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DRAP
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couleroit instable et sans arrest et n’opereroit rien, si avec iceluy n’estoit meslé du dragant. Trad. de Folengo, L. XIII (1, 356).

Dragée. Sucrerie, friandise. — Encor y a il plusieurs autres textes d’Escriture qui sont appropriez à leur poinct, comme de la dragee musquée en la gueulle d’un asne. Ph. de Marnix, Differ. de la Relig., Il, III, 3.

(Par plaisanterie). — Ayant bien veu, leveu, leu, releu, paperassé et feuilleté les complainctes, adjournemens… envoys, renvoys… fins de non proceder apoinctemens, reliefs, confessions, exploictz et aultres telles dragées e~ espisseries. Rabelais, III, 39. — Quelquefois pourrez avoir quelque bastonnade, qui est la dragee commune du païs. Thevet, Cosmogr., VI, 12.

Aliment léger. — La dragée se gouste sus le soir, en lieu de soupper, quand Il est Jeusne. H. Estienne, Apol. pour Her., ch. 37 (II, 287).

Mélange de diverses graines qu’on sème pour le fourrage. — Quand on aura bien labouré la terre, il fauldra faire des quarreaulx, et la semer en autumne comme on faict la dragée aux chevaulx. Cotereau, trad. de Columelle, V, 12.

Drageon. Petite balle de plomb. — J’aperçoy d’adventure Un regnard jà sur pieds qui cherchoit la pasture. J’approche, je le tire, et de drageons divers Je luy perce les ~ancs. CL. Auchet, le Plaisir des champs, le Printemps, Discours ~u chasseur et du citadin, p. 123. — Une part pr~s du feu non oiseuse s’amuse Pour de drageons di-· vers munir sa harquebuze. In., ib., l’lfyçer, le Tintamarre, p. 325. — Les drageons, dedans 1 air, ravageants par les faites Ce qui leur vient devant, font pleuvoir sur nos testes Par flotte les ramiers. In., ib., p. 328.

(Compar.). — Aussi tost vient la gresle, a1ns1 que drageons blancs, Batre le sainct Ba~chus à la teste et aux flancs. R. Garnier, Hippolyte, 2073.

Drageonnage. Ensemble de drageons ou pousses nouvelles. — On pourra aussi mettre en ceste sorte touts les gectons qu’on vouldra transplanter avec leur drageonnage. Cotereau, trad. de Columelle, V, 6.

Dragerie. Sucreries, friandises. — Ceulx de ceste ville nous ont aussi presenté ypocras, torches et drageryes. 1529. Négoc. entre la. Fr. e! l’Autr., Il, 721 (G.). — Les deux drageoirs qui sont sur le dressoir doibvent estre pleins de dragerie et couverts de deux serviettes fines. Alien. de Poict., Honn. de la cour (G.). — (Fig.). Les drogues et drageries de la caballe catholique romaine. Ph. de Marnix, Differ. de la Relig., l, v, 9.

Dragme, Dragmer, v. Drachme, Drachmer.

Dragon. Sorte de météore. — Icy le fier dragon à replis d’or ondoye ; Icy le clair flambeau, icy le trait volant… S’esclattent en rayons. Du Bartas, Première Semaine, Sec. Jour, p. 75. — Note : Ce meteore se fait au dessous de la moyenne region de l’air, lors que deux nuees recueillent une exhalaison eslevee de terre, inesgale, peu chaude et bien serree.

Dragonne, fém. de dragon au sens d’animal fabuleux. — Là-aupres estoit aussi la dragonne qui combattit teste à teste alencontre d’Apollo pour la seigneurie de l’oracle de Delphes. Amyot, Que les bestes brutes usent de la raison, 4.

Dragonceau, dimin. de dragon. — Dragon… Le dim. Dragonceau. M. de la Porte, Epithetes, 152 vº.

Sorte de poisson. — Il semble que ce poisçon soit celuy que Pline appelle dragon ou dragonceau. Du Pinet, trad. du Commentaire sur Dioscoride, II, 13 (G., Dragoncel).

Dragonesque. Du diable. — Le maistre des ceremonies, vestu de la livrée dragonesque. Ph. de Marnix, Differ. de la Relig., I, ii, 9.

Dragonne, v. Dragon.

Dragonneau. — Par adventure patist il… es bras ou jambes quelque poincture de draconneaulx grivolez, que les Arabes appellent meden. Rabelais, III, 22. — Dragonneau, selon Aëce,… est un animal semblable à un ver long et large, qui se meut entre cuir et chair, aux jambes et quelquesfois aux muscles des bras. Ambr. Paré, Introduction, ch. 21. — Soranus… afferme le dragonneau n’estre point un animal, ains une condensation et engrossissement de quelque petit nerf superficiel au dessous de la peau. Id., VI, 23.

Drague. (H. D. T. 1642). — Les briques dont je suis bastie ont esté faictes du limon tiré de l’estang avec dragues. Saliat, trad. d’Hénonote, II, 136.

Drain. — Tel, qui a vaillant cinquante mille drain et theminiah, qui sont pieces d’argent du païs. Thevet, Cosmogr., I, 6.

Drame, Dramer, v. Drachme, Drachmer.

Drap. Étoffe. Drap de soye. — De ceste victoire il rapporta grand tresor et grand quantité de draps de soye de plusieurs sortes. Lemaire de Belges, llist. du prince Syach Ismail, 36 part. (III, 214). — Il n’y a moyen d’empescher l’usage des draps de soye, où la pluspart de nos finances courent. Du Fail, Contes d’Eutrapel, 4 (1,110). — Du temps de Philippe le Conquerant… on n’avoit point l’usage des velours, ni gueres d’autres draps de soye. La Noue, Dise. polit. et 1nilit., IV, p. 113. — Y avoit bien trois mille dames… parées de leurs robes et livrées toutes ou de satin, de taffetas, de damas ou autres draps de soye. Brantôme, des Dames, part. II (IX, 413).

Drap de veloux. Ung drap de veloux vermeil tout battu à grans feulles d’or. 1504. lnfl. de la cathédr. de Sens (Gay, Gloss. archéol.).

Drap, au sens actuel. Drap du sceau, drap de seau drap sceau. Drap d’Usseau (?). — Plus faut un c’arosse nouveau, D’escarlatte ou de drap du sceau. Var. hist. et litt., III, 270. — Ne sçavez vous… où on vend de bon drap de seau, pour faire un bonnet cornu… ? Supplement du Catholicon 11, dans Tricote!, édit de la Sat. Men., II, 91. — Sa femme, grande et maigre… avec un grand chaperon detroussé par derrière jusques à la ceinture une robbe de drap sceau bordée d’un petit bord de veloux. Var. hist. et litt., III, 37.

Drap. Habit. Draps de religion. Costume religieux. — Il advisa un homme tresancien, vestu de draps de religion. Amadis, II, 3. — Il trouve le sainct homme à genoil, vestu de draps de religion. lb., III, 8.

Le mot drap se trouve dans diverses expressions figurées où il a l’un ou l’autre de ses sens actuels. A plain drap. Largement. — Ce que l’on se peut mes11erse ~resenter par exemple es ~e~: sonnes mariees, qui se sont portees 1nfin1e am1tie auparavant leur mariage, mais à la longue, pour avoir jouyssance à plain drap, leurs attouchemens mutuels ne leur sont rien, au regard de ceux ~ui ne, jouyssent de leurs volontez qu’à la desrobee. E. PASQUIER, Lettres, I, 10.

Tenir le drap court. Agir avec avarice. — (Fig.). Je vois bien que mon advertissement est pauvre,