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Page:Dictionnaire de la conversation et de la lecture - Ed 2 - Tome 08.djvu/168

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DUMONT D’URVILLE

pfr revêt pour adjoint le très-regretlé J. de Blosteville. Le voyage, entrepris le II août 1822, dura trente et un mois, et il eut pour résultats d’abondantes collections de plantes et d’insectes , une flore des Malouincs en latin et la décourerle des quatre lleâ de Clermont-Toniierre, de Lostange, de Duperrcy et de d’Urville. A son retour à Marseille, en mars IS2d, d’Urville fut nommé capitaine de frégate, et peu de temps après un autre voyage de rechcrclics dans le grand Océan fut ordonné par le roi, expédition dont d’Urville fut le cM et l’inspirateur. En conséquence, la corvette La Coquille fut de nouveau appareillée ; mais elle quitta son nom pour prendre celui de L’Astrolabe, nom de l’im des vaisseaux du naufragé Lapérouse, à la recherclie duquel était en partie destinée l’expédition. Le départ fut lixé au 22 avril 1826 ; et quant au retour, il n’eut lieu à .Marstille qu’au bout de trente cinq mois, glorieusement remplis. Pendant les cinq ans ctdemi qu’avaient employés ces deux premiers voyages, Ln Coquille-Astrolabe avait parcouru cinquante mille lieue-s, réalisé des découvertes inattendues, exploré des côtes d’un développement immense, découvert une magnifique baie et des mouillages Inconnus, ajouté à tant d’autres une douzaine d’Iles queCook n’avait point a|)erçucs, complété l’étude du groupe innombrable des lies S’iti , et dissipé les doutes dont l’existence des Iles Loyalty restait fncore environnée. La plupart de ces découvertes furent datées de son second voyage ; mais il est permis de penser que d’Urville avait réservé de son voyage précédent, fait en commun avec M. Duperrey et vers les mêmes parages, la plupart de ses observations personnelles , pour le moins ébauclii es dès celte première expéditon ; toujours est-il que le seul voyage commencé sous son commandement en 1826 eut pour résultaU 65 cartes et plans, plus de 1,260 dessins piltoresqucs , 4,000 autres dessins d’histoire naturelle, 8 à 10,000 espèces de divers animaux de toutes classes, plus de 3,000 planches anatomiques circonstanciées, des échantillons de roches peu connues par centaines , et jusqu’à 6,600 espèces de plantes. • C’est à ce point, disait G. Cuvier, sur un ton de vive gratitude , que les souterrains mêmes des galeries d’Histoire Naturelle ne suffisent pas pour contenir tant (le riches récoltes. » Et pourtant ce fut après ce voyage si productil’quesa candidature échoua à l’Académie des Sciences , où les novices reçoivent souvent un meilleur accueil que des profè.1 s’annonçant imprudemment comme rivaux. Nommé capitaine de vaisseau le 8 août 1829, il consacra toute l’activité de son esprit à la publicstion des premières parties de son voyage. Modeste et retiré du mon le, vivant loin de ses plaisirs , il n’assistait guère qu’aux séances de la Société de Géographie , ne voyant que quelques anciens amis, dont ses jeunes subordonnés de L’Astrolabe accroissaient le nombre. Il en était à la publication du quatrième volume de son voyage, quand la révolution de Juillet lui décerna la mission de reconduire Charles X hors de France. <> Où dois-je aller ? demanda d’Urville. — Où le roi voudra, lui ful-il répondu, hormis Jersey, Guernesey et les Pavs-Bas. >. Il aborda à Portsmoutli le 23 septembre, et il lut le premier qui arbora dans un port anglais le nouveau pavillon tricolore. D’Urville eut la délicatesse de ne mettre aucun uniforme pendant ce voyage politique, qui dura six jours ; et il eut de si grands égards pour d’augustes infortunes, que le duc d’Angouléme finit par lui dire, en parcourant l’atlas de son voyage : ■• Je m’étonne, commandant, qu’on ne m’ait jamais jirésenté ni votre personne ni vos ouvrages. » Tout en continuant la rédaction de son voyage, d’Urville déféra aux cjiprices du jour, en publiant .séparément en deux volumes un ouvrage illustré qu’on intitula : Voyage pittoresque artlour du monde. Ce voyage, purement imaginaire, qui aurait dû tire un résumé systématique des principaux voyages de ilér ouvertes , obtint un grand succès. Dumont d’Urville fut ensuite employé comme commandant du port dans la préfecture maritime de Toulon. Mais en 1837 il dut, sur l’ordre du roi Louis-Philippe, partir pour explorer les mers voisines du pôle austral. Ce dernier ■ voyage de circumnavigation fait la principale gloire de d’Ur- " ville. Il commandait L’Astrolabe et La Zélée ; il avait avec lui des officiers du plus grand mérite, hommes de cœur et d’intelligence, des jeunes gens d’une intrépidité éprouvée ; tous voulaient conquérir une réputation , tous y ont réuni. Les deux corvettes partirent de Toulon le 7 septembre 1837, traversèrent le détroit de Gibraltar, touchèrent .1 Tenérilfe , et , courant au sud-ouest , elles arrivèrent devant Rio-Janeiro, où l’on fit une station de quelques heures. Dumout d’Urville, impatient des glaces polaires, se dirigea au sud, longea toute la Palagonie, et, forcé par les vents contraires, pénétra dans celte fissure immense à l’aide de laquelle le Portugais Magellan arriva le premier par l’ouest dans le vaste océan Pacifique. Ici Dumont d’Urville cherche les baies, les criques, les auscsoù les navires peuvent trouver un sur abri contre les rafales carabinées du sud : ce sont des dangers sans nombre à braver ; à chaque élan , L’Astrolabe et La Zélée courent risque d’ouvrir leurs quilles de cuivre contre les rochers sous-marins, que les cartes nautiques n’indiquent guère que d’une manière incorrecte. La botanique, la zoologie, la minéralogie , font d’amples récoltes dans ces haites répétées, et M. Leguillou, entre autres, dont nos lecteurs ont déjà vu le nom figurer au bas de divers articles de ce livre , Leguillou, chirurgien-major de La Zélée, brave avec conrage l’intempérie de la saison pour enrichir son herbier et ses souvenirs. Dumont d’Urville s’élance au milieu des glaces. En s’avançant vers le sud-ouest, L’Astrolabe reconnaît des terres qui n’étaient marquées sur aucune carte. « Je donnai, dit Dumont d’Urville, le nom de Louis-Philippe à la grande terre qui s’étendait indéfiniment dans le sud-ouest, pour consacrer le nom du roi qui avait eu la première idée des recherches vers le pôle austral ; la côte basse qui s’étendait dans l’est fut appelée terre de Joinville. Ensuite, l’Ile haute, qui semblait occuper la moitié du canal laissé entre les deux grandes terres, reçut le uom d’iVe Rosamel, du ministre qui avait accueilli mes projets, et sous les auspices duquel notre campagne avait été entreprise. Enfin , une vaste ouverture qui séparait la terre Louis-Philippe de la terre de la Trinité, fut baptisée canal d’Orléans. » Cependant, le scorbut, ce redoutable visiteur d»s navires, vient s’abattre sur L’Astrolabe et La Zélée. On repart, on met le cap au sud, et l’on touche enfin au Chili , dans la rade de Yalparaiso , dont Dumont d’Urville étudie les richesses et les pauvretés. L’équipage remis à peu près de ses fatigues, les corvettes radoubées à peu près de leurs déchirures, leur capitaine de vaisseau plonge dans le vaste océan Pacifique , parcourt la ceinture d’Iles qui coupe en deux cette mer immense, depuis r.mérique jusqu’à la Malaisie ; il lutte contre les flots, contre les moussons, contre les sauvages habitants de quelques-uns de ces archipels ; il étudie les mœurs et les usages de ces nations à moitié vaincues par la civilisation qui veut les envahir, mais attachées encore à lenrs dogmes primitifs, à leui première imlépendance.

Dumont d’Urville avait déjà, dans un précédent voyage de circumnavigation , découvert à Vanikoro les restes du malheureux naufrage de Lapérouse et élevé sur cette ile inhospitalière un monument funéraire à la mémoire des illustres navigateurs. Le voici maintenant, courant d’afchi|>el en archipel , visitant les Iles les plus sauvages et les plus ignorées, étudiant les criques et les anses Je cette Bornéo mystérieuse, qui récèle tant de richesses ; et toutes ces courses, il les fait au milieu de périls sans nombre, souvent contre les mous.sons, qui enjajfn/ les deux navires elles menacent d’une destiiiction prochaine. On essayerait vainement de rappeler les noms de tous les Ilots , de toutes les roches madréporiques , de tous les bas-fonds, de tous les caps signalés sur les caries de Texplurateiir dont ooas écrivooi la vie. Mais la dyssenlerie , ce redoutable compngnon ot