voler au gré du vent. On est ainsi amené à désigner une contrée par le nom du vent qui en vient, I Par-, ix, 24, et les quatre vents désignent les quatre points cardinaux. Jer., xlix, 36 ; Ezech., xii, 14 ; xxxvii, 9 ; xlii, 16-20 ; Dan., viii, 8 ; xi, 4 ; Zach., ii, 6 ; Matth., xxiv, 31 ; Marc, xiii, 27. — Le vent est chose légère, insaisissable, de nulle valeur, rien en apparence. Jer., v, 13. De là des expressions diverses pour signifier ce qui est vain et inutile : tenir des discours de vent, Job, xvi, 3 ; se gonfler la poitrine de vent, Job, xv, 2 ; se repaître de vent, Prov., x, 4 (Vulgate) ; Ose., xii, 1, 2 ; enfanter le vent, Is., xxvi, 18 ; parler pour le vent, Job, vi, 26 ; retenir le vent, Prov., xxvii, 7 ; saisir le