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Page:Dictionnaire de la conversation et de la lecture - Ed 2 - Tome 08.djvu/166

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DUMONT

Le f>iit est que si l’iik’c-mère du système ulilit ;iirc et de ses principales con»<*quenccs lui appartient, c’est à Duinont seul que revient le ra( !rite de rexposé clair et simple des principes, delà diduclion logique et de renchalncmcnt des const’quenccs , du clioix des exemples , en un mot de tout le travail de la réiiaction. C’est de la sorte que parurent successivement il Genève : le Traité de fjgislatlon civile et pénale (3vol., IS02) ; h Théorie des reines et des récompenses (2 vol., 1810) ; la Tactique des Assemblées législatives (1815) ; le Traité des Preuves judiciaires (1833) ; le livre de VOrganisation judiciaire et de la codification (1828). La plupart de ces ouvrages ont éti ! plusieurs foii réimprimés ; et bien que le nom de Dumont n’y figure au titre que comme simple éditeur, ils lui assignèrent tout de suite un rang éniiiient parmi les publicisfes contemporains. Aussi, en ISO ;), l’empereur Alexandre confiat-il à Dumont une place dans la commission chargée de rédiger un code pour son empire.

Après les événements de Isli, Dumont rentra à Genève, et y fut élu membre du grand-conseil. Il mourut en 1829, à Milan , où il était allé faire un voyage d’agrément. DUMONT ( André ) , chevalier de la Légion d’Honneur, membre de la Convention et du Conseil des Cinq-Cents, préfet du Pas-de-Calais, etc., naquit en 176i, à Oisemont. Dumont Hit un de ces hommes d’énergie et d’intelligence qui , fascinés par les rêves de réforme du dix-huitième siècle , abandonnèrent leur fortune et leur vie comme un enjeu dans les chances des événements révolutionnaires. A l’âge de vingt-six ans, membre de la Convention, le jeune représentant de son pays vint, rempli de z.èle et d’enthousiasme, partager les travaux d’un sénat unique dans les fastes du monde. L’édifice social fondé par quatorze siècles de labeurs, d’essais, de tourments et de gloire, s’écroula jusqu’en ses plus profondes bases. La Convention , assemblée sur des ruines, aux cris de détresse de la France, reçut la mission de sauver la patrie et de reconstruire l’édilice renversé. De fortes institutions sont créées dans le bouillonnement des partis. Les péjils, les souffrances, l’exil, la mort , rien n’arrête la marche de la Convention ; son sang coule mêlé au sang de ses ennemis, et la révolution, ainsi que le dit alors un de ses plus célèbres promoteurs, la révolution, comme Saturne, dévore ses enfants. . dré

Dumont apporta ses lumières, son ardent patriotisme, dans les délibérations publiques, et son zèle et son amour de l’ordre dans l’intérieur des comités. Au 1" prairial, pcnilant la terrible tourmente où l’ordre légal luttait douloureusement avec la fureur populaire, Dumont occupait le fauteuil ; sa fermeté imposa à la révolte, et mit un frein à la fureur du meurtre. André Dumont, chargé d’aller rédiger dans le sein du coniilé de sOrcté générale la proclamation votée par la Convention , venait de confier la présidence au vertueux et intrépide Boissy-d’.

glas, qui apprécia

l’immense service que sou jeune collègue avait rendu à la représentation nationale. .u 9 thermidor, Dumont contribua puissamment h renverser la tyrannie du comité de salut public. Il sauvait alors la vie à de nombreuses victimes, sans se douter qu’il sauvait aussi la sienne, car il se trouva sur la liste des victimes dévouées au sanglant dictateur. Dans le cours de la terreur de 93, la Convention envoyait des proconsuls aux armées et dans les déparicuiemts. Ces représentants, chargés d’attiser le feu révolutionnaire, étaient investis de l’absolu pouvoir. La mort ohéissiit à leur premier signal : Ils perdaient ou sauvaient le pay.> qui leur était livré. Dumont sentit qu’il se devait tout entier au département qui l’avait vu naître. 11 craignait pour son pays le sort qu’éprouvaient déj.’i plusieurs provinces sous la tyrannie sanglante de plusieurs proconsuls. 11 réclama et obtint la faveur d’une mission dans le département de la Somme, et parvint ;i le préserver du terrorisme qui décima bientôt le nord de la France sous la hache du féroce Le Bon. « On me demandait au.ssi, dit-il, dans son compte-rendu, on me demandait du .sang, je leur versais des flots d’encre. • En effet, le proconsul , maître absolu de la vie et de la fortune de ses concitoyens, ne s’occupa qu’à protéger le malheur et la faibles.çe, à maintenir l’ordre, à faire cesser la disette, à protéger les monuments des arts et des sciences. Dumont hit calomnié. Ses fautes ou ses erreurs , infailliblement nées des circonstances, furent envenimées. Souvent il fut en butte aux accusations les plus absurdes ; un de nos plus illustres écrivains , Joseph Chénier, trompé par quelque fausse délation , lui reprocha d’avoir proscrit son frère André Chénier, que Dumont, au contraire, avait puissamment protégé dans sa mission à Breteuil, où André Chénier avait exaspéré la population. Le trait lancé par une main si forte cause une blessure profonde ; mais il n’est pas moins lâcheux pour le prajid poète d’avoir commis une injustice qu’il n’a pas eu le temps de réparer. Rien n’est plus difficile que de peser avec une exacte équité la conduite d’un homme politique , qui , jeune et bouillant de l’ardeur que les révolutions allument dans les esprits les plus calmes, traverse les orages populaires, menacé par tous les partis , assailli par tous les événements ; mais s’il est des erreurs dont les circonstances amoindrissent l’odieux, les faits ne restent pas moins comme des accusateurs inflexibles. Louis XVI venait d’être condamné à la captivité et à la déchéance par l’Assemblée législative. La royauté déchue , humiliée dans le prince qui n’avait pu en supporter lepoiils, est traînée devant le jury national, et dans ces jours où la terreur aveuglait tous les partis, dans cet universel abandonnement des principes qui régissent les États, la têle consacrée par la couronne tombe sous les pieds d’une foule qui écrase toi :jours avec joie ce qu’elle a envié et redouté. André Dumont eut le malheur de voter avec la majorité. Dans la tourmente effroyable des partis, à la face de l’Europe menaçante, la Convention se montra inexorable, et ne reconnut pas que, dans l’intérêt de tous , il est un rang inaccessible à la rigueur des lois. La Convention, dit-on , crut sauver la patrie par un attentat dont l’Angleterre avait offert le premier exemple. L’Angleterre expia sa coupable erreur. Cependant la Convention s’élança aveuglément dans le même abîme, et croyant ne céder qu’à une horrible nécessité, ne vit pas qu’elle frappait la nation au cœur dans celui qui fut son véritable représentant. Elle ne it pas que le re.spect de l’autorité, la religion du pouvoir ne peuvent être méconnus sans produire un mal plus grand que tous les malheurs qu’on espère éviter. André Dumont, nouuné à lafois par onze départements, (itpartie del’Assemblée qui succéda à la Convention , et de là passa au Conseil des Cinq-Cents. Bientôt la France, victorieuse et calme, mais lassée du faible gouvernement directorial, reçut une nouvelle organisation du vainqueur de l’Italie, échappé au désastre de la glorieuse armée d’Egypte. Napoléon sentit que la France ne pouvait remonter à son rang que par l’unité dans le pouvoir : il venait d’illustrer la patrie par ses victoires, il la sauva par son génie. Il recueillit les débris de nos antiques institutions, reconstniisit l’édifice des lois, modifiées selon les mœurs et les intérêts du siècle , et conciliant le passé et le présent, refit une France nouvelle, brillante de la gloire de son chef. André Dumont, à qui on offrit de hauts emplois , demanda la sous-prcfecture d’Abbeville. Il voulut vivre parmi les concitoyens qu’il avait servis. Il y avait quelque noblesse et une grande sécurité de conscience à revenir sous le simple titre de sous-préfet dans le lieu même où il avait exercé le pouvoir absolu. L’ancien proconsul fut aimé dans le sous-préfet , et des services nouveaux rappelèrent ses anciens et importants services. A l’époque désastreuse où l’invasion étrangère ramena l’antique race des Bourbons, il se retira à la campagne, et gémit en silence sur l’infortune delà patrie. En 1815, "après le retour prodigieux de l’Ile d’Klbe, l’empereur lui envoya 11 décoration de la Légion d’Honneur, et sa nomination à la pré*