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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1277

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YULGATE


de correctoire, qui contiendrait toutes les modifications, les omissions et les additions de sa Bible et à l’aide duquel chacun pourrait corriger son propre exemplaire de la Vulgate. Mgr Baumgarten, op. cit., p. 25-26.

4. Son sort. — Sixte V mourut le 27 août 1590. Les critiques, que les membres de la congrégation, dont il n’avait pas admis toutes les corrections, avaient soulevées, de son vivant, contre sa Bible, redoublèrent après sa mort. Le 5 septembre, les Avvisi di Roma annonçaient que les cardinaux, chargés de l’administration de l’Église pendant la vacance du Saint-Siège, avaient suspendu la vente de la nouvelle Bible et de l’édition séparée de la bulle de Sixte V. Ibid., p. 96. Le 26 septembre, ils rapportaient l’interdiction absolue de vendre la Bible sixtine. Ibid., p. 97. Cette interdiction entraînait, de fait, la suppression de l’édition corrigée. À cette date, les dispositions de la bulle JSternus ille n’étaient pas encore obligatoires dans l’Église universelle, puisque Sixte V avait fixé un délai de quatre mois, expiré le 10 août, pour l’Italie, et de huit mois, non encore expiré, pour les pays transalpins. En effet, du vivant du pontife, l’inquisiteur de Venise avait voulu appliquer aux libraires de cette ville les dispositions de cette bulle. Le doge fit présenter par son ambassadeur Badoer des observations au pape, qui déclara que l’inquisiteur faisait du zèle et n’avait pas alors le droit d’interdire la vente des anciennes Bibles. Ce fait prouve nettement, ainsi que d’autres dépêches du même ambassadeur qui se trouvent aux archives d’État de Venise, que Sixte V avait fait une œuvre définitive et qu’il n’avait pas l’intention de la corriger. Voir F. Amanu, Die Bibel Sixtus V, dans Théologie und Glaube, Paderborn, 1912, p. 401-402. En outre, dès le mois de février 1591, Grégoire XIV confia à la Congrégation de l’Index le soin de réformer la Bible sixtine. Ce pape, ne voulant pas condamner l’œuvre de son prédécesseur, employa l’expédient que lui avait suggéré Bellarmin. Le Bachelet, op. cit., p. 37-38.

Sur la demande de Bellarmin, Clément VIII ordonna, le 15 février 1592, de racheter tous les exemplaires de la Bible sixtine, qu’on pourrait retrouver. Le nonce de Venise en rapporta plusieurs, le 24 août. Au mois de février 1593, on s’occupait de ceux que les jésuites avaient rachetés. Il était encore question de nouveaux rachats, au mois de janvier et d’avril 1594. Le Bachelet, op. cit., p. 54-56, 150-152, 198-199 ; Mgr Baumgarten, op. cit., p. 99-10-1.

5. Sa valeur. — La Bible sixtine était loin d’être dépourvue de valeur critique. Les changements, que Sixte V avait faits de sa propre autorité, n’étaient pas regrettables comme le prétendaient les adversaires de sa Bible. Ceux qu’a relevés Bellarmin, Loca prsecipua in Bibliis Sixti V mutata, dans Le Bachelet, op. cit., p. 130-134, cf. p. 44-45, sont peu importants. Voir d’autres reproches d’un censeur anonyme, ibid., p. 6162. Sixte V avait appliqué des principes critiques un peu différents de ceux qu’avait suivis la congrégation présidée par le cardinal Carafa ; il n’avait pas fait de modifications arbitraires dans le texte sacré. Si parfois il a choisi une leçon moins bonne, il a édité néanmoins un bon texte de la Vulgate, et sa Bible est le fruit d’un travail réellement scientifique. E. Nestlé, Ein Jubilâum den Lateinischen Bibel zum 9 november 1892, Tubingue, 1892, p. 17, et J. Wordsworth, Novum Testamentum D. N. J. C. latine, Oxford, 1898, t. i, p. 724, ont expressément reconnu les mérites critiques de la Bible sixtine.

4° La Bible clémentine. — 1. Sa préparation. — D’après les Avvisi di Roma, Baumgarten, op. cit., p. 98, Grégoire XIV chargea la Congrégation de l’Index de ramener la Bible sixtine à son ancienne forme, en

y introduisant les leçons qu’avait adoptées la congrégation présidée par le cardinal Carafa et que Sixte V avait rejetées. Dans la première réunion, tenue le 7 février 1591, on traita de la méthode à suivre, et on fixa cinq règles dans les séances suivantes. On en fit ensuite l’application, mais la revision avançait lentement, faute d’entente entre les consulteurs : on mit 40 jours à corriger la Genèse seule, et on commença l’examen de l’Exode, le 18 mars. Bellarmin écrivit probablement vers cette époque un mémoire De ratione servanda in Bibliis corrigendis, édité par le P. Le Bachelet, op. cit., p. 126-129. Il proposait de confier la revision de la Bible latine à un petit nombre de savants, qui l’exécuteraient rapidement. Le pape institua une congrégation spéciale de deux cardinaux et de huit consulteurs, qui se retira à Zagarolo dans la maison de campagne du cardinal Marc-Antoine Colonna, son président, et qui paracheva le travail en 19 jours. Le 23 juin, les Avvisi di Roma annonçaient ce rapide achèvement. Baumgarten, op. cit., p. 98. Cf. Le Bachelet, op. cit., p. 40-44. "

2. Sa publication. — On s’occupa aussitôt à Rome de décider si l’on publierait la nouvelle correction et comment. Sur la demande du pape, Bellarmin rédigea son avis, que le P. Le Bachelet a édité, p. 137-141. Cf. p. 45-48. Conformément à cet avis, la correction fut publiée, mais sous le nom de Sixte V : Biblia sacra Vulgatse editionis Sixti Quinti Pont. Max. jussu recognita atque édita. Ce ne fut qu’en 1604 que le nom de Clément VIII fut ajouté dans le titre à celui de Sixte V. Baumgarten, op. cit., p. vii-vih. La nouvelleédition ne devait pas d’abord être déclarée obligatoire et les anciennes éditions latines devaient continuer à être vendues. Bellarmin avait fait un second mémoire à ce sujet. Voir le texte dans Le Bachelet, p. 142-144. Le 26 juin, les Avvisi di Roma annonçaient cette décision, en ajoutant que la congrégation ne tiendrait plus de séance ordinaire avant l’apparition de la nouvelle Bible. Baumgarten, p. 98-99. Toutefois, rien ne fut entrepris avant le pontificat de Clément VIII. Peu après son élection (30 janvier 1592), il chargea les cardinaux Frédéric Borromée et Auguste Valieravec le P. Tolet de préparer le texte pour l’impression. Le P. Tolet fit seul le travail. Baumgarten, p. 136-137. Il avait fini le tout, le 28 août. Les cardinaux désignés donnèrent leur approbation. Le 18 novembre, les Avvisi di Roma annonçaient la prochaine apparition de la nouvelle Bible, mais, le 25, ils expliquaient le retard, en disant que le pape avait voulu la revoir par lui-même et l’amender encore. Ibid., p. 101. L’impression était surveillée par le P. Tolet, ibid., p. 104, note ; elle fut exécutée rapidement, et la nouvelle Bible parut avant la fin de l’année 1592.

3. Sa description. — Cette Bible est un beau volume in-folio, imprimé avec les mêmes caractères que la sixtine et par le même imprimeur, Dominique Basa. La préface, qui est de la main de Bellarmin, expose que cette nouvelle édition réalise un projet de Sixte V, qui avait voulu retoucher sa première œuvre dont il n’était pas satisfait. Voir Le Bachelet, p. 53, 146-149 ; Baumgarten, p. 108-110. Une bulle de Clément VIII, datée du 9 novembre 1592, pourvoyait à la conservation du nouveau texte corrigé. Sans condamner les anciennes Bibles, il réservait à l’imprimerie vaticane pendant dix ans le monopole de la nouvelle édition. Ce laps de temps écoulé, tout imprimeur avait le droit de la reproduire, purement et simplement. On avait, repris la division ordinaire des versets et on avait reproduit, en dehors de la série des livres canoniques, le III* et le IVe livre d’Esdras et la Prière de Manassé, que Sixte V avait omis. Les fautes de typographie sont nombreuses, tant l’impression avait été précipitée. Voir Vercellone, Biblia sacra, in-4°, Rome, 1861, p. v-vil.