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CHARLERIE
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diable vous, la royne et tout vostre conseil. MoNLUC, Lettres, 193 (V, 146). — Leur but ordinaire, C’estoit de leur prester ainsi des charitez, Pour usurper leurs biens et leurs commoditez. L’lxion Hespagnol, dans Tricote!, édit. de la Sat. Men., II, 264:. — Comme toutes choses se sont passées par une clemence admirable du Roy, aussi n’a-t’il permis que l’on ait affiigé aucun en son corps, ou biens, quelque esprit de sedition qu’on luy imputast ; comme il advient fort souvent qu’en tels inesperez changements, on preste plusieurs charitez à uns et autres. E. PASQUIERL, ettres, XVI, 2. — Ne peut le Roy tirer autre parole de Iuy, sinon qu’il n’estoit venu pour se justifier, ains seulement pour sçavoir qui estoient les gens de bien qui luy avoient presté ceste charité. id., ib., XVII, 5. — Toutes ces considerations me font croire que c’est une charité que l’on luy preste, quand on l’accuse de cruauté. id., Recherches, V, 20. — Le Connestable… luy dit que c’estoit une nouvelle calomnie de ses ennemis… Mais qu’ayant recouvré sa santé, il le suivroit de-là les monts pour faire mentir tous ceux qui luy avoient presté ceste charité. id., ib., VI, 12. — Elle s’efforça par tous moyens de m’oster l’opinion que ce fust le roy qui m’eust presté cette charité. MARG. DE VALOIS, Memoires, p. 51. — M. de Guyze… me dist: « Voycy ce jeun’ homme à qui on veut prester une charité de court ; je ne le veux permettre, car j’ay tant aymé son frère que je veux prendre la parolle pour Iuy. »BRANTÔME, Couronnels françois (VI, 146).

Faire prest d’une charité, même sens. — Cét impudent Rousseau qui contre verité Dit mille maulx de moy quand je suis en absence, Qui ne fait rien qui vaille, et qui jamais ne pense Qu’à faire quelque prest de quelque charité. O. DE MAGNY, les Souspirs, Sonn. 137.

Presteur de charité de Cour. Calomniateur. Raimond prestant par trop l’oreille aux presteurs de charité de Cour, soupçonna l’Hermite de disposer et ordonner mal de ses finances. LE LOYER, Hist. des Spectres, III, 9.

Prester une charité. Rendre un mauvais office. — Ceux de Guise, ayant ouy le vent des pratiques de la royne d’Angleterre en Ecosse, et craignant que l’occasion fust lors propre à ladite dame de leur rendre la charité qu’ils luy vouloyent prester en subornant ses su.iets. REGNIER DE LA PLANCHE, Hist. de l’Estat de France, I, 202.

Charité. Cherté. — En temps de charité ne en autre saison, quelque abondance de bleds, vins ou autres vivres qu’il y eust au pays de Champagne et Bourg-ongne… l’on n’en a guères tiré pour nostre ville qu’avec force lettres et de traictes bien chèrement acheptées. REGNIER DE LA PLANCHE, le LiCJred es Marchans, Il, 236.

(Prononc.). Cherité. — Et sur ce point vint Foy fort courroucée Que Cherité conduysoit par la main. GRINGORE, les Folles Entreprises (1,118). — Helas, pancez que jamais Verité Ne peult faillir : ayez donc cherité. Sotties, Il, 103. — Cette foy sera tesmoingnee par l’esprit de Dieu ouvrant en nous par cherité. AUBIGNÉ, Lettres diverses, 39 (1, 54:0).

Charlatan. On trouve souvent charletan. Nostre Fesse-tondue nous va faire un plaisant conte d’un Medecin passant, appeliez le Charletan si vous voulez, qui se mesloit de bailler je ne sçay quels morceaux de papier, mis en petits rouleaux, dont il asseuroit guerir toutes maladies. Guill. Bouchet, 10e Seree (II, 217). — Si les Loix des Romains… estoient bien observees… il n’y auroit pas tant d’Empiriques et Charletans. id., ib. (II, 218). — Un triacleur ou charletan ne sçauroit plus deifier ses drogues que ce bon Pere exalte ce divin bobulaire. Ph. de Marnix, Differ. de la Relig., I, iv, 7.

Sarlatan. — Tous les grands Orateurs, Legislateurs, Jurisconsultes, Historiens, Poëtes, Farceurs, Sarlatans, et autres qui allechent les cueurs des hommes par discours et belles paroles, sont presque tous des regions moyennes. J. Bodin, Republique, V, 1. — J’estois hier en un lieu où je ne sçay quel Sarlatan de Cour nous vouloit enseigner les moyens de se faire paroistre fort sçavant, à peu de peine. E. Pasquier, Lettres, X, 7. Du temps de Justinian Empereur, y eut un Sarlatan qui avoit un Chien si bien instruit que, pour le voir, le peuple accouroit de toutes parts. Le Loyer, Hist. des Spectres, I, 8. — Ces femmes… pensant que le Sarlatan disoit vray, prononçoient ce qui leur venoit en bouche. id., ib., II, 3. — Eudame… vendeur de theriaque et sarlatan. id., ib., VIII, 1.

(Adjectif). — Il vaut la peine de veoir avec quelle gravité et contenance charletane il exalte sa benoite drogue. Ph. de Marnix, Differ. de la Relig., I, i, 5.

Charlataner. Faire le charlatan. — Quant à ceux qu’ils nomment charlatans… le mestier duquel ils se meslent est tel, qu’a grand peine le pourroit-on descrire à un François, si non en les contrefaisant. — Vous dites la vérité : pour bien descrire que c’est des charlatans de Venise, et des autres principales villes d’Italie, il faudret charlataner. Mais il y a bien quelques façons nouvelles de charlataner, qu’on pourret voir en la cour: et ceux toutesfois qui en usent aimeroyent mieux mourir qu’endurer ce beau nom de charlatans. H. ESTIENNE, Dial. du lang. franç. ital., I, 83-84.

Charlatanerie. Procédé de charlatan. — Et vous ont ces Barbares une charlatanerie… ou superstition qui est telle. THEVET, Cosmogr., X, 10. — A vecques toutes leurs impostures et sarlatanneries, ils ne sçauroient produire le moindre miracle. LE LOYER, Hist. des Spectres, VIII, 11.

Charlataniser. Mentir comme un charlatan. — Richeome charlatanisant a hypocritement soustenu que, par leur obeissance aveugle envers le sainct Siege, ils n’entendoient qu’il pût rien entreprendre sur la Majesté de nos Roys. E. PASQUIER, Lettres, XXI, 2.

Charlater. Parler habilement pour tromper. — Il sçait si bien charlater que souvent il faict croire à de jeunes barbes qu’il a bien rencontré. Var. hist. et litt., VI, 270.

Dire pour tromper. — Tout ce que Carnaval enyvré du goubeau Cyrcean, courtisan de charoigne en corbeau, Nous voudroit charlater. Les Fanfares des Roule Bontemps, p. 24.

Charlaterie. Bavardage trompeur. — Quant à moy, Je ne reçois ces bastelleries et charlatries d’interpretations. THEVET, Cosmogr., XV, 4.

Manières de charlatan. — J’ay dit qu’il faut une action libre, contre une certaine action contrainte et estudiee des pedans… J’ay dit grave, contre certains qui font tant de bonnetades a l’auditoire, tant de reverences et puys tant de petites charlateries, monstrans leurs mains, leurs surnlis. St FRANÇOISD E SALES, Lettres, 229 (XII, 321-322).

Charlerie. Imposture. — Son lustre n’est pas rien que fraude et friperie, Rien qu’ostentation, monstre de charlerie. Les Fanfares des Roule Bontemps, p. 25. — L’on verra des marchands pi