Page:Dictionnaire de la conversation et de la lecture - Ed 2 - Tome 03.djvu/810

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800 la marche et le cérémonial. Comme personne ne se connaît mieux que lui en liturgie, il n’y a pas eu une révérence d’omise. Il y avait plus de cent cinquante prôtres, qu’il avait loués à plus de dix lieues à la ronde. 11 avait, en outre, donné des chapes à quantité de particuliers ; en sorte qu’il en résultait un cortège de quatre cents personnes. On comptait vingt-cinq mille pots de (leurs, six reposoirs , lont l’un tout en fleurs et de l’élégance la plus exquise. Après la procession, ce magnifique seigneur a donné un repas de huit cents couverts , composé de prêtres , de chapiers et de paysans, ses amis ; car c’est dans cet ordre qu’il les cherche. On comptait plus de cinq cents carrosses venus de Paris, et le spectacle du monde, épars dans les campagnes, y faisant des repas champêtres, n’était pas un des moindres coups d’œil de la fête. Elle doit recom- mencer jeudi procliain, et le récit de ce qui s’est passé aug- mentera vraisemblablement la multitude de curieux. « Ces solennités fastueuses se renouvelèrent pendant quelques an- nées. Les fêtes de Longchamps les firent oublier; ce fut un scandale de plus. Il l’fait réservé au marquis de Brunoy d’étonner tout Pa- ris par une autre fantaisie plus excentrique. Il annonça, en 1775, la résolution de se rendre en Palestine, d’y visiter le tombeau de Jés>is-Clu-ist et des apôtres. Il devait faire ce BRUNOY long voyage à pied dans le modeste costume d’un pèlerin vulgaire, en sandales, le bourdon au poing, l’escarcelle à la ceinture, etc. ; mais il n’avait pas l’intention de partir seul : trente hommes devaient l’accompagner, et il assurait à cha- cun d’eux une prime de 600 francs payée avant le départ, et une pension viagère à ceux qui reviendraient avec lui en France. Tous les frais de route d’ailleurs à sa charge. Ce pèlerinage n’eut pas lieu. A ces conditions cependant, il ne devait avoir que l’embarras du choix. L’obstacle n’était pas là; Brunoy avait plus de vanité que de dévotion; il ne vit plus que l’ennui et la fatigue d’un si long voyage, sans faste , sans éclat , sans rien qui le distinguât des mercenaires qui l’escorteraient, et il y renonça. L’heureux successeur de Pâris-Monmartel dans l’exploi- tation des finances de la France, le banquier favori du rt^gent et de Louis XY , Beaujon, eut aussi des fantaisies de grand seigneur. Mais ses folies furent d’un autre genre que celles du marquis de Brunoy. N’oublions pas qu’il fonda à Paris un grand établissement de bienfaisance, auquel les pauvres ont donné son nom. Que reste-t-il du marquis de Brunoy? Le souvenir d’une stérile et scandaleuse prodiga- lité et celui de son interdiction, sollicitée et obtenue jiar ses parents, Di’fey ( de 1" Vonne). FIN DU TROISIÈME VOLUME.