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354 ALLEM Tous les Germains dont est issue la na'.ioii allemande se trouvèrent alors réunis, en ce sens qnc l'empire des Franks les comprit tous sous son autorité. Ce furent aussi les Franks qui introduisirent en Allemagne l'aristocratie féodale. Elle dominait chez les Franks Saiiens même de la Gaule, et ceux-ci Tintroduisirent parmi les peuples germains de l'est du Rliin. Basée sur la grande propriété territoriale, cette aristocratie féodale produisit deux effets principaux. D'a- bord, elle limita considérablement le pouvoir de la royauté. Déjà sous Charlcmagne sa puissance était telle, que le roi, ou, comme il se fit appeler à partir de l'an 800, l'empereur, ne pouvait rien entreprendre de quelque importance sans son consentement. Sous les faibles successeurs de Charle- raagni- la puissante de l'aristocralie s'acrrut si rapidement que ce fut elle, et non plus la royauté, qui désormais cons- titua réellemoutle pouvoir public. Un autre pouvoir que les Franks Sàliens introduisirent au delà du Rhin, et qui se rattachait d'ailleurs par une foule de points à l'aristocratie, fut le haut clergé, composé des archevêques et des évéques. A partir du sixième siècle les évêques étaient déjà en pos- session, dans le royaume des Franks de la Gaule, de grands fiefs, et faisaient ainsi partie de Taristocratie. Les souverains franks, et notamment Cbarlemagne, en établissant l'Église romaine en Allemagne, paraissent avoir agi sous remf)ire de cette idée, que pour maintenir la nouvel'e foi religieuse parmi les population-s germaines, encore grossières alors et à peine an'achées au paganisme, il était nécessaire d'employer des moyens temporels. Les nouveaux sièges épiscopaux furent en conséquence dotés des fiefs les plus importants; et c'est ce qui explique comme il se fit que dans l'empire d'Alle- magne les prélats, à qui de nouvelles faveurs furent encore constamment accordées, finirent par se trouver les membres presque les plus puissants de la si puissante aristocratie. Qu.uid les petits-fils de Ciiariemagne se partagèrent IVm- piie des Franks, Louis, ordinairement appelé le Germanique, reçut, a'ix termes du traité conclu à Verdun en 8'^'^, loul le territoire situé à l'est du Rliin, et sur la rive gauche de ce fleuve K's villes de Mayence, de Worms et de Spire seulement. Cet État, qu'on peut déjà considérer corame constituant un empire allemand , bien que longtemps en- core après on le trouve désigné sous le nom de France orien- tale ( Oxt-Franken), était compris au total entre le Rhin, l'LIbe, la Saale et les montagnes du Bœhmerwald. Mais dans les contrées voisines du Danube, les conquêtes faites sur les Avares par Cbarlemagne l'avaient étendu jus- qu'au Ra;ib, Du vaste territoire que l'Allemagne posséiiait de ce coté à la fin du neuvième siècle, il s'en perdit beau- coup à la suite de l'invasion des Magyares ; mais elle n'en conserva pas moins aussi une bonne partie : ce furent les contrées postérieurement désignées sons les noms d'Au- triche, de Styrie, de Carinthie et de Carniole. Les Carlo- viugiens qui régnaient à l'est du Rhin s'emparèrent en core de la contrée appelée Lorraine ou Allemagne d'outre- Rhin, et qui était un démembrement de l'ancienne Gaule. Malheureusement leur race, dont les rejetons allèrent tou- jours en s'affaiblissant davantage, ne subsista pas longtemps encore après la conclusion du traité de partage de Verdun. Louis le Germanique mourut en 876. Après sa mort, trois royaumespàrticuliersseconstituèrent pendant quelque temps en Allemagne : ceux de Saxe, d'Alemanie et de Bavière, pour ses trois fils, Louis, Carloman et Charles. Dès l'an- née 8S2 , ce dernier, surnommé le Gros , réunissait de nouveau l'Allemagne sous ses lois, par suite de la mort de ses frères, et en 884 toute la France elle-même. Ctlte reconstitution de l'empire de Cbarlemagne était toutefois plus apparente que réeib'. Kn 887, l'aristocratie déposa Charles le Gros à la diète de Trihnr, et il y eut alors, à pro- prement parler, deux empires d'Allemagne, l'un grand et l'autre petit. Celui-ci se composait delà Suisse allemande d'aujom-d'hui, où les seigneurs élurent l'un d'entre eux , le AGNE fomtc Rodolphe. Arnoulf, fils naturel de Carloman, fut >'lu roi dans le grand empire. Il mourut en 899, après ime vie assez insignifiante, dont le seul événement de quel- que importance fut une victoire qu'il remporta en 891 sur les >'ormands. Son fils alors encore en bas âge , Louis l'En- fant , porta le litre de roi jusqu'au milieu de l'année 911 , épocpie de sa mort. Avec lui s'éteignit la race carlovin- gienne en Allemagne. Vers celte époque, la majorité de l'aristocratie, qui avait alors jusqu'à un certain point pour chefs les ducs, semble avoir conçu le plan de laisser la royauté et l'empire s'é- crouler. Il y eut Ueu de procéder à une élection générale d'un roi ; mais les grands de la province de Franconie y pri- rent seuls part, et ils choisirent pour roi un des leurs, Con- rad l^, dont toutefois l'autorité ne fut pas reconnue dans toutes les parties de l'Allemagne. A sa mort, arrivée en l'an- née 919, les grands de la Saxe et de la Franconie élurent pour roi Henri, duc de Saxe. Henri 1" rétabbt l'empire à peu près dan» les limites qu'il avait eues sous les der- niers Carlovingiens. Il eut fallu une politique d'une ha- bileté consommée et le travail non interrompu de plusieurs siècles pour détruire l'essence de cet empire carïovingien avec sa constitution aristocratique , et pour le remplacer par un empire véritablement national d'unité. Aucun des rois de la maison de Saxe ne semble avoir eu l'énergie et la prudence qui eussent été nécessaires pour arriver à un sem- blable résultat. A la mort de Henri, arrivée en 936, l'empire passa à son fils Otbon l", qui en 962 obtint la cou- ronne impériale. Indépendamment d'une victoire décisive qu'il remporta, en 955, sous les murs d'Augsbourg sur les Hongrois , victoire dont le résultat fut de délivrer à ja- mais l'Allemagne des ravages de ces redoutables visiteurs, l'empire et surtout le duché de Saxe furent sous son règne considérablement agrandis sur les rives de l'Elbe et de la Saale, par suite de la vigoureuse impulsion qu'il im- prima à la guerre contre les Slaves , qu'avait déjà com- mencée Henri ". Othon V mourut en 973. Ses deux succes- seurs, Otbon II, qui régna jusqu'en 983, et Othon III, qui régna jusqu'en l'an 1002 , sont d'une complète insignifiance historique , et nous offrent un nouvel et frappant exemple de cette fatalité qui semble condamner les grandes maisons souveraines à périr et à s'éteindre dans la faiblesse et l'é- tiolement complet de leurs derniers rejetons. A la mort d'Olhon III , un collatéral de la maison de Saxe , le roi Henri II , monta sur le trône. Ce prince ne se distingua que par ses tendances monacales et par son complet as- servissement au clergé, qu'il combla de richesses en même temps qu'il ajoutait encore à sa puissance temporelle. Avec lui s'éteignit en l'année 1026 la maison de Saxe, pour faire place à la dynastie franke ou salienne. Consultez Ranke, Annales de. l'Empire d'Allemagne soiis la maison de Saxe ( en allemand ; Berlin, 1837-1840 ). Le roi Conrad II fut le premier souverain de la race salienne, laquelle occupa le frône pendant un siècle entier. Déjà sous Othon V l'Italie avait été réunie à l'Allemagne; Conrad II en fit autimt de la Bourgogne, dont une très-pe- tite partie seulement était allemande. Mais la souveraineté ainsi acquise par des rois allemands sur des territoires ita- liens et français , surtout en ce qui est de cette dernière ac- quisition, ne fut guère jamais que nominale. D'ailleurs Con- rad II témoigna de la ferme volonté de mettre des digues à toute nouvelle usurpation de puissance de la part de l'aris- tocratie ; mais les efforts qu'il tenta à cet effet jusqu'à sa mort, arrivée en 1039, restèrent à peu près sans résultats. Son fils et successeur Henri III fit encore plus explicite- ment connaître quelles étaient ses idées à l'égard de l'aris- tocratie ; mais sa main de fer et son énergie furent elles- mêmes impuissantes à triompher d'abus trop profondément enracinés. Henri III mourut en 1056, et la couronne passa à son fils Henri IV, alors encore en bas âge. Sous le r^e