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CHANTIER
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venin et le gentil erreur D’un amour plus gentil dessus ta chanterelle Feit tesmoigner l’ardeur d’une vive estincelle. Grevin, l’Olimpe, p. 39. — Ceste matiere eut esté fort propre à desployer sur les festes de S. Pansart, auquel temps un chacun sçait que fleurissent les mots de gueule, qui principalement fredonnent sur la chanterele du mignard Cupidon. Cholières, 4e Matinée, p. 121.

(Spécialement). Dans un instrument de musique, la corde qui donne le son le plus aigu. — 1552. Celle [corde] que vulgairement on nomme chanterelle, seroit Nete. Pontus de Tyard, Solitaire premier, dans ses Discours philosophiques, 14 b, édit. de 1587 (Vaganay, Pour l’hist. du franç. mod.). — Quand je la voy si gentille et si belle Si doucement les langues manier Du Lut aimable, et sa voix marîer Au son mignard que dit la Chanterelle. Am. Jamyn, Œuv. Poét., L. II, 101 ro.

Chanteresse. Chanteuse. — (Subst.). Surena tiroit apres luy grans chariotz plains de Chanteresses et de femmes de joye. Seyssel, trad. d’Appien, Guerre Parthique, ch. 3. — L’Oye aymoit un jeune enfant, et le Belier une chanteresse. Pasquier, Opuscules de Plutarque, p. 154. — Les trois belles chanteresses Qui des hommes par leurs vois Estoient les enchanteresses. Ronsard, Odes, V, 3. — Et vous Pegasides Déesses, Et toy Dieu qui ces chanteresses Guides carollant en leur bal. O. de Magny, les Gayetez, p. 2. — Les neuf divines Chanteresses T’ont abrevé sur leurs coupeaux De la liqueur des saincts ruisseaux. id., ib., p. 56. — Lors qu’ils veulent folatrer et boire d’autant, ils… font venir les chanteresses et femmes dissolues. La Boetie, les Regles de Mariage de Plutarque, 16. — Je me suis ordonné Chantres de toutes parts, Chanteresses aussi, qui de leurs sons mignards Enchantoyent mes ennuis. R. Belleau, Discours de la Vanité, ch. 2 (II, 268). — Si des Muses la bande en est la chanteresse. Jodelle, l’Hymenee du Roy Charles IX (I, 295). — Les Roys de Perse… quand ils veulent jouer et boire d’autant jusques à s’enyvrer… font venir leurs concubines, et leurs chanteresses et baladines. Amyot, les Preceptes de Mariage, 16. — Doete de Troies chanteresse et Trouverre… est fort estimee par ledit autheur. Fauchet, Langue et Poesie franç., II, 80.

(Adj.). Telles seront à jamais… Les foles, qui desormais, Par leurs langues chanteresses, S’efforceront d’égaler Le Nectar de ton parler. Tahureau, Premieres Poesies, à Mme Marguerite (I, 25). — Homere a d’Agamemnon Et de la greque noblesse, Par sa muse chanteresse, Fait immortel le renom. Bereau, Ode 3. — Quand muettes seront les filles chanteresses. R. Belleau, Discours de la Vanité, ch. 12 (II, 293). — Le Dieu aux blondes tresses Qui sur ces filles chanteresses Retient l’empire souverain. id., les Amours des Pierres precieuses, l’Agate (II, 226). — A tant se teut ceste voix chanteresse. id., la Bergerie, 2e Journ., Chant de triomphe (II, 39). — Et quoi ! ma Muse chanteresse, Veux tu vieillir en ta paresse Sans jamais plus un vers chanter ? P. de Brach, Poemes, L. III, 146 vo. — Ainsi du Far Messin les Nymphes chanteresses Bouchent en vos faveurs leurs bouches charmeresses. Du Bartas, 1re Semaine, 5e Jour, p. 232. — Fuyez d’autour de moy, bouchez, belle jeunesse, L’oreille aux sales mots de ma voix chanteresse. id., 2e Semaine, 3e Jour, la Vocation, p. 457. — Encor que l’on apprenne aux filles chanteresses Du Roy Cecropien les chansons charmeresses Des scrupuleux soucis. P. Matthieu, Vasthi, III, p. 60.

Chanteresse qualifie la harpe, la lyre, ces mots étant employés soit au propre, soit au figuré. — Et sur la harpe chanteresse Confesseray qu’il n’est Dieu tel Que toy, Dieu immortel. Marot, Ps. de David, 28. — Despen du croc ma lyre chanteresse. Ronsard, Amours de Cassandre (I, 96). — J’ayme avec une jeunesse Sous ma lyre chanteresse… Boire de ce vin Gregeois. R. Belleau, Odes d’Anacreon (I, 35-36). — Faictes moy doncq’ ceste voix escouter, Dont la douceur j’aymerois mieux gouster Que d’Orpheus la harpe chanteresse. Du Bellay, les Amours, Sonn. 28. — [Anacréon qui montre] Comme il faut adjouster la lyre chanteresse Et le pere Bacchus à Cypris la Déesse. Ronsard, Poemes, L. II, à Christophle de Choiseul (V, 186). — Lyre. Chanteresse, phebeanne, douce, blandissante, jasarde. M. de la Porte, Epithetes, 249 ro. — Et pour un vers des tiens ma lire chanteresse En chantera cinq cens cent fois plus douloureux. P. de Brach, Poemes, L. I, l’Aimee, 11 ro. — Orphée ! Orphée ! conduy nous ; Dessous ta lyre chanteresse Tu charmeras les yeux de tous. id., Poemes et Meslanges, L. IV, Mascarade des ames. — A Dieu, muse, à Dieu fureur, A Dieu, lire chanteresse. P. de Cornu, Œuv. poet., p. 202.

Chanterie. Chant. — Lorsqu’elle entendit la musicque et doulce chanterie de Id danse… sarra ma main dens la sienne. Ane. Poés. franç., X, 185. — En la herpe tu es ung nouveau Orpheus… en chanterie ung aultre Clyo. P. Fabri, l’Art de Rhetorique, L. 1, p. 229. — Ceux qui nous avoyent menés prisonniers nous ont demapdé paroles de chanterie. Budé, Pseaumes, 137. — Ce n’est point voix de victoire, ne voix de destjonfiture, mais c’est voix de chanterie que j’oy. Calvin, Bible franç., Exode, 32 (LVI, 132). — Joye et liesse sera trouyee en icelle, confession et voix de chanterie. id., Isaïe, 51 (LVI, 657).

(Spécialement). Chant d’église. — Isidore les distingue autrement fies ordres] bar il faict les Psalmistes et Lecteurs divers, ordonnant les premiers à la chanterie : et les secondz à lire les Escritures, pour l’enseignement du peuple. Calvin, lnstit., XIII, p. 686. — Elle renvîye les chanteries aux enfans, lesquelles ne se dqivent faire que de bouche consacrée. id., ib., p. 689. — Quant aux prieres, quant à la chanterie, quant à tout le reste, c’estoit pour exercer les fideles, afin qu’ils priassent Dieu de tant meilleur cœur. id., Serm. sur le Deuter., 107 (XXVII, 490). — Elle est simplement reglee à l’edification… i combien que l’usage de la chanterie s’estende pltis loin. Th. de Bèze, Ps. de David, Epistre. — Chirlemaine, desplaisant du discors du chant eccler· astique entre les Romains et les François, env ya deux clers à Rome, pour apprendre le chant de l’eglise romaine : lesquels premierement instruirent l’eglise de Mets en Lorraine : et apres ce toute la France en mesme chanterie. G. de Hesn., l’Estat de l’Eglise, p. 195 (G.). — La plμs grande maistrise de Chanterie en France demeura lors en l’Eglise de Mets. Fauchet, Antiquitez, VII, 1. — Ils brulerent tous les livres de parchemins, tant de chanterie qu’autres. Le Leçain du Calvinisme, p. 10, édit. de 1611 (G.).

Chanson (avec un sens péjoratif). — Au lieu de la vraie et excellente Musique, elle que jadis les sages embrassoient, a tousjour depuis couru comme un vent de ville, quelque vulgaire et impudente chanterie (j’use de ce mot, que le commun a receu à mesme propos). Le Caron, Dialogues, I, 4 (139 ro).

Chantier. Bûcher. — [Les soudards] l’ayans honestement ensepvely et basty un chantier de