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préface

Un marchand est celui qui fait un marché. Au xvie siècle, ce mot pouvait être le nom de l’acheteur aussi bien que celui du vendeur : L’image, s’il est beau, son marchand trouvera, A quelque pris que soit contant s’achètera. Rimes de P. de Laval, 61. — Marchander ne se bornait pas au sens restreint de discuter le prix, mais avait le sens générai de faire du commerce : Grand joie ilz ont quand ce dont ilz marchandent Fault au pays, parce qu’a lors ilz vendent Tout a leur pris, sans raison ne pitié. J. Bouchet, Epistres morales du Traverseur, II, ix, 1.

Un patient est un homme qui souffre on employait souvent le mot dans le sens de malade : Il commande rien n’estre au medecin… qui puisse offenser le patient. Rabelais, IV, Ancien Prologue.

Un pelerin était un voyageur, que le but d son voyage fût profane ou religieux : Par l’apprehension des calamitez que souffrent journellement les pelerins de l’Ocean. Cholières, 1re Matinée.

Le mot recteur, quoiqu’il fût depuis longtemps employé dans un sens spécialement universitaire, pouvait encore désigner, d’une façon générale, celui qui dirige, qui gouverne : Elle fait Dieu recteur du monde de parolles seulement et non pas de faict. Calvin, Instit., VIII, p. 502.

Un veneur était un chasseur, et non pas seulement un auxiliaire dans une grande chasse : En ce temps là les Princes et les peuples vivoient pour la pluspart de venaison. Si estoient presques tous veneurs plus que laboureurs. Lemaire de Belges, Illustr., III, 1.

Le mot famille désignait tous ceux qui habitaient la maison, les serviteurs comme les maîtres. Souvent, pour distinguer les serviteurs, on leur donnait le nom de grossière famille : Si d’autre part le maistre traicte inhumainement sa famille : c’est larrecin devant Dieu. Calvin, III, p. 160. — Cestui-ci sera pour vostre table, et cestui-là pour vostre grossiere famille. O. de Serres, Th. d’Agric., VIII, 1.

Escadron, mot récemment emprunté à l’italien, signifiait troupe en général. Il s’appliquait aux soldats à pied comme aux soldats à cheval : Les gens de cheval Romains… demeurerent en fin maistres de la place ; et incontinent apres les escadrons de pied se venans à heurter, commencerent une bataille tres-cruelle. Fauchet, Antiq., I, 23. — Le mot servait même à désigner des troupes qui n’avaient rien de militaire : Je semble cil qui nombre Les Cailles, qui couvrant la mer Itale d’ombre, Pour vivre sous un Ciel plus fecond et plus dous Viennent par estadrons passer l’Esté chez nous. Du Bartas, 1re Semaine, 4e Jour.

Faon se disait des petits de toutes sortes de bêtes : J’ay nourry… ces deux enfans dans une caverne, comme la lionne ses faons. Fauchet, Antiq., II, 20.

Les mots concile, congrégation, consistoire n’étaient pas encore restreints à leur sens ecclésiastique. Ils pouvaient encore s’employer dans la signification générale d’assemblé : Jupiter irrité des larmes de sa fille Des Dieux incontinent assembla le concile. Ronsard, Hymne de la Justice. — Les congregations et assemblees des hommes associées par droit, qu’on appelle citez. L. Le Roy, trad. des Politiques d’Aristote, I, 2, Comment. — Cineas… luy dit… que le Senat luy avoit proprement semblé un consistoire de plusieurs Rois. Amyot, Pyrrhus, 19.

Seminaire signifiait au propre lieu où l’on sème. Au figuré, il était à peu près l’équivalent de pépinière : Depuis le commencement d’Octobre jusques à la fin de Janvier… est bon de planter les Oignons… à telle cause doucement les arrachons du seminaire. O. de Serres, Th. d’Agric., VI, 4. — Le collége des advocats est le séminaire des plus grandes charges publiques. L’Hospital, Reformat. de la Just., 4e partie.