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Page:Dictionnaire de la conversation et de la lecture - Ed 2 - Tome 08.djvu/96

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DUBAN

critiques, et nous sommes forais de reconnaître qu’elles étaient toutes méritées. Les plafonds sont du goût le plus liaroque et le plus chargé, les murailles sont d’un ton brillant qui nuit le mieux du monde aux tableaux ; partout lor et le clinquant sont prodigués connue dans un estaminet du i’alais-Roy :d. M. Duban a surveillé en même tempt l’habile restauration des sculptures de la façade du bor<l de l’eau , et enfin la décoration intérieure de la cour. Il ithoua complètement dans ce dernier travail : les petits jardinets, plusieurs fois remaniés, les lourdes balustrades de pierre qu’il y mettait un matin pour les enlever le lendemain, obtinrent un grand succès d’ironie, et égayèrent même le crayon des caricaturistes. Le résultat définitif d’un effort si pénible et si coûteux est tout à fait mesquin et vraiment peu iligne de l’ancien palais de François I". Toutefois, M. Duban, quiavaitété nommé chevalier de la Légion d’honneur à la suite de la construction de l’École des Beaux-Arts (2 février 18JG), fut nommé officier à l’occasion des travaux du Louvre (G juin 1851). Il a d’autres titres encore : il est membre de la commisiJon des monuments Uistojiques et de celle des arts et des i<li( ;ces religieux. 11 a failli remplacer Achille Leclère à l’Institut ; enfin, s’il a donné au mois de janvier 1854 sa démission d’arclùtecte du vieux Louvre, il a été nommé quelques jours après inspecteur général des bâtiments civils. Vno avulso, iW7i déficit aller : a une (onction qui s’éteint, succède une fonction nouvelle. DUB.VURY (MvBiE Jeannk GOMaRT-VALIJER :SIER, comtesse) naquit à Vaucouleurs, en 1744. Elle eut pour parrain le numilionnaire Dumonceau,quele hasard avaitconduit à Vaucouleurs, et pour marraine la femme du directeur des Fermes. Gomart-Vaubernicr n’était qu’un connnis subalterne. La cérémonie du baptême fut un événement : un parrain directeur géniral des vivres 1 c’était une bonne fortune pour la famille Vanbernier. .près la cérémonie, les gens du financier firent pleuvoir sur la po|)ulation une grêle de dragées et île petite monnaie. Le psrrain ne se m«ntra généreux que ce jour-là. Mais la marraine pourvut avec une libéralité toute financière aux besoins de .sa filleule. Le père mourut, et sa veuve, se trouvant sans ressource, partit, avec la petite Marie-Jeanne, pour Paris. Elle n’avait d’espoir que dans la générosité du fournisseur, qui se borna d’abord à un secours mensuel de douze livres. Plus lard, il plaça sa commère chez une de ses maîtresses, et mit sa filleule au couvent de .Sainte- .

ne. Elle en sortit à l’ige de quinze ans,

et fut mise en apprentissage chez M™’ Labille , marchande «le modes , rue de la Ferronnerie. Jolie et coquette, elle eut bientôt des amants, et devint une des pensionnaires de la fameuse G o u r d a n. Ce fut là qu’elle connut le comte Jean Uubarry, dit le grand roué, qui bientôt la prit chez lui. Il tenait un de ces tripots privilégiés, lendez-vous des grands seigneurs joueurs et libertins. Le com.e Jean était lié d’intérêt avec Lebel, valet -de chambre et agent secret des plaisirs du vieux roi Louis XV. Lebel n’avait pas besoin de s’occuper des dames de la cour : elles s’offraient d’elles-mêmes. L’obstination de M"" de Saint-Roman à faire légitimer un lils (|u’elle avait eu de S. M. avait contrarié le prince , et une double lettre de cachet avait si’paré la mère et l’enfant. Cette rupture avait mis en émoi toutes les ambitions, et ranimé des espérances longtemps déçues. La belle duchesse de Gramont , sceur du premier ministre , n’offrit au roi ipi’une conquête facile. Tous les courtisans, le duc de Richelieu lui-même, qui avait poussé la com/j/iiùaficc jusqu’à prêter sa petite maison de Saint-Ouen pour la première entrevue de Louis XV et de M™|^ de Pompadour, s’évertuaient à chercher une nouvelle favorite. Le roi avait vieilli, il était devenu sombre et mélancolique Le comte Jean, confident et ami de Lebel , lui proposa M’"* Lange : c’était le nouveau nom de .M<^li< : Vaubernier. Lebel hésitait ; il Irrudilait que le roi ne filt informe des antécédents de la demoiselle ; mais il n’avait pas le choix des moyens, et puis DUBARRY

U ptlUe avait vu U bonne compagnie ; elle s’était forroée dans la société de .M’" de Lagarde, maltresse de l’abbé Terray, et dans les salons du comte Jean ; elle avait de l’esprit naturel, le ton un peu leste et grivois. On lui fit la leçon ; elle promit de s’observer, n’en fit rien, et réussit. Le roi fut enchanté.

Le duc de Richelieu avait été en tiers dans cette intrigue avec Lebel et le comte Jean ; il n’avait compté que sur un caprice, il s’aperçut bientôt que c’était une passion. Il fallait un nom titré à la nouvelle lavorite. S. M. ne pouvant avouer un amour bourgeois, le comte Jean proposa son (rère Guillaume, qui épousa, et, la cén’monie faite, repartit pour Toulouse, chargé d’or et nanti d’une énorme pension. Ce mariage pour la forme n’était qu’un scandale de plos ; mais telles étaient les mœurs de la cour. Le doyen des ministres, le duc de la Vrillière, n’avait-il pas fait épouser sa maîtresse au marquis de Langeac, qui par le même contrat, et moyennant une somme convenue , s’était engagé a vendre sou nom , ses droits d’époux , et a reconnaître les quatre enfants de ce ministre ? L’étiquette «xigeait encore que la nouvelle comtesse fût piéscntée ; U lui fallait une marraine , et cette marraine ne pouvait être qu’une dame titrée, ayant ses entrées à la cour. Le choix tomba sur M°" de Béarn. Elle montra des scrupules, qui disparurent à l’aspect d’un brevet d’nnegrande charge pour son fiis^ et d’un bon de cent mille livres sur le trésor. Une indispo.sition du roi avait ramené près de lui sa famille : le parti Choiseul , renforce par le iluc de Vauguyon, et la coterie dévote retardèrent ce grand jour. Ce conflit d’intrigues occupait toute la cour. Enfin , le Ilullelinde Paris, du 21 janvier 1709, apprit à la capitale et a la France le terme de celte grave négociation. <• Le roi, en revenant de la chasse, avait annonce qu’il y aurait pré" sentation le lendemain... ; qu’elle serait unique. C’était une présentation dont il était question depuis longtemps. Enfin S. .M. avait déclaré que c’était celle de M"" la comtesse Dubarry. Le soir, un bijoutier apporta pour cent mille hvres de diamants à cette dame. Le lendemain , l’aflluence fut si grande qu’on la jugea plus nombreuse que celle occasionnée précédemment par le mariage du duc de Chartres, au point que le monarque, étonné de ce déluge de spectateurs, de» manda si le (en était au château. >> La nouvelle favorite ne manqua ni de grâce ni de dignité dans cette cérémonie , et s’acquitta de son rôle avec une aisance et un aplomb qui étonnèrent les vieux courtisans. Suivant l’usage, la famille royale était là. On remarqua que madame .Adélaïde ne releva pas la récipiendaire lorsque après la cérémonie elle se baissa pour baiser le bas de la robe de cette princesse, qui peu après se retira de la cour avec sa sœur. Bientôt , les deux partis qui divisaient la cour se dessinèrent. Le duc de Choiseul affectait de bouder la nouvelle favorite, qui voyait à ses pieds les ducs de Richelieu, d’Aiguillon et toute la cohue de l’Œil de-Bœuf. Cette division affligeait Louis XV ; il aurait voulu inspirer à tout ce qui l’entourait ses sympathies pour sa belle maltresse. M. de Choiseul était tout le ministère ; il réunissait les portefeuilles les plus importants, et ses collègues n’étaient que ses commis. Le roi ne pouvait se passer de lui ; il le croyait du moins. Il n’imagina rien de mieux pour conserver son premier ministre et sa maltresse qu’un voyage à Marly. Il se flattait que les courtisans qui lui refusaient leur hommage seraient dé.sabusés en la voyant de plus près. Toutes les exigences de l’étiquette étaient oubliées à Marly. Aussi était-ce une faveur insigne que d’y être admis. Le roi eut soin de mettre sur la liste toutes les femmes qu’il savait être prévenues contre sa maîtresse. Ce voyage de Marly fut triste et monotone ; les dames s’éloignèrent de la lavorite ; le jeu m4me ne put les réunir ; M""» de Béarn et d’Alogny seules restèrent près d’elle.

Habituée à une vie active, indépendante. M"" Dubarry s’ennuyait à Versailles, et souvent elle venait inoognito