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DELYRE
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à chacun plus de quinze coups de bastonnade. THEVET, Cosmogr., VI, 1. — Un de ces galans delvis, qui font l’hermite en ce pais là. In., ib., VI, 18.

Delyre. — Voir des hommes armez et quelques monstres passer promptement les rivieres à la nage, c’est à ceux qui font ces songes un delyre, une fureur, ou quelque autre maladie future. LE LOYER, Hist. des Spectres, IV, 22.

Demaçonner, v. Desmaçonner.

Demagoge. — Aristote… faict souvent mention de ces demagoges que nous. traduisons, suyvant l’etimologie du mot, conducteurs du peuple. L. LE RoY, trad. des Politiques d’ARISTOTE, V, 5, Commentaire.

Demain. Quelque demain, quelqu’ung de ces demains, un de ces demains. Quelque jour à venir. — Si n’y pensez mourra quelque demain Seche et ternie. MAROT, Chants divers, 22. — Mourir nous fault quelqù’ung. de ces demains, Nous en sommes asseurez et certains. J. BoucHET, les Regnars traver~., 57 d (G., Compl.). — Le peuple qui pourroit d’emblee S’esmouvoir un de ces demains. La Passion a personnages, 112 vº (G., Compl.).

Demaine 1. Domaine. — Elle, par droit legitime succedant aux royaumes de Dannemarche et de Norvuege, fut vexee et perturbec en sa juste possession par Albert, nouveau roy de Suede, lequel, mesprisant le voisinage dune femme, envahit hostillernent de toutes pars son demaine. LEMAIRE DE BELGES, la Couronne Margaritique (IV, 69). — Valère dit, aux histoires romaines, Que les Romains souloient, d’antiquité, Gaigner villes, citez, chasteaulx, demain es, Non par force ne par iniquité. GRINGORE, les Folles Entreprises (1, 18). — Jasoit ce que saint Sylvestre refusast par sa moderation la couronne dor presentee par lempereur, neantmoins ne fut il pas de si estroite conscience qui nacceptast bien et voulentiers plusieurs autres grans dons, rentes et demaines de !empire romain. LEMAIRE DE BELGES, Schismes et Conciles, 1re part. (Ill, 260-261). — Lequel sien demaine recouvré et obtenu pacifiquement, et illec demourant aucun temps, il rassembla une petite armee. In., Syach lsmail, 38 part. (III, 206). — Car des Françoys tenoit nom et demaine, Anjou, Touraine et la terre du Maine. Ane. Poés. franç., III, 31. — Touraine, aussi le Maine avec Anjou, Sont, sans doubter; de l’ancien demaine Des roys françoys. lb., III, 38. — Rente assignée enleur terre et demaiJ'!, eont seurement, pour la fondation Entretenir en grant devotion. R. DE COLLERYE, Epitaphes, 4. — Dans ce dcmainne Et au jardin a bonne chosse, Florist ermerye; marjolainne, Et aussy faict la passeroze. Sotties, III, 288. — On a dict Le domaine du roy; comme pour signifier Quod est domini. A quoy ne prennent garde ceux qui disent Demaine par E en la premiere syllabe. H. ESTIENNE, Dial. du lang. franç. ital., I, 332. — Il nous estoit du tout impossible de spéciffier la valeur des demaines. Pu. DE MARNIX, Ecrits polit. et Histor., p. 203.

Possession. — En toute saison Riche est la maison De ceux que je meine. Vignes,. prez, champs beaux, Villes et chasteaux Sont en leur demaine. Des AUTELS, Autre dialogue moral, p. 111.

Séjour. — Ha, langoureulx val et sente mondaine, Gouffre de dueil, desolatif demaine. Ane. Poés. franç., III, 269. — Ma’ bonne espouse, ha si feusse vivante Et que me visse en ce piteux demaine, Quelle douleur, quel tourment, quelle peine Se trouveroit en ton noble couraige. MICHEL d’AMBOISE, le Babilon, 20 ro. — Sisiphus suis qui la pierre promaine Incessamment en ce triste demaine. Id., ib., 21 rº.

Demaine 2. Façon de mener, de conduire, d’agir. — Je ne puis nyer quil nen ayt esté assez de malheureuses en toute superlativité, dont les livres sont pleins : mais aussi par le demaine de leurs vies ordes et. tyranniques, il appert que bien le desservoient. LEMAIRE DE BELGES, la Couronne Margaritique (IV, 135). — Trop asprement necessité me maine Par povreté, qui conduit mon demaine, Où il n’y a, sans en mentir, que frire. R. DE CoLLERYE, Rondeaux, 113. — Est ce la cause qui en ce lieu t’ameine Pour difamer de mon los le demeine? CH. FONTAINE, les 21 Epistres d’OVIDE, Ep. 16, p. 292. — Au kalendrier estudier Chascun peult, selon sa demaine, Et par ce point, sans varier, Trouve sept jours en la sepmaine. Ane. Poés. franç., XII, 187.

Demainé, v. Demené.

Demaisonner. Faire sortir de la maison. — (Fig.): Dieux qui par les manoirs des om~rcs languissantes… Exercez vostre empire, ô Dieux maistres de tous, Demaisonnez mon ame et la tirez à vous. R. GARNIER, Cornelie, 246.

Demander. Demander à qqn de. Interroger qqn au sujet de. — Le bon homme Gallet… demanda au meusnier de l’estat de Picrochole. RABELAIS, I, 30. — Apres avoir sacrifié à Apollo, il luy demanda de son affaire. AMYOT, Lycurgue, 5.

Se demander. Se nommer. — En une paroisse du diocèse du Mans, laquelle se demande SaintGeorge, y avoit un prebstre qui autresfoys avoit esté marié. DEs PÉRIERS, Nouv. Réer., 21.

Demander, sans préposition. Demander à. — Pântagruel demanda parlementer avecques la dame Niphleseth. RABELAIS, IV, 42.

Demander, avec le subjonctif. — De l’eschole et de la doctrine d’Epicurus, je ne demandera! pas qui soit sorty pour tuer un tyran, quel vaillant homme ait fait de grandes apertîses d’armes. AMYOT, Contre l’Epicurien Colotes, 33.

Demander (subst.). — Mon hardi demander, ma journelle priere. P. DE CORNU, Œuv. poet., p. 21.

(Formes). Indicatif présent. — Se j’ay mespr1s en faisant ce, je n’endemant point de mercy; car je ne l’ay pas cuidé faire pour mal. LEMAIRE DE BELGES, Lettres (IV, 421).

Futur et conditionnel. — Lorsque je t’en demandray Tout en un bloc trois fois quatre. BAïF, les Amours de Meline, L. II (1, 75). — Elle courtoise, ô livre glorieux, Te recevant d’un visage joyeux… Te demand'ra comme Ronsard se porte. RONSARD, Poemes, L. I, Discours à Marie Stuart (V 15). — Personne ne vous demandra. BAïF, l’Eunuque, I, 1. — Il demandra justice au juge aveugle Amour. AUBIGNÉ, le Primtems, I, 100. — Peut-estre qu’il te demandra Comment on appelle ton/ère. JEAN GoDARp, les Desguis~z, IV, 4. — Quan aucun demandroit De mes écris le premier. BAÏF, Poemes, L. VIII (Il, 403).

Demanderesse, fém. de demandeur, avec un sens général. — N’ay-je pas le visage poly, la façon gentille, la contenance gracieuse, sous lesquels je cache une langue demanderesse, un esprit trompeur, un corps venal, un front hardy… ? Larivey, les Tromperies, II, 2.

Demandibulé. Qui a la mâchoire disloquée. — Le records demandibulé joingnoit les mains et tacitement luy demandoit pardon. Car parler ne povoit il. RABELAIS, IV, 15.