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ascrua, lieu planté de buys, drulliere. Le Loyer, Ilist. des Spectres, VII, 8.

Druyde. Rabelais croit utile d’expliquer le mot. — Druydes estoient les pontifes et docteurs des anciens François desquelz escript Cesar. Briefpe Declaration (III, 205).

On trouve aussi druynde. — Les Gaulois les nomment [les sages] druyndes. Fossetier, Chron. Marg., 136 vº (G.).

Dryadette, dimin. de dryade. — C’est lors que ma dryadette S’esgaye dessus l’herbette. Tahureau, Ode 7. — Ma nimphette, driadette, Ma doucette, ma garcette. Id., Baiser 1. — Voiez de loin Pan qui guette Cete pouvre driadete. Vauquelin de la Fresnaye, les Foresteries, I, 7. — Ma driadete, naiadete, Ma napée, oreadelete. Id., ib., II, 2.

Dryinade (δρυΐνας). Sorte de serpent. — Dryinades. Dracons. Elopes. Rabelais, IV, 64.

Dual. Duel. — 15?8. Ce mot est un dual dont les Grecs usent quand ils parlent de deux. Jean de Léry, Voy. au Brésil, Il, 130, Gafîarel (Delboulle, Notes lexicol., Duel).

Duale. — Duales ou duelles sont les deux premieres dents qui naissent, au beau milieu de la maschoire superieure ou inferieure. Joubert, lnterpr. des dict. anat. (G., Duelles). Dualité (H. D. T. 1585). — Des deux premiers supremes principes, j’entends l’unité et le binaire ou la dualité. Amyot, Des oracles qui ont cessé, 35. Duarchie. — On peut dire que tous deux ensemble ont la souveraineté de l’estat qui est compris soubs le mot d’oligarchie et proprement s’appelle duarchie. J. Bodin, Republique, II, 2. — Cf. Diarchie.

Dubet. Duvet. — Comme le vent souille à son abandon Le dubet blanc du vieux chenu chardon. AMYOT, Que lon ne sçauroit PÏPre joyeuse1nent selon Epicurus, 19. — J’ofîriray du dubet, plumes, fleurs et chardons. Aubigné, Poésies diperses, 6.

Dubieux. Douteux. — Lequel [point] est celluy qui peult rendre le désir que l’on doibt avoir à la paix aulcunement dubieux et ambigu. PH. de Marnix, Corresp. et Melanges, p. 291.

Dubitable. Douteux. — Pour decider de tout cas dubitable. J. Bouchet, Epistres morales du Traperseur, II, v, 12.

Dubitateur. Celui qui doute. — Les uns ont estimé Plato dogmatiste, les autres dubitateur. Montaigne, II, 12 (Il, 247).

(Fém.). Dubitatrice. Incertaine, marquant le doute. — Il est peu de choses que cet autheur là [Plutarque] establisse d’une façon de parler si resolue qu’il fait ceste-cy : maintenant par tout ailleurs une maniere dubitatrice et ambigue. Montaigne, II, 12 (II, 313).

Dubitation. Doute, incertitude. — Il ne faut aucunement douter que ladite nymphe ne fust sa propre femme et espouse legitime. Et aussi ne faut mettre en dubitation quelle ne fust gentilfemme et de bonne maison. Lemaire de Belges, lllustr., I, 2?. — Et par-ce avoit sans dubitation Cest Edouard en France moins que rien. J. Bouchet, Epistres familieres du TraPerseur, 1. — C’estoit sans obligation d’aùcun party : suivant ce qui luy sembloit probable, tantost en l’une secte, tantost en l’autre : se tenant tousjours soubs la dubitation de l’Academie. Montaigne, II, 12 (II, 23?). — Ils seroient bien marris qu’on les en creust: et cherchent qu’on les contredie, pour engendrer la dubitation et surseance de jugement, qui est leur fin. Id., ib. (II, 239). — Des trois generale1, sectes de philosophie, les deux font expresse profession de dubitation et d’ignorance. Id., ib. (II, 244). — Les pyrrhoniens… gaignent tousjours le haut poinct de la dubitation. Id., ib. (Il, 359). — La dubitation et ignorance de ceux qui se meslent d’expliquer les ressorts de nature… nous doit faire cognoistre qu’ell a ses 1noyens infiniment incognuz. Id., III, 13 (IV, 252). — Oultre la sapience qui se trouve entre ceux qui sont vraiement spirituels, et qui cognoissent la verité de Dieu, sans aucune duhitation, l’on y trouve encor plusieurs respects, pour lesquels on auroit juste occasion de suivre plustost leur party que celuy des manicheens. Ph. de Marnix, Differ. de la Relig., I, IV, 12.

Dubitatrice, v. Dubitateur.

Duc. Guide, conducteur, chef militaire ou civil, gouverneur. — Les dieux… nous donnant pour duc et conducteur le sainct oyseau… auquel vous avez veu dresser noz paz celle part. A. Sevin, trad. de Boccace, le Philocope, L. I, 8 vº. — Avons indigence De conducteur et chef de navigage Pour ordonner de la nef l’equipage. Les habitants d’Issoudun à J. Bouchet, dans les Epistres familieres du Traperseur, 91. — Si nous ensuivons raison pour nostre duc, ilz [les astres] ne nous font rien. Ant. du Lvioultn, trad. de J. d’Indagine, Astrologie naturelle, p. 202. — Qui pourroit estre duc d’une multitude excessive, ou crieur, s’il n’estoit semblable à Stentor? L. Le Roy, trad. des Politiques d’Aristote, VII, 4. — C’est une honte, seigneurs Atheniens, que ceulx qui sont les chefs et ducs de tous les autres Grecs [les Athéniens] entendent moins ce qui est juste que ne font les Megariens. Amyot, Dicts des Lacedaem., Agesipolis, fils de Pausanias. — Et toy universellement estime que tout l’univers soit à: l’adventure porté haut et bas, sans la conduite de quelque duc ou gouverneur. F. Bretin, trad. de Lucien, Jupiter tragique, 46.

Le mot duc sert souvent à désigner des personnages de l’antiquité. (Aux temps bibliques). — [Noé] luy commanda [à Cham] partir d’Armenie et sen aller habiter celle part avecques sa femme Noëgla, et trentecinq ducz, cestadire chefz de famille, de son sang et de sa maison. Lemaire de Belges, Illustr., I, 6. — Le premier roy du monde fut Anraphael, le premier duc fut Moyse. B. de la Grise, trad. de Guevara, l’Orloge des princes, I, 30. — Moyse, Aaron, vaillans ducz hebraiques. J. Bouchet, Epistres morales du Traperseur, I, 11c. — Mais le tout fut apres le duc 1\foyse, Par lequel fut premier tel ordre mise. Id., ib., II, v, 12. — S’ensuyvent les ducs des enfans d’Esau : les enfans d’Eliphas le premier né d’Esau, le duc Theman, le duc Omar, le duc Zepho, le duc Cenez. CALVIN, la Bible françoise, Genese, 3G (LVI, 56). — Moyse… fut constitué duc des enfans d’Israël quand ils sortirent d’Egypte. M. de la Porte, Epithetes, 23 vº. — Adonc le chef d’Ammon ploye son humble greve, Et pour parler au duc [Holopherne] sa sage voix eleve. Du Bartas, Judith, L. II, p. 359. — Je ne suis plus ce duc dont le nom seulement Causoit à vos soldats un gelé tremblement. Id., ib., L. V, p. 396. — Mais encor plus que tous le duc d’Ammon admire Les jugemens divins. Id., ib., L. VI, p. 413. — Tandis qu’avec le duc [Moïse] l’Eternel devisoit, Qu’aux yeux de son esprit fidelle il propo-