Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/566

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
1113
1114
ROHOB — ROI

Le texte sacré dit que Rohob est à l’entrée d’Émath, c’est-à-dire à l’entrée de la vallée qui sépare le Liban de l’Hermon, et unit la Palestine à la Cœlésyrie. Voir Émath 1, t. ii, col. 1715. La position de Rohob n’est pas connue d’une manière précise, mais comme il y a tout lieu de croire que les explorateurs israélites ne remontèrent pas au delà de la partie supérieure de la vallée du Jourdain, l’indication des Nombres marque la situation de Rohob aux environs de Banias (Césarée de Philippe de l’Évangile) et de Laïs ou Dan (Tel el-Kadi). Le renseignement, fourni par le livre des Juges, xviii, 28 (cf. Jos., xix, 47), que Laïs était « dans la vallée qui s’étend vers Beth-Rehob » (Vulgate : in régions Rohob) confirme cette opinion. On ne peut douter que la ville de Beth-Rehob et Rehob (Rohob) ne soient identiques, puisque le second livre des Rois ou II Sam., x, l’appelle indifféremment Beth-Rehob, ꝟ. 6, et Rehob tout court. ꝟ. 8. Beth-Rohob devait donc être à l’extrémité de la vallée au delà de Dan, c’est-à-dire à la grande source du Jourdain à Banias. F. Buhl, Géographie des alten Palästina, p. 240.

De l’histoire de Rohob, nous savons seulement qu’il y avait là, du temps de David, un petit roi qui fournit un certain nombre de soldats mercenaires à Hanon (t. iii, col. 419), roi des Ammonites, pour résister aux attaques de Joab, général de David. Quand Joab s’avança contre les gens de Rohob et contre les autres Syriens de Soba, de Tob et de Maacha, ils prirent tous la fuite. II Reg., x, 6-14.


4. ROHOB (Septante : Ῥαάβ ; Alexandrinus : Ῥοώβ), ville de la tribu d’Aser. Jos., xix, 28. Elle était située d’une part entre Abran (inconnue, t. i, col. 89), et d’autre part, entre Hamon (probablement Umm el-Awâmid, t. iii, col. 1409) et Cana (de Phénicie) qui porte encore aujourd’hui son nom antique (t. ii, col. 105). On peut l’identifier avec Tell er-Rahib. Voir la carte d’Aser, t. i, col. 1085. — Rohob devint une ville lévitique, attribuée aux descendants de Gerson. Jos., xxi, 31 ; I Par., vi, 75.

5. ROHOB (Septante : Ῥααῦ ; Alexandrinus Ῥαώβ), autre ville de la tribu d’Aser. Jos., xix, 30. Le site en est inconnu. Les descendants d’Aser ne réussirent pas à en chasser les Chananéens, lors de la conquête de la Palestine, Jud., i, 31, non plus que des autres villes de la Phénicie, voisines de la Méditerranée, comme l’était probablement Rohob.

ROHOBIA (hébreu : Reḥabyâh et Reḥabyâhû, « Jéhovah a dilaté » ; Septante : Ῥααβιά ; Ῥαβίας ; Alexandrinus : Ῥααβίας), fils unique d’Éliézer et petit-fils de Moïse, de la tribu de Lévi, I Par., xxiii, 17 ; xxiv, 21 ; xxvi, 25. Rohobia eut une nombreuse postérité, I Par. xxixi, 17, dont Jésias fut l’aîné et le chef, xxiv, 21 (il est appelé Isaïe, xxvi, 25). Le nom de Rohobia est écrit Rahabia (voir col. 936) dans la Vulgale. I Par., xxvi, 25.


ROHOBOTH (hébreu : Reḥobôṭ han-nâhâr ; Septante : Ῥοωβὼθ παρὰ ποταμόν ; Vulgate : « le fleuve de Rohoboth », Gen., xxxvi, 37 ; « Rohoboth (ville) située sur le fleuve », I Par., i, 48 ; Septante : I Par., i, 51), nom d’une ville mentionnée dans le catalogue des rois édomites. Gen., xxxvi, 37 ; I Par., i, 48. La leçon de l’hébreu et des Septante, Gen., xxxvi, 37, est préférable à celle de la Vulgate, ainsi que le démontre la comparaison des textes parallèles, Gen., xxxvi, 37 et I Par., i, 48, dans la Vulgate même ; et dans l’opinion du traducteur saint Jérôme, De situ et nom. locor. hebr., t. xxiii, col. 915.

Le mot Reḥobôṭ, « amples espaces », est un pluriel féminin dérivé de la racine hébraïque râḥab, « être spacieux ». A cause de sa signification étymologique, ce nom dut être fréquemment usité dans l’onomastique topographique de l’Orient hébreu. Cf. Knobel, Die Genesis, xxxvi, 37, Leipzig, 1860 ; W. Max Müller, Asien und Europa nach altägyplischen Denkmälern, Leipzig, 1893, p. 134. L’identification de la ville de Rohoboth, dont il est question ici, est très douteuse. Voici les opinions principales à ce propos. Il y a des auteurs modernes qui cherchent Rohoboth sur les bords de l’Euphrate, à cause de l’analogie avec plusieurs autres passages de l’Ancien Testament, dans lesquelles le mot hébreu : han-nâhâr, « le fleuve », avec l’article, désigne le grand fleuve babylonien, dit « le fleuve par excellence ». Gen., xxxi, 21 ; Exod., xxiii, 31 ; plus pleinement, Gen., xv, 18 ; Deut., i, 7 ; xi, 24 ; Jos., i, 4 ; et, poétiquement, même sans l’article, Is., vii, 20 ; Jer., ii, 18 ; Mich., vii, 12 ; Zach., ix, 10 ; Ps. (hébreu), lii, 8. Voir Euphrate, t. ii, col. 2046. Dans ce cas, Rohaboth pourrait être identifié avec Rahaba, sur le bord occidental du fleuve, un peu au sud du Chaboras. Cette opinion, suggérée par des raisons principalement philologiques, trouve un certain appui sur l’autorité de Benjamin de Tudèle, de Burckardtet d’Édrisi, cités par Gesenius, Thésaurus, t. ii, p. 1281.

D’autres, qui n’insistent pas sur l’attribution exclusive du mot han-nâhâr à l’Euphrate, préfèrent chercher Rohoboth entre la Palestine et l’Egypte, sur les bords de l’ouadi el’Arîsch, qui, dans ce cas, serait le han-nâhâr des textes en question et « le Torrent d’Egypte » de Num., xxxiv, 5. Cf. Winckler, Geschichte Israels, 1896, t. i, p. 192. Cette opinion se rapproche plus que l’autre de l’opinion traditionnelle, que l’on peut regarder comme représentée par Eusèbe et par saint Jérôme. Onomasticon, t. xxiii, col. 915. D’après eux la ville de Rohoboth dont il est question ici se trouvait dans la Gébalène, c’est-à-dire dans le district qui comprenait toute la partie septentrionale des montagnes de l’idumée. Ps. lxxxii, 8. Cf. Notitia dignitatum, c. xxix. Au ive siècle siècle de notre ère elle était une grosse bourgade, qui portait encore son ancien nom biblique. Une garnison y avait sa résidence. Cf. Onomasticon, loc. cit. Cependant, aujourd’hui on ne saurait indiquer, dans cette région, un terme topographique qui corresponde à l’ancienne ville de Rohoboth.

A. Molini.


ROI (hébreu : mélék ; chaldéen : mélék ; Septante : βασιλεύς ; Vulgate : rex), le chef suprême d’un peuple ou d’un pays.

I. Le nom de roi dans la Bible.

1o Le nom de roi est souvent donné, surtout dans les anciens temps, à des hommes dont le pouvoir se restreint au commandement ou à la possession d’une ville ou d’un district. Ainsi en est-il des rois de Sodome, de Gomorrhe, d’Adama, de Séboïm et Ségor, Gen., xiv, 2, de Gérare, Gen., xx, 2, de Jérusalem, d’Haï et de Jéricho, Jos., x, 1, d’Asor, de Madon, d’Achsaph, de Séméron, etc., Jos., xi, 1, 2, et aux différents rois de Chànaan. Jos., xii, 1-24 ; Jud., v, 19.

2o D’autres rois exercent leur pouvoir sur un territoire plus considérable ou sur des tribus entières. Tels sont les rois des Amalécites, I Reg., xx, 8, des Ammonistes, Jud., xi, 28, des Amorrhéens, Jos., xii, 2, de Basan, Jos., xiii, 30, d’Émath, II Reg., viii, 9, des Iduméens, Gen., .xxxvi, 31 ; des Madianites, Jud., viii, 5, desMoabites, Jos., xxiv, 9, de Sidon, Jer., xxv, 22, de Syrie, Jud., iii, 10, de Tyr, II Reg., v, 11, etc.

3o A plus forte raison, ce nom convient-il aux chefs des grands états, au roi d’Egypte, Exod., i, 8, 15, 17, désigné habituellement sous le nom de « pharaon », aux rois d’Assyrie, de Chaldée, de Perse, etc. Ceux-ci, pour se distinguer des rois secondaires qui sont souvent leurs vassaux, renforcent leur titre. Le roi de Babylone s’appelle mélék melâkîm, « roi des rois », Ezech., xxvi, 7, c’est-à-dire celui qui tient les autres rois sous sa puissance. Le titre chaldéen de mélék malkayyâ’, qui