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RUBEN — RUBIS


vallée de Sichem, ils se trouvèrent sur le montHébal, pour les malédictions, à côté de Cad, Aser, Zabulon, Dan et Nephthali. Deut., xxvii, 13. Ils avaient, en effet, accompli leur promesse et aidé leurs frères à la conquête de Chanaan, Jos., iv, 12, et leurs possessions au delà du Jourdain furent confirmées, Jos., xiii, 15-23 ; xviii, 7. Ruben fournit comme villes lévitiques : Bosor, Jos., xxi, 36 ; I Par., vt, 78 ; Jaser^ Jos., xa, 36 (Jasa, I Par., vi, 78) ; Gadémoth, I Par., vi, 79 (Jethson, Jos., xxi, 36) ; Mephaath, Jos., xxi, 36 ; I Par., vi, 79. Licenciés avec honneur par Josué et arrivés sur la rive droite du Jourdain, les guerriers de la tribu, avec ceux de Gad et de Manassé oriental, érigèrent un autel d’une grandeur considérable, ce qui causa parmi les autres tribus une vive surexcitation. L’incident eut une conclusion pacifique. Jos., xxii, 1-34. Pour cet événement et les précédents, qui furent communs à Ruben et à Gad, voir Gad 4, Histoire, t. iii, col. 30. — D’après le cantique de Débora, Jud., v, 15-16, il semble que les Rubénites ne furent généreux, du temps de Barac, que dans leurs délibérations pour secourir leurs frères, sans passer à l’action. Voir plus bas, Caractère. — Ils fournirent un contingent de guerriers pour l’élection royale de David à Hébron. I Par., xii, 37. — Vers la fin du règne de Jéhu, la tribu succomba, comme les autres situées à l’est du Jourdain, sous une invasion victorieuse d’Hazaë 1., roi de Syrie. IV Reg., x, 32, 33. Elle prit part avec elles à une.expédition contre les Agaréniens, I Par., v, 18, 19, et avec elles fut emmenée en captivité par les Assyriens. I Par., v, 26. — Dans le nouveau partage de la Terre Sainte, Ézéchiel, XLvm, 6-7, place Ruben au nord, entre Éphraïmet Juda. Dans sa reconstitution idéale de la cité sainte, xlviii, 31, il met au nord » la porte de Ruben », avec celles de Juda et de Lévi. Enlin saint Jean, dans l’Apocalypse, vii, 5, cite Ruben entre Juda et Gad.

III. Caractère. — Le droit d’aînesse conférait au patriarche, père de la tribu, des privilèges qu’il perdit par le crime dont il se souilla. Cette déchéance retomba sur ses descendants. Voici, d’après l’hébreu, ce que Jacob dit de Ruben, Gen., xlix, 3-4 :

Ruben, tu es mon premier-né,

Ma force et les prémrees de ma vigueur,

Éminent en dignité, éminent en pouvoir ;

Bouillant comme l’eau, tu n’auras pas la prééminence,

Car tu es monté sur la couche de ton père,

Alors tu as profané le lit sur lequel tu es monté.

Ainsi Ruben, par la faute dont il se rendit coupable, fut privé de la principauté, de la dignité messianique, du sacerdoce et du double héritage, qui étaient l’apanage de l’aîné ; cet apanage fut partagé entre Juda, Lévi et Joseph. Cf. Gen., xlix, 10, 25-26 ; I Par., v, 1-2. Dathan et Abiron, qui étaient ses descendants, cherchèrent en vain à faire prévaloir ses droits. Num., xvi, 1. La tribu fut sans importance parmi les autres. C’est le même écho que nous recueillons sur les lèvres de Moïse, Deut., xxxiii, 6 :

Que Ruben vive, et qu’il ne meure pas ; Et que ses hommes soient en petit nombre.

La famille du premier-né de Jacob, reléguée-^aux confins des possessions israélites, vécut sans gloire, sans pouvoir compter parmi ses enfants un juge, un prophète ou un héros. Il y eut pourtant chez elle, comme chez le patriarche qui aurait voulu être le sauveur de Joseph, des sentiments généreux, au moins des velléités d’énergie, mais qui n’allèrent pas jusqu’à la réalité du dévouement. C’est ce que "laisse supposer le cantique de Débora, Jud., v, 15M6 :

Sur les rivéâ de Ruben,

Grandes sont les anxiétés de l’esprit.

Pourquoi es-tu demeuré entre les parcs

Pour entendre jouer de la flûte parmi les troupeaux ?

On entrevoit ici les délibérations des Rubénites au moment de la guerre contre Sisara ; mais les douceurs de l’oisiveté au milieu de leurs troupeaux l’emportèrent sur le désir de secourir leurs frères. Ce ne furent cependant pas les qualités guerrières qui leur manquèrent. Comme les autres tribus transjordaniennes, ils marchèrent vaillamment à la tête du peuple pour la conquête de Chanaan, et ils avaient une valeur militaire reconnue. I Par., v, 18. Placés aux avant-postes du territoire israélite, ils eurent à batailler, d’un côté, contre les Bédouins pillards du désert, de l’autre, contre les Moabites. Us ne surent pas toujours se défendre contre ceux-ci, qui occupèrent plusieurs de leurs villes, comme nous le voyons d’après la stèle de Mésa. Voir Mésa 3, t. iv, col. 1014. Chose singulière, ce dernier monument parle de Gad, mais ne fait aucune mention de Ruben, ce qui confirme le peu de place que tenait cette tribu, qu’on dirait presque englobée dans sa voisine. En dehors de la faute originelle qui pesait sur elle, et d’un certain manque de décision, on pourrait peut-être aussi attribuer sa faiblesse

à son isolement.

A. Legendre.
    1. RUBÉNITE##

RUBÉNITE (hébreu : Re’ûbêni ; Septante : ô’Pou6r|v ; Vulgate : Rubenita, Rubénites), descendant de Ruben. Jos., i, 12 ; xii, 6 ; xiii, 23 ; xxii, 1 ; I Par-, xi, 42 ; xxvi, 32 ; xxvii, 16. Dans tous ces passages, il est question de la tribu de Ruben, en général, excepté I Par., xi, 42, où est mentionné « Adina, fils de Siza, le Rubénite ».

    1. RUBIS##

RUBIS (hébreu : kadkôd ; quelques manuscrits : karkôdou karkôr ; Septante : x^PX°5 etxpûaraV/.o ;  ; Vulgate : chodchod eijaspis), pierre précieuse. — Le rubis oriental est un corindon (alumine cristallisée) (fig. 267)

26V- — Corindon (alumine cristallisée).

d’un beau rouge qui, par sa pesanteur spécifique 4, 283, son éclat et son velouté, est supérieur aux autres pierres précieuses et ne le cède qu’au diamant. Les plus beaux rubis viennent de l’Ile deCeylan, de l’Inde, de la Chine. Cette pierre est extrêmement dure et très difficile à tailler et à graver. Il est un autre rubis (aluminate de magnésie), fig. 268, qui va du rouge ponceau, comme le rubis spinelle, au rouge lie de vin comme le rubis balais. La densité est moindre, 3, 7. Il est plus facile à tailler et à graver. F. Leteur, Traité élémentaire de minéralogie pratique, in-4o, Paris, p. 97-98 ; Ch. Barbot et Baye, Guide pratique du joaillier, in-12, s. d., p. 306.

— Plusieurs exégètes ont identifié la pierre précieuse appelée TjSi, nôfêk, qu’on apportait sur les marchés de Tyr, Ezech., xxvii, 16, et qui figure parmi les pierres du rational, Exod., xxviii, 18, avec le rubis. J. Braun, Veslitus sacerdotum hebrœorum, in-8o, Leyde, 1680, p. 660-669. La traduction des Septante, ôtvGpai ; , et celle, de la Vulgate, carbunculus, désignent sans douté une pierre d’un rouge brillant, comme un charbon ardent. Mais l’avdpaî ou carbunculus, l’escarboucle des anciens, comme on peut le voir par les descriptions de Théophraste, De lapid., 18, et de Pline, H. Pf., xxxvii, 25, comprend plusieurs espèces de pierres rouges et s’ap-