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DOMMAGEUX
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Odes, I, 120. — Guette, Louvet, si bien que pas à pas Le loup tresné ne nous dommage pas. Baïf, Eglogue 10 (III, 57). — Ledict sieur mareschal ne tennoit qu’une fontaine, vers laquelle l’artillerie d’une des montaignettes tiroict et y domageoict beaucoup de gens. Monluc, Commentaires, L. III (I, 456). — S’ils veulent dommager les Finnois, ils y vont par terre ferme, et en forme d’assasinat et volerie plustost que de guerre ouverte. Thevet, Cosmogr., XIX, 15. — Jamais on n’en veit sortir ny cendres ny estincelles qui dommageast homme ny chose qui vive. id., ib., XXII, 14. — Amasser leurs troupeaux et au parc les ranger, De peur que quelque loup ne les vinst dommager. P. n E Cornu, Œuv. poet., p. 141. — La miene, qui est brune, a la couleur si franche, Que l’aspect du soleil ne la peut dommager. id., ib., p. 185.

Estre dommagé. Subir, avoir subi un dommage, être endommagé. — Tout est mengé En nostre royaume, d’amont, d’aval; Tout le commun est dommagé. Ane. Poés. franç., I, 128. — Chascun aura force d’argent… Chascun ne sera dommaigé. id., Il, 45. — Si advisa en soy mesmes comme il pourroit trouver moyen de faire repasser l’eaue au seigneur Francisque, car de son camp estoit il fort dommagé. Le Loyal Serviteur, Hist. de Bayart, ch. 62. — Si aux hommes et animaulx, qui ne pourroient lors estre dommagez, restoit encores quelque faim et soif… je demanderois voulentiers qu’il en adviendroit. Des Périers, trad. du Lysis de Platon (I, 41).

Dommager à. Causer du dommage à. — Auquel peu proffita l’estroite amitié qu’il eut avecques Ovide, et luy dommagea beaucoup l’inimytié qu’il eut avecques l’empereur Auguste. B. de la Grise, trad. de Guevara, l’Orloge des Princes, III, 46.

Dommageux. Qui cause du dommage, nuisible, funeste. — Combien quil ne soit point ignorant des choses qui sont nuisans, grevables et dommageuses, neantmoins, quand on loff ense en aucune maniere, il nest point pourtant enclin à rendre mal. Lemaire de Belges, la Couronne Margaritique (IV, 122). — Soit tousjours nuict pluvieuse ou fangeuse, Pour deplorer la mort tresdommageuse Qui tant me plonge en parfonde ruine. id., les Regretz de la Dame infortunee (III, 188). — Les Scepsiens plouroient et lamentoient amerement leur honte dommageuse et folle emprise. id., Illustr., I, 23. — Si sesleverent contre luy en armes et le vainquirent en une bataille fort dommageuse. id., ib., III, 3 (II, 440). — La fantasie de celuy qui tache de faire par telz moyens et a ses despens honneur non pas a· soy mesmes seulement, mais encores a sa patrie, nest point prejudiciable ne dommaigeuse a la chose publique. Seyssel, trad. de Thucydide, VI, 4 (187-188). — Jamais na voient eu guerre… si pernicieuse et dommageuse. id., trad. d’Appien, Guerre libyque, ch. 14. — Je ne fais point parolle avec toy pource que je y sente aucune chose dommageuse. 1535, le Peregrin, 11 (Vaganay, Deux mille mots). — 0 incessee fortune, que ne me as tu donné et octroyé telle vie, et non tes largesses… qui sont pleines de sollicitudes trop dommageuses. Trad. de Boccace, Flammette (1537), ch. v, 65 ro. — [L’homme] S’alla renger où se tenoit l’eschole De faulseté, dont le premier docteur, Le fondateur, l’inventeur et aucteur Feut le serpent dommageux, tortueux. Marg. de Nav., les Marguerites, le Triomphe de l’Agneau (III, 46). — Dont vient cela que quelque cupidité dommageuse à ton prochain entre en ton entendement, sinon d’autant qu’en negligeant les autres, tu cherches seulement ton promet? CALVIN, Instit., III, p. 165. — Mes amis, vous devez A ce jourd’huy faire tant que la perte Ne soit ainsi dommageuse et aperte. Salel, Iliade, VI, 100 vo. — Devant les yeus de mon entendement Se presentoit le dur encombrement, Qui des toreaus dommageus et rebelles Tenir te peuvent en suivant tes querelles. Ch. Fontaine, les 21 Epistres d’Ov1nE, Ep. 12, p. 226. — Moult fut l’heure celle fois malheureuse, Qui me guida par voye dommageuse. id., ib., Ep. 20, p. 398. — Tout leur conseil n’est honneste au roy, et, qui plus est, luy est pernitieux et dommageux. J. Le Blond, trad. de Th. Morus, l’Isle d’Utopie, L. 1, 25 vo. — Un domageux méchef suyvi de grand’destresse. Baïf, Poemes, L. I (II, 34). — Une autre [femme] il flst d’une terre argileuse, Pour estre à l’homme en tout temps dommageuse. Vauquelin de la Fresnayes, atyres franç., L. 1, du Naturel des femmes. — Car s’opposant, malagreable, A la fortune variable, On la trouve double et f acheuse Tousjours depite et dommageuse. id., Epigrammes, de la Vie humaine.

Dommaiger, Dommaigeux, v. Dommager, Dommageux.

Dommer. Dompter. — Quatre chevaulx au grant Ocean avecques merveilleuse estude et diligence je paistz et nourris et domme et contrains, lesquels en leurs concours sont tresligiers, et neantmoins je ne puis seullement dommer et estaindre la renommee d’ung seul homme mortel. Triumph. de Petrarque, 192 ro, édit. de 1531 (G., Domer).

Dompteur. (H. D. T. 1656). — 1544. On ne trouve point beste tant fiere et cruelle qui ne s’adoulcisse par l’industrie et soing du dompteur. J. Le Blond, trad. de G. d’Aurigny, le Livre de police humaine, 243 a, édit. de 1553 (Vaganay, Revue des Études rabelais., IX, p. 306).

(Fém.). Dompteresse. — La dompteresse et royne des provinces [l’Italie], De deux mers ceinte et d’un mont divisée. Melin de St Gelays, Cartels et mascarades (I, 177). — L’horrible mort Fera sentir l’horrible effort De sa fiere faulx dompteresse. O. de Magny, les Gayetez, p. 25. — Mais toute leur forteresse… Dessous la main donteresse De Jupiter trebucha. R. Belleau, Petites Inventions, Chant de triomphe (I, 92). — Du grand Henry les forces donteresses. Du Bellay, trad. d’une Ode de Buccanan. — Poudre qui retiens la puissance… Seicher toute mauvaise humeur, Et des pasmoisons donteresse, Soudain remettre en allaigresse Les poulmons, le foye et le cueur. R. Belleau, les Amours des Pierres precieuses, la Perle (II, 189-190). — Les rochers Capharez (où l’embusche traistresse De Nauple fit noyer la flotte donteresse Du mur Neptunien, quand l’ireuse Pallas Destourna son courroux d’Ilion sur Aias. Ronsard, Pièces retranchées, Épitaphes (VI, 247). — Bride. Lache, vague, ondoyante… domteresse. M. de la Porte, Epithetes, 57 vo. — Force. Puissante, vertueuse… donteresse. id., ib., 179 ro. — Sa faux (dompteresse de tout). Boyssières, Secondes Œuvres, 66 ro. — Sa masse domteresse aux solives pendoit, Son arc comme jadis encordé ne tendoit. R. Garnier, Marc Antoine, 1222. — Hà que ne suis-je au temps de ma verte jeunesse, Quand Mambrin esprouva ma force domteresse. id., Bradamante, 461. — Le long travail et la vertu maistresse, La patience aussi, Qui est tousjours des monstres dompteresse. Trad. de Folengo, L. XV (II, 22).

Dompture. Action de dompter. — Ce que poulain prend en domture, Il le maintient autant qu’il dure. Proverbe dans H. Estienne, Precel-