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COLOMBIER
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baiser, doucette Colombet e, 0 seul aP.UYd e ma foy. BAÏF, l’Amour de Francine, L. IV (1,267).

Colombier. Tirer les pigeons du colombier. Priver qqn de ce qui lui appartient. — Les judges ordinaires… ne prennent pas plaisir que les afîaires, procez et différends des partyes se vuident ailleurs que par devant eulx. Aulcungs dient tout hault que c’est tirer leurs pigeons du colombier. L’HOSPITALR, eformat. de la Justice, 78 part. (V, 31i).

Colombiere. Colombier. — Que nous venions là comme pigeons pour nous ranger à sa colombiere, et que nous souffrions estre tenus sous ses ailes comme il est prest de le faire. CALV IN, S erm. sur l’Harmon. Evangel., i7 (XLVI, 588). Quand c’est quelqu’autre qui les leur prend [les petits des colombes] que le maistre de la colombiere, elles sont fort affligees. si FRANÇOIDS E SALES, Entretiens spirituels, 7 (VI, 116).

Colombin. De colombe. — (Fig.). Simplicité colombine. SE:s.. Moc., Prinse et delivr. de Franç. Jer (G., Compl.). — Il faut temperer et marier l’innocence et simplicité colombine, en n’offensant personne, avec la prudence et astuce serpentine, en se tenant sur ses gardes. CHARRON, Sagesse, II, 10. — C’est acte de providence serpentine autant louable et pareillement enseignee par le Sauveur mesmes, que la simplicité colombine. ID., Discours chrestiens, Rcdemption, 5, p. 25i.

De la nature de la colombe. (Fig.). Doux, pur, vertueux. — La triste Romme commença soy perdre quand nostre senat se despeupla de doulx et colombins senateurs, et se peupla de serpentins sages. B. DE LA GRISE, l’Orloge des Princes, II, 36. — Il y a des ames simples, douces et toutes colombines qui sont vrayement aymables. si FRANÇOISD E SALES, Serm. recueillis, 14 (IX, 108.) — Imaginés vous… une espouse de coeur colombin, qui ayt la perfection de l’amour nuptial •. ID., Amour de Dieu, XI, 16. — La colombe s’amuse simplement à sa besogne pour la bien faire… l’ame qui est vrayement colombine, c’est à dire qui ayme cherement Dieu, s’applique tout simplement aux moyens qui luy sont prescrits pour se perfectionner. ID., Entretiens spirituels, 7 (VI, 108).

A la colombine. A la manière des colombes. Elles s’entremirent à s’entre-baiser à la colombine, et à s’entre-embrasser. BRANTÔMEd, e s Dames, part. II (IX, 517).

Baiser colombin. — Nous fismes un contract ensemble l’autre jour, Que tu me donnerois mille baisers d’amour, Colombins, tourterins, à lévres demi-closes. RoNSARDE, legie 18 (IV, 89). — Baiser. Amoureux, humide, colombin. M. DE LA PoRTE, Epithetes, i3 vo. — 0 doux baiser colombin, Poupin, sucrin, tourterin. R. BELLEA u, la Bergerie, 28 Journ., Baisers (II, 101). — Baizers colombins et humides. P. DE BRACHl, e s Amours d’Aymee, L. II, Baizer 1. — La parole et le jeu qui les amans conjoint, Les baisers colombins ne vous defaillent point. RONSARDE, legies, Epithal. de Joyeuse (IV, 5).

Colombin. De la couleur dite gorge de pigeon. — L’Aurore de la France avoit en ses cheveux Tressez mignardement au front et sur l’oreille Cent œillets colombins et mainte fleur vermeille. AM. JAMYN, Œuv. poet., L. IV, 162 vo. — Ses fleurs colombines [de l’arbre de Judée] ressemblantes à celles de fleur de pescher, augmentent la grace de l’arbre. O. . DE SERRES, Théâtre à' Agric., VI, 10. — Une robbe de satin collombin… taffetaz colombin. 8Janv.1603 (G., Compl.). — Ils viennent aux ma.ins avec sa trouppe… le cognoissans à une escharpe colombine où il portoit son bras droit blessé. MARG. DE VALOIS, Mémoires, p. 57.-Un gentil-homme… qui, ayant esté blessé par avant à un ~ras, portoit une escharpe colombine com~e luy. EAD., ib., p. 58.

(Subst.). Colombin. Couleur colombine; ce qui est de couleur colombine. — Coulombin agreafile aux yeux de ma maistresse, Tousjours mesme et constant en ton esclat heureux. BEROALDED B VERVIL.LEV, o yage des Princes fortunez, p. 576. Leurs robes estoient à haut colet de satin blanc, houppées de toile d’argent, le bas de vert, et le cotillon retroussé sur le costé de colombin, la chausse et le brodequin blanc. P. DE BRACH, Masquarade du Triomphe de Diane. — Elle… parust vestue fort superbement d’une robe de toille d’argent et collombin à la boullonnoise, manches pandent~s. BRANTÔMdEe, s Dames, part. I, Marg., .reine de Fr. et Naç. (VIII, 32).

Eau de colombin blanc. — Elle fait la chair blanche, vermeille et claire, la conserve delicate, nette et jeune, ne gaste point les dents et ne fait puyr l’haleine, comme fait l’eau de talque calciné, l’euforbe et l’eau de colombin blanc, dont on usoit jadis. LARIVEYl, e Fidelle, II, 10.

Colombinement. A la manière des colombes. — Baisez moy colombinement. DEs AUTELS (1553), Epigrammes.

Colomnaire. En forme de colonne. — Miroirs convexes, ou gibeus, rons et colomnaires. LE BLANC, t rad. de CARDAN7, 5 r0, édit. de 1556 (G.). — Miroirs colomnaires et de figure d’une pomme de pin, dite conus. In., ib. (G.).

Colomne, Colomnel, v. Colonne, Colonel.

Colone. Colon. — Devant peu de jours que les columnes, cest a veoir les nouveaulx habitateurs feussent transmis et envoyez en Capue. MICHEL DE TouRs, trad. de SUÉTONEI,, 38 ro. — D’ou furent autrefois forbanis les Sabins, Et remis en leur lieu des colones gendarmes. FR. HABERT, trad. d’Horace. Satyres, II, 1, Paraphrase.

Colonel. On trouve souvent coronel, couronnel, etc. — Ung trompette du marquis m’assure que plus de deux cents de ses Allemens ont faict serment aux coronels des Allemens du champ. Monluc, Lettres, 16 (IV, 4:2). — Brissac… Brave se couronna d’un lorier eternel, Qui se vend pour la mort : quand jeune Coronel Ouvroit aux vieils soldats le chemin de bien faire. Baïf, Passetems, L. II (IV, 265). — Autant en fiz-je à M. de Tès, qu’estoict mon coronel, lequel vinct commander aux cappitaines et lieutenens que je vouldrois prendre, qu’ilz m’eussent à obéyr comme à luy mesmes. Monluc, Commentaires, L. II (1, 265). Le premier [discours] traicte de tous nos coronnelz françois et maistres de camp. Brantôme, Préface (I, 2). — Les uns l’escrivent coullonnel… D’autres disent couronnel. id., Couronnels françois (V, 298-299). — Voir d’autres exemples dans les alinéas suivants.

Chef militaire, en général. — Ce Roy… avoit esté esleu pour chef et couronnal de l’armée des sept Roys. Amadis, III, 5. — Un tel et si bien estimé Coronal et Chef de guerre [Marius]. Budé, Instit. du Prince, ch. 45. — Ces choses assemblées… ne profiteront tant que la seule presence du seigneur. Laquelle si n’est frequente en toutes œuvres, tout ira mal, comme en la bataille quand le coronal est absent. Cotereau, trad. de Columelle, I, 1. — Attilius Regulus coronal en la