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SAMUEL


"malgré la saison, il allait invoquer Jéhovah pour qu’il fît tonner et pleuvoir. « Vous saurez alors, dit-il, et vous verrez combien grand est aux yeux de Jéhovah le mal que vous avez fait en demandant un roi. » I Reg v XII, 17. À l’invocation de Samuel, il y eut en effet des tonnerres et de la pluie, ce dont le peuple fut effrayé. Le prophète le rassura, en lui répétant que Dieu voulait le bénir, s’il demeurait fidèle. Quant à lui, il s’engagea à prier pour ses compatriotes et à leur enseigner le bon et droit chemin. 1 Reg., x, 1-25. Samuel abdiquait donc ses fonctions civiles, pour les transmettre au nouveau roi ; il gardait les fonctions prophétiques, qui concernaient le gouvernement moral de la nation. 2° L’incident de Galgala. — Le jour où il avait oint Saûl, Samuel lui avait dit de l’attendre sept jours à Galgala, et que lui-même y viendrait alors pour offrir des holocaustes et des sacrifices d’actions de grâces.

I Reg., x, 8. Or il y eut une première réunion à Galgala, pour renouveler la proclamation de Saül et offrir des sacrifices. I Reg., xi, 15. L’ordre donné par Samuel ne s’appliquait pas à cette réunion, à laquelle il était présent, mais à une seconde, dont il fut d’abord absent.

II faut supposer par conséquent que le prophète avait fait sa recommandation au roi avec des précisions que le texte n’a pas reproduites. I Reg., x, 8. Après la première assemblée de Galgala, Samuel était parti. Peutêtre fût-ce seulement avant ce départ que le prophète dit au roi de l’attendre sept jours. Il faudrait admettre alors une transposition dans les textes, ce qui est fort possible. Après la première réunion de Galgala, Saûl organisa son armée, et son fils, Jonathas, battit un poste de Philistins, à Gabaa. Ce fut le signal d’une levée d’armes delà part de ces derniers. Les Israélites furent de nouveau convoqués à Galgala ; mais, à l’approche des ennemis, beaucoup se cachèrent, d’autres même passèrent le Jourdain. Saûl, resté à Galgala avec une partie du peuple, attendit sept jours l’arrivée de Samuel. Pendant ce temps, le peuple se dispersait. Le septième jour, Saül prit sur lui d’offrir les sacrifices, pour implorer le secours de Jéhovah en vue de la guerre. Il achevait à peine que Samuel survint. En imposant un délai de sept jours en face du danger imminent, Samuel voulait apprendre au nouveau roi que, pour son salut et celui du peuple, tout dépendait de Jéhovah et que, par conséquent, il importait avant tout de lui obéir quand il commandait par son prophète. De fait, pendant les sept jours de l’attente, les Philistins n’avaient pas quitté Machinas, où ils s’étaient établis dès le début de la campagne. Saül chercha à s’excuser auprès de Samuel. Le prophète lui reprocha d’avoir agi en insensé et il lui signifia que Dieu le rejetait pour prendre un autre homme selon son cœur. Puis il partit pour Gabaa de Benjamin. I Reg., xiii, 5-15. L’arrêt porté par Samuel contre Saül peut paraître dur. Mais, dès le début de la royauté, il importait d’inculquer au prince une double idée : d’abord qu’Israël ne cessait pas d’être une théocratie dans laquelle Jéhovah entendait être obéi par le roi aussi bien que par les sujets, ensuite qu’un roi d’Israël n’avait pas à s’ingérer dans les choses religieuses, comme le faisaient généralement les rois des autres nations.

3° L’anathème des Amalécites. — Saûl, aidé de son fils Jonathas, fit la guerre contre tous les ennemis d’Israël et les battit. Quand il fut sur le point de partir contre les Amalécites, Samuel lui commanda, de la part de Jéhovah, de dévouer à l’anathème et de faire mourir tout ce qui tomberait sous sa main, roi, hommes, femmes, enfants et troupeaux, à cause des maux qu’Amalec avait causés aux Hébreux à leur sortie d’Egypte, Exod., xvii, 8-13, et du danger qu’il pouvait encore lui faire courir. Saül vainquit les ennemis, mais il épargna le roi, Agag, et ce qu’il y avait de meilleur dans les troupeaux. Samuel surgit aussitôt en

face du vainqueur pour lui demander compte de sa transgression. Comme Saül prétendait avoir réservé les troupeaux pour en offrir des sacrifices à Jéhovah, Samuel lui répliqua : « L’obéissance vaut mieux que le sacrifice, » et il déclara de nouveau à Saül que Dieu le rejetait. Puis il allait se retirer, quand le roi le conjura de demeurer avec lui afin de l’honorer de sa présence en face des anciens et du peuple. Cf. Josèphe, Ant. jud., VI, vii, 5. Samuel y consentit, et le roi fit acte de repentir et d’adoration devant Jéhovah. Mais le prophète exigea que le roi Agag fût amené à Galgala et coupé en morceaux, en punition du mal qu’il avait fait à Israël. Il s’en retourna ensuite à Rama et ne revit plus Saûl, bien qu’il ne cessât de pleurer sur lui. I Reg., xx, 1-35.

IV. Les dernières années. — 1° L’onction de David. — Samuel, qui avait oint le premier roi d’Israël, fut chargé de remplir le même office vis-à-vis du second. Jéhovah lui commanda d’aller verser l’huile sur la tête d’un des fils d’Isaï, à Bethléhem. Le prophète craignait que Saül ne le mît à mort, s’il venait à apprendre la chose ; mais le Seigneur lui dit de se mettre à couvert en allant offrir un sacrifice à Bethléhem. Samuel obéit et invita Isa ! et ses fils au sacrifice et au repas qui suivit. Il passa ensuite en revue les sept fils présents, et Jéhovah lui fit savoir qu’aucun d’eux n’était son élu. On fit venir le plus jeune, David, qui gardait les brebis. Jéhovah dit à Samuel : « C’est lui. » Le prophète oignit le jeune homme au milieu de ses frères, puis il s’en retourna à Ramathaïm. I Reg., xvi, 1-13.

2° L’école des prophètes. — Samuel avait réuni autour de lui des prophètes, c’est-à-dire des hommes qui menaient sous sa direction un certain genre de vie ascétique, et qui parfois étaient saisis par l’Esprit de Dieu. Voir Écoles de prophètes, t. ii, col. 1567. Entre autres signes donnés à Saül après son onction, celui-ci devait rencontrer à Gabaa une troupe de prophètes, en compagnie desquels l’Esprit de Dieu le ferait prophétiser. I Reg., x, 5, 6. C’est ce qui arriva en effet. — Plus tard, quand Saül poursuivait David avec le dessein de le mettre à mort, celui-ci se réfugia à Rama, près de Samuel, auquel il raconta les persécutions dont il était victime. Le prophète l’emmena avec lui à Naioth, voir t. iv, col. 1471, où il avait autour de lui de ces hommes qui s’étaient mis à son école. Informé de la retraite de David, Saül envoya successivement pour le prendre trois troupes qui, à la rencontre de Samuel et de ses prophètes, furent eux aussi saisis de l’Esprit de Dieu et se mirent à prophétiser. Saül vint à son tour et fut l’objet du même phénomène. Tout un jour et toute une nuit, il resta devant Samuel sous l’empire de l’Esprit prophétique. Pendant ce temps, David put s’enfuir. I Reg., xix, 18-xx, 1.

3° Mort de Samuel. — Quelque temps après, Samuel mourut. C’était vers la fin du règne de Saûl, qui régna quarante ans. Le prophète devait avoir au moins cinquante ans quand il abdiqua, car, à cette époque, ses fils avaient déjà exercé les fonctions publiques et donné leur mesure. I Reg., viii, 3." Sa vie aurait donc duré quatre-vingt et quelques années. Tout Israël se rassembla pour ses funérailles, et on l’enterra dans sa demeure à Rama. Saül et David étaient momentanément réconciliés. Ce dernier assista aux funérailles du prophète. Il est probable que le roi en fit autant. I Reg., xxv, 1. On prétend conserver le tombeau du prophète à Néby-Samuil. Voir Maspha, t. iv, col. 843. Les restes de Samuel auraient été enlevés par l’empereur Ârcadius, le 19 mai 406, pour être déposés dans une basilique de la banlieue de Constantinople, renversée 150 ans plus tard par les tremblements de terre. Les martyrologes placent la fête du prophète le 20 août.

4° L’évocation. — La fortune de Saül continua à dé-