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RICHESSE


iitipyovra, « les ressources », ti àyaôà, « les biens » ; Vulgate : divitise, opes, bona), ensemble de biens matériels possédés en grande quantité. Voir Argekt, t. i, col, 947 ; Mammon, t. iv, col. 636 ; Or, t. iv, col. 1841 ; Trésor.

1° Sources de la richesse. — Avant tout, c’est du Seigneur que vient la richesse. I Par., xxix, 12 ; Eccle., v, 18. Les idoles seraient donc incapables de l’accorder. Bar., vi, 34. Salomon n’avait pas demandé les richesses ; mais Dieu, satisfait de son désintéressement, les lui a départies. III Reg., iii, 11, 13 ; II Par., i 11. 12. Les méchants eux-mêmes ne tiennent leurs richesses que de Dieu. Job, xxii, 18. Cependant l’homme sage ne demande ni pauvreté, ni richesse. Prov., xxx, 8. — La richesse n’est rien auprès de la sagesse, Sap., vii, 8 ; viii, 5, mais elle vient facilement à sa suite, Prov., m, 15, 16 ; viii, 18, et elle est une couronne pour le sage. Prov., xiv, 24. Elle est aussi le résultat des services rendus, I Reg., xvii, 25, de la diligence, Prov., x,

4, de l'énergie, Prov., xi, 16, de la vertu. Prov., xx, 4. Le juste la possède dans sa maison. Ps. cxii (cxi), 3. Mais elle ne va pas toujours à l’intelligent, Eccle., ix, 11, et le méchant même l’acquiert. Ps. lxxih (lxxh)>

2° Conséquences de la richesse. — Elle procure un grand nombre d’amis, Prov., xix, 4 ; mais souvent, celui qui aime l’argent n’est pas rassasié par l’argent, celui qui aime les richesses n’en goûte pas le fruit ; quand tes biens se multiplient, ceux qui les mangent deviennent aussi plus nombreux, et quel avantage en revient-il à leurs possesseurs, sinon qu’ils les voient <le leurs-jeuxl ï.cce., , 9-10. La richesse fait parfois oublier et mépriser les amis. Eccli., xxxvii, 6. — Là richesse est instable ; il ne faut donc pas se fier à elle. I Tim., VI, 17. Au jour de la richesse, on fait bien de penser à la pauvreté. Eccli., xviii, 25. Tel n’est jamais rassasié de richesses, mais pour qui donc travaille-t-il ? Eccle., iv, 8. Peut-être n’en jouira-t-il pas, et c’est un étranger qui profitera de ses biens. Eccle., vi, 2. Des richesses sont conservées, pour son malheur, par celui qui les possède ; elles se perdent par quelque fâcheux accident et rien n’en demeure aux mains de son fils. Eccle., v, 12, 13. Qui se confie dans sa richesse, tombera. Prov., xi, 28. Comme Dieu n’a aucun égard aux richesses, Job, xxxvi, 19, au jour, de la colère, la richesse ne servira de rien. Prov., xi, 4. Si les richesses augmentent, il ne faut pas y attacher son coeur. Ps. lxii (t.xi), 11. — À plus forte raison en est-il ainsi quand la richesse est alliée à l’iniquité. Qu’on se garde de s’appuyer sur les richesses injustes. Eccli., v, 10. Ces richesses se pourrissent et se perdent. Jacob., v, 2. Bonne renommée vaut mieux que grande richesse, Prov., xxii, 1, et le peu du juste est préférable à toute l’opulence des méchants. Ps. xxxvii (xxxvi), 16. Ces derniers ont beau compter sur leurs richesses, elles passeront à d’autres. Ps. xlix (xlviu), 7 ; lu (li), 9. L’indigent dévore les richesses de l’insensé, Job, v,

5, et le méchant qui a englouti des richesses est forcé de les vomir. Job, xx, 15. Ainsi ont été ravies successivement les richesses de Jérusalem, Is., xx, 5, de Tyr, Ezech., xxvi, 12, et de Ninive. Nah., ii, 9. L’homme qui acquiert des richesses injustement doit les quitter au milieu de ses jours et, à sa fin, il n’est plus qu’un insensé. Jer., xvii, 11.

3° La richesse d’après l'Évangile. — Les bénédictions temporelles avaient été promises autrefois aux Israélites fidèles. Deut., xxviii, 1-14. Beaucoup de leurs plus illustres personnages avaient vécn ou du moins fini dans la richesse, Eccli., xuv, 6, tels Abraham, David, Salomon, Josaphat, Ézéchias, Job, Judith, etc. La richesse apparaissait donc comme une bénédiction du Seigneur. Lorsque, dans les siècles qui précédèrent l'Évangile, beaucoup de Juifs succombèrent à la tenta tion de matérialiser les espérances messianiques et d’attendre un grand royaume terrestre, puissant et riche, la richesse prit à leurs yeux une importance extrême ; elle devenait pour eux le signe et en même temps le moyen de leur affranchissement et de leur domination future. Isaïe, lx, 5, 17. La Palestine, devait être dans le monde le centre de ce royaume de prospérité. Cf. Scbiïrer, Geschichte des jûdischen Volkes im Zeit. J. C, Leipzig, t. ii, 1898, p. 538-544. Satan s’imaginait que Jésus lui-même pouvait entrer dans cet ordre d’idées, quand il lui disait, en lui montrant tous les royaumes du monde avec leur gloire et toutes leurs richesses : « Je vous donnerai lout cela si, tombant à mes pieds, vous m’adorez. » Matth., iv, 9. En naissant, en vivant, en mourant dans la pauvreté, le Sauveur montre tout d’abord que la richesse n’est pour lui ni un but, ni même un moyen. À ceux qui veulent le suivre, il conseille de se défaire de tout. Matth., xix, 21 ; Marc, x, 21 ; Luc, su, 33 ; xiv, 33. Les envoyés qui prêchent son Évangile ne doivent rien posséder. Matth., x, 9 ; Marc, vi, 8 ; Luc, îx, 3 ; x, 4. Toutefois, il ne condamne pas la richesse en elle-même ; il fréquente des riches sans leur adresser le moindre reproche au sujet de leur richesse. S’il en condamne quelques-uns, Luc, vi, 24, c’est à cause du mauvais usage qu’ils en font. Le riche impitoyable ne va en enfer qu'à raison de son égoïsme, et Lazare est dans le sein d’Abraham, qui a été un riche. Le premier a gardé pour lui les biens pendant sa vie ; Lazare avait les maux, sans qu’il y eût échange entre l’un et l’autre. La compensation, négligée sur la terre, s’impose dans, l’autre vie. Luc, Xvi, 19-25. La richesse est légitime, mais elle devient une richesse d’iniquité si on ne l’emploie pas à se faire des amis par lesquels on puisse être reçu dans les tabernacles éternels, Luc, xvi, 9, c’est-à-dire si on ne la consacre pas à des œuvres de justice et de charité dont le mérite puisse être récompensé dans le ciel. Notre-Seigneur fait ressortir ce caractère dangereux des richesses quand il explique la parabole de la semence. De même que les épines étouffent la bonne semence quand elle commence à croître, ainsi « la duperie des richesses » étouffe dans une âme la parole de Dieu et sa grâce. Matth., xiii, 22 ; Marc, iv, 19 ; Luc, viii, 14. L’histoire des débuts du christianisme confirme par l’expérience la leçon que le Sauveur avait donnée. Partout, les pauvres vinrent les premiers à l'Évangile. I Cor., i, 26. À Jérusalem, en particulier, la première communauté chrétienne vivait dans la pauvreté, en face de la société juive, opulente et persécutrice, Jacob., ii, 6, 7 ; v, 1-6, et saint Paul faisait des quêtes pour elle parmi les gentils convertis. Gal., ii, 10. Après les pauvres, les riches entrèrent à leur tour dans l’r.glise, quand ils surent faire de leur richesse l’usage prescrit par le Sauveur. Cet ordre avait été annoncé à l’avance par la prophétie. Tout d’abord, au banquet du Messie, Ps. xxii (xxi), 27, 30,

Les affligés mangeront et se rassasieront ;

et seulement ensuite,

Les riches mangeront et se prosterneront.

4° La. richesse spirituelle. — La richesse du Christ, ce sont tous les biens qui découlent pour nous de son incarnation et de sa rédemption. Eph., iii, 8. Il y a en lui des richesses de bonté, Rom., ii, 4, de sagesse, Rom., xi, 33 ; Col., ii, 2, de grâce, Eph., i, 7 ; ii, 7, et de gloire. Rom., ix, 23 ; Eph., i, .18 ; iii, 16 ; Phil., iv, 19. — La vraie richesse devant Dieu, ce n’est pas le vêtement dont on se pare, c’est la pureté incorruptible du cœur, accompagnée de douceur et de paix. I Pet., m, 3, 4. La chute des Juifs a été la richesse du inonde et leur amoindrissement la richesse des gentils. Rom., xi, 12. Lorsque en effet les Juifs ont refusé la foi et le