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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/836

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SEPTANTE (VERSION DES)


Bible des Septante passa tout naturellement à celles des apôtres et des premiers missionnaires de l'Évan. gile. C’est à elle que sont empruntées la plupart des citations de l’Ancien Testament qui sont faites dans le Nouveau. L. Cappel, Quiestio de locis parallelis V. et N. T., appendice de la Critica sacra, 1650 ; Surenhusius, Loca ex V. in N. T. allegata, Amsterdam, 1713 ; Rcepe, De V. T. locorumin apost. libris allegalione, 1827 ; Tholuck, Dos Alte Testament im N. T., 1836 ; 3e édit., Hambourg, 1849 ; Bôhl, Die alltestamentlichen Citate im N. T., Vienne, 1876 ; Toy, Quo, talions in theNew Testament, NewYork, 1884 ; Clemen, Der Gebrauch des A. T. in den neutest. Schriften, Gûtersloh, 1895 ; Swete, An Introduction to the Old Testament in Greek, Cambridge, 1900, p. 381-405 ; Hiihn, Die alttestamentl. Citate und Reminiscenzen im N. T., Tubingue, 1900 ; Dittmar, Vêtus Testamentum m Novo, Gœttingue, 1903. Elle fut lue dans les communautés chrétiennes de langue grecque et elle devint l’Ancien Testament de l'Église. Sur les citations des Septante chez les premiers Pères de l'Église, voir Swete, op. cit., p. 406-432. Plusieurs Pères crurent à son inspiration, et ils faisaient valoir cette croyance, commune aux Juifs et à eux, dans la polémique avec les Juifs qui repoussaient les interprétations chrétiennes des prophéties en s’appuyant sur le texte hébreu. Voir S. Justin, Dial. cwn Tryphone, 68, 71, 84, t. vi, col. 632, 644, 674 ; S. Irénée, Cont. hœr., iii, 21, n. 1, t. viii, col. 946. Parce qu’elle était en crédit parmi les chrétiens, la Bible des Septante tomba en défaveur chez ie3 Juifs. La controverse entre les Juifs et les chrétiens attira l’attention des premiers sur un texte que leurs adversaires leur opposaient victorieusement. Ils remarquèrent ses imperfections et les différences qu’il présentait comparativement au texte hébreu. Quelques-uns entreprirent des traductions plus littérales, nommément Aquila et Théodotion, les Juifs citèrent leur texte aux chrétiens, qui interprétaient les Septante au sens messianique. Saint Justin, Dial. cum Tryphone, 71, t. vi, col. 614, et saint Irénée, Cont. hier., iii, 21, t. vii, col. 946, le constatent. Voir t. i, col. 811, 812. Certains rabbins en vinrent même à dire que les ténèbres couvrirent le monde pendant trois jours lorsque les Septante firent leur version sous le roi Ptolémée, Megilla Taanith, Bâle, 1518, ꝟ. 50, et que le jour où les cinq traducteurs écrivirent la Loi en grec pour ce prince fut pour Israël un jour aussi néfaste que le jour où fut fabriqué le veau d’or. Talmud de Babylone, traité Sopherim, c. i.

La diffusion de la version grecque chez les juifs hellénistes et chez les chrétiens ne fut pas favorable à la pureté du texte. Les citations, faites par Philon et par Josèphe, présentent déjà des variantes. Comme il arrive pour tous les textes fréquemment copiés, la transmission de l’Ancien Testament grec introduisit dans les copies des altérations involontaires, et probablement même des corrections, faites à dessein par des lecteurs qui comparaient le grec à l’hébreu, soit en recourant directement à l’original, soit par l’intermédiaire des versions plus littérales d’Aquila, de Théodotion et de Symmaque. On cherchait à rapprocher le plus possible le grec de l’hébreu ou à rendre clairs les passages obscurs. C’est à ces causes qu’il faut sans doute rapporter l’existence de doubles leçons de certains passages des Septante avant Origène. Les chrétiens, d’autre part, pour des raisons analogues, on fait subir au texte des modifications. Ils ont abandonné, au moins à partir de saint Irénée, la version de Daniel pour celle qui est attribuée à Théodotion. Bien plus, des citations antérieures du texte de Daniel, qui se rapprochent plus de Théodotion que des Septante, si elles n’ont pas été corrigées plus tard par les copistes, ce qui parait impossible en nombre de cas, proviennent plutôt

d’une version antérieure de Daniel, que Théodotion n’aurait que retouchée. Cf. A. Bludau, Die alexandrinische Ùbersetzung des Bûches Daniel, Fribourg-enBrisgau, 1897, p. 8-19 ; Swete, An Introduction to the Old Testament in Greek, p. 47-49. On a donc pu parler avec beaucoup de vraisemblance d’une Bible grecque de Théodotion, antérieure à Théodotion. Voir Théodotion. Les exemplaires dont se servaient les anciens Pères, étaient déjà défectueux, et l’usage augmenta les fautes. Montfaucon, Hexaplorum quse supersunt, Pat. gr., t. XV, col. 65-68 ; Grabe, De vitiis LXX interpretibusante Origenis sevum illatis, Oxford, 1710. Aussi on sentit à la longue la nécessité de corriger un texte si altéré et de le ramener le plus possible à sa pureté première. C’est pourquoi divers essais de correction furent tentés.

2° Corrections critiques d’Origène, de Lucien et d’Hésychius. — 1. Recension d’Origène. — C’est pour corriger le texte des Septante altéré dans les manuscrits, et le rapprocher le plus possible du texte hébreu, comme il l’a déclaré lui-même, Episl. ad Africanum, 5, t. xi, col. 60 ; In Matth., tom. xv, 14, t.xm, col. 1293, qu’Origène entreprit l'œuvre gigantesque, des Hexaples. Voir t. iii, col. 689-701. Dans la cinquième colonne, réservée à la version des Septante, il ne s’est pas borné à reproduire le texte purement et simplement d’après les meilleurs manuscrits du temps, il y a marqué d’obèles ce que ce texte avait en plus que l’hébreu, et il y a ajouté les leçons qu’avait en plus le texte original lui-même, en empruntant la traduction grecque à la version de Théodotion, qui était la meilleure. Mais pour qu’on distinguât ces additions, il les avait fait précéder d’un astérisque et suivre d’un métobèle, o de façon qu’on puisse les négliger, si l’on veut, et que, si l’on s’en trouve choqué, on soit libre de les accepter ou non. » Il adopta, parmi les variantes des manuscrits grecs, celles qui se rapprochaient le plus de l’hébreu. Il avait fait aussi des transpositions de texte, lorsque l’ordre des Septante n'était pas le même que celui de l’hébreu. Il avait adopté l’ordre du texte original, suivi par les versions d’Aquila, de Symmaque et de Théodotion. Il avait donc voulu donner une édition des Septante aussi conforme que possible au texte hébreu, dont il disposait, tout en gardant le texte entier de la version grecque. Des signes critiques, empruntés aux grammairiens d’Alexandrie, indiquaient les différences de l’hébreu et du grec. Au fond, selon le mot de saint Jérôme, Prsefatio in Par., t. xxviii, col. 1325, Origène a eu l’audace de mêler les leçons de Théodotion, représentant le texte hébreu, aux leçons des Septante. Son travail altérait le texte grec, et préparait pour l’avenir, en raison des modifications des signes critiques, des altérations plus grandes encore.

La recension hexaplaire des Septante ne se répandit qu'à la fin du me siècle. Le martyr Pamphile et Eusèbe, évêque de Césarée, firent copier la cinquième colonne des Hexaples qui contenait le texte des Septante avec les signes critiques. Ils y joignirent des notes ou scolies, qu’ils empruntaient aux Hexaples et dont quelquesunes ont été reproduites dans des manuscrits postérieurs. Ces copies furent reçues dans les églbes de Palestine, au témoignage de saint Jérôme, lbid. Elles y étaient lues à la fin du IVe siècle. Elles constituèrent une recension des Septante, qu’on appelle hexaplaire, pour la distinguer du texte antérieurement reçu, dit la xotvr„ l'édition vulgate ou anté-hexaplaire. Les témoins de cette recension se trouvent dans les citations bibliques faites par les écrivains ecclésiastiques de Palestine, notamment Eusèbe de Césarée et Procope de Gaza, cf. E. Lindl, Die Oktateuchcatene des Prokop von Gaza und die Septuagintaforschung, Munich, 1903, dans les manuscrits grecs où sont reproduits les asté-