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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/889

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SIMON


avaient fait donner ce titre. Voir Chananéen, t. 2, ii, col. 540. C’est de tous les Apôtres celui dont l’histoire est la moins connue. Le Nouveau Testament se borne à le nommer. Pusieurs le confondent avec le cousin de Notre-Seigneur de ce nom. Voir Simon 7. Les traditions conservées par le Bréviaire romain (au 28 octobre) lui font prêcher la foi en Egypte, puis, avec l’apôtre saint Jude, en Mésopotamie où ils souffrirent tous deux le martyre. Les Bollandistes, Acta sanctorum, 29 octobre, t. xii, 1867, p. 424, admettent la prédication de saint Simon enPerse, et aussi enÉgypte ; ils regardent comme fabuleuse la prédication de cet Apôtre dans d’autres parties de l’Afrique et dans la Grande-Bretagne.

7. SIMON, frère (dans le sens sémitique de cousin) de Notre-Seigneur. Il est compté parmi les frères de Jésus Matlh., xiii, 55 ; Marc, vi, 3. Rien de certain sur son histoire : les uns l’identifient avec Simon le Cananéen, un des douze Apôtres ; les autres avec le Siméon qui devint évêque de Jérusalem après le martyre de l’apôtre Jacques le Mineur, l’an 02 (t. iii, col. 1084), Eusèbe, H. E., iii, 11, t, xx, col. 245, et qui souffrit le martyre sous Trajan, en l’an 107 environ. Eusèbe, H. E., m ; 32, t. xx, col. 281. Contre cette seconde identification, on objecte que, d’après Eusèbe, le Simon qui fut évêque de Jérusalem était fils de Cléophas et non le frère de Jacques et de Jude.

8. SIMON le lépreux, qui avait peut-être été guéri de sa lèpre par Notre-Seigneur. Il était de Béthanie et peut-être parent ou ami de Lazare. Quelques-uns ont supposé qu’il était son frère, d’autres qu’il était le mari de Marie, sœur de Lazare, ce qui ne s’accorde point avec ce que l’on sait d’elle. D’après une tradition apocryphe rapportée par Nicéphore, H. E., i, 27, t. cxlv, col. 712, Simon aurait été le père de Lazare. En l’absence de renseignements authentiques, l’imagination s’est donné à son sujet libre carrière. Ce qui est certain, c’est qu’il donna un festin en l’honneur de Notre-Seigneur, après la résurrection de Lazare, six jours avant la Pâque, que Lazare y assistait et que Marthe dirigeait le service. Marie y oignit les pieds de Notre-Seigneur avec un parfum de nard. Matth., xxvi, 67 ; Marc, xiv, 3 ; Joa., xii, 1-3. Voir Marie-Madeleine, t. iv, col. 812.

9. SIMON le Cyrénéen, ainsi surnommé parce qu’il était probablement originaire de Cyrène. Voir Cyrénéen, t. ii, col. 1184. Il se trouvait à Jérusalem à l’époque de la Passion, et ayant rencontré Notre-Seigneur, quand on le conduisaitauCalvaire, les soldats le contraignirent à aider le Sauveur à porter sa croix. Matth., xxvii, 32 ; Marc, xv, 21 ; Luc, xxiii, 26. Cet acte de charité, quoique d’abord involontaire, fut récompensé par la conversion de ses fils Alexandre et Rufus, que saint Marc, xv, 21, nomme comme des disciples bien connus des chrétiens. Voir Alexandre, 3, 1. 1, col. 350 ; Rufus, t. v, col. 1267.

10. SIMON le pharisien. Pendant un repas auquel il avait invité Notre-Seigneur, une pécheresse entrant dans la salle du festin arrosa de ses larmes les pieds du Sauveur, les baisa et les parfuma. Simon, à ce spectacle, se dit en lui-même : S’il était prophète, il saurait que cette femme est une pécheresse. Jésus, répondant à sa pensée, lui dit que, parce qu’elle aimait beaucoup, il lui était beaucoup pardonné. Luc, vii, 36-50. C’est probablement à Capharnaûm, sur les bords du lac de Galilée, que ce fait se passa. Sur l’identité de cette pécheresse avec Marie-Madeleine, voir t. iv, col. 814-817.

11. SIMON, père de Judas Iscariote. On ne connaît que son nom. Joa., vi, 71 ; xiii, 2, 26.

12. SIMON LE MAGICIEN, Samaritain, contemporain des Apôtres. Il était né à Gitton, village voisin de Sichem (S. Justin, Apol., i, 26, t. VI, col. 368), et non point à Citium, dans l’île de Chypre, comme plusieurs l’ont cru, en le confondant avec un magicien cypriote portant le même nom, dont parle Josèphe, Ant. jud., XX, vii, 2. Si l’on s’en rapporte aux Homélies clémentines, ii, 22, t. ii, col. 89, il fut élevé à Alexandrie, en Egypte, et c’est là qu’il se familiarisa avec les erreurs gnostiques dont il devint plus tard le propagateur. Il habitait la Samarie et y avait acquis comme magicien une réputation extraordinaire quand le diacre Philippe arriva dans le pays pour y prêcher l’Évangile. Voir Philippe 7, col. 270. On y regardait Simon « comme la vertu de Dieu », le pouvoir divin « qui est appelé grand ». Act., viii, 10. Il se donnait lui-même comme « quelqu’un de grand », ^. 9, et saint Jérôme lui attribue ces paroles : Ego suni sermo Dei, ego sum Speciosus, ego Paracletus, ego Omnipotens, ego omnia Dei. In Matth., xxiv, 5, t. xxvi, col. 176.

Le diacre Philippe opéra des miracles sous ses yeux dans la ville de Samarie, guérisons de possédés, de paralytiques et de boiteux qui le remplirent d’étonnement et d’admiration, si bien qu’imitant les Samaritains qui se convertirent, il demanda et reçut lui aussi le baptême. Sur ces entrefaites, les Apôtres apprirent les conversions opérées par Philippe, et Pierre et Jean allèrent à Samarie et y conférèrent aux nouveaux chrétiens le sacrement de confirmation. Simon fut frappé du pouvoir qu’ils avaient de conférer le Saint-Esprit par l’imposition des mains ; il s’imagina que c’était un don vénal et il offrit de l’argent aux Apôtres pour l’obtenir, ce qui a fait donner le nom de simoniaques à ceux qui ont voulu depuis acheter les dignités ecclésiastiques. Pierre lui répondit avec indignation : Pecunia tecum sit in perditionem, quoniam donum Dei existimasti pecunia possideri. Simon lui demanda de prier pour lui afin que les maux dont il l’avait menacé ne tombassent point sur lai. Act., viii, 5-24. L’Écriture ne nous apprend plus rien sur Simon.

En revanche, la littérature ecclésiastique des premiers siècles et surtout la littérature apocryphe s’est occupée très longuement de Simon. Son compatriote saint Justin martyr, vers 150, nous a laissé quelques renseignements sur son compte. Apol., 1, 26, 56 ; Dial.cum Tryph., 120, t. vi, col. 368, 413, 755. Cf. Apol., ii, 15, col. 468. Simon était à Rome, nous dit ii, sous le règne de l’empereur Claude, et il y opéra par l’art des démons des « miracles magiques » qui le firent considérer comme un dieu, de sorte que les Romains lui érigèrent dans l’Ile du Tibre, entre les deux ponts, une statue portant cette inscription romaine : Simoni deo sancto. Col. 367. Saint Justin racontait ces faits dans son apologie, adressée à l’empereur Antonin le Pieux, au sénat et à tout le peuple romain. On admet généralement aujourd’hui qu’il s’est trompé au sujet de l’érection de la statue à Simon le Magicien. On a trouvé en 1574 dans l’Ile du Tibre, c’est-à-dire à l’endroit dont parle Justin, un fragment de marbre, appartenant probablement au socle d’une statue, où on lit cette inscription : Semoni Sanco Deo Fidio. Saint Justin a confondu Simon le Magicien avec un dieu Sanco, adoré par les Sabins.

Sur les anciens auteurs ecclésiastiques et en particulier sur la littérature apocryphe primitive concernant Simon le Magicien, voir A. C. Headlam, Simon Magus, dans J. Hastings, À Diclionary of the Bible, l. iv, 1902, p. 520-527. Les Homélies Clémentines et les Récognitions ont en particulier parlé de lui. Voir Migne, Patr. gr., t. i et n. Comme ces écrits sont ébionites, Baur y a cherché des passages où il s’est imaginé que Simon représentait saint Paul et il en conclut que Simon le Samaritain n’était pas un personnage historique, mais le représentant de la lutte du paulinisme