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Page:Dictionnaire de la langue française du seizième siècle-Huguet-Tome4.djvu/320

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GENTILHOMME
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p. 168. — Toutes les belles jantifames de Rome s’y virent à loisir : car en Italie elles ne se masquent pas come en France. id., ib., p. 227.

On dit dans le même sens gentille femme. — Je vous supplie… avoir pitié de ceste pauvre gentile-femme. Amadis, I, 34. — Ce faisant, Sire, vous enrichirez un pauvre prince, usant de misericorde à une des plus belles gentillesfemmes du monde. Ib., II, 20. — Le seigneur d’Avannes se retira de la foie amour qu’il portoit à une gentille femme demeurant à Pampelune. Marg. de Nav., Heptam., 215. — Il en fut amoureux et, pource qu’il avoit congé de sa mère d’espouser telle femme qu’il luy plairoit, ne s’enquist sinon si elle estoit gentille femme. id., ib., 30. — Quelques uns debattans à laquelle des deux dames appartenoit faire l’amour à la gentille-femme ou bourgeoyse : vouluront dire la gentille femme estre plus propre, comme celle qui seulement pour son plaisir, sans aucun regard d’argent, aymoit. E. Pasquier, Monophile, L. II (II, 768). — Petrarque se choisit pour maistresse la Laura, gentille-femme provençale. id., Recherches, VII, 5. — Y avoit bien trois mille dames, que gentilles-femmes, bourgeoises qu’autres. Brantôme, des Dames, part. II (I λ, 413).

Gentilhomme. Le mot marque un rang inférieur à celui du seigneur. — La Noue… bien que fort pauvre pour le lieu d’où il estoit sorti, et sa maison ayant devalé du seigneur au gentilhomme, n’eut point de mains à recevoir les corruptions. Aubigné, Hist. univ., XIV, 3.

Vivre en gentilhomme. Vivre sans rien faire. — Donne ordre qu’ilz ne vivent en gentilz homes : de leurs rantes, sans rien faire. Rabelais, III, 27. — On racompte d’un Lacedaemonien lequel, se trouvant à Athenes un jour que lon y tenoit les plaids, entendit dire comme un bourgeois de la ville venoist d’estre convaincu et condamné d’oisiveté… et que le Lacedaemonien adonc pria ceulx qui estoyent aupres de luy qu’ilz luy monstrassent celuy qui avoit esté condamné pour vivre noblement et en gentilhomme. Amyot, Lycurgue, 24.

Jurer comme un gentilhomme. — Que diroyentils s’ils oyoyent ce proverbe ou ceste comparaison proverbiale, de la bouche des paysans, en certains lieux, Il jure comme un gentilhomme… ? H. Estienne, Apol. pour Her., ch. 14 (1, 179). — Aucuns, clisoyent il y a quelques ans, par manière de proverbe, Il jure comme un gentilhomme (pource qu’on n’estimoit pas qu’il appartinst à un vilain de renier Dieu…). id., ib., ch. 25 (li, 73).

Le nom de gentilhomme est souvent appliqué à des hommes nobles de l’antiquité. — Un jeune gentil home romain rencontrant on mons Coelion une clame latine nommée Verone. Rabelais, III, 19. — Sylla… fut esbahy de la hardiesse de Pompeie, qui n’estoit encore que un jeune gentilhom1ne nouvellement venu aux armes. Budé, Instit. du prince, ch. 48. — Il me soubvient d’un antique gentilhome romain nommé L. Neratius. Rabelais, IV, 16. — Il est arrivé en ce havre un gentill homme estranger de nation troienne, lequel a commis en Grece crime fort detestable. Saliat, trad. d’Hérodote, II, 114. — 11d esdaigna d’apprendre à jouer des flustes, disant que ce n’estoit point artifice honeste, ne digne d’un gentilhomme. Amyot, Alcibiade, 2. — Lucius Comelius Sylla estoit bien de race de patriciens, qui sont à Rome les nobles et gentilshommes. id., Sylbi, 1. — Philippus y envoya… Amyntas et Clearchus, deux gentilzhommes macedoniens. id., Demosthène, 18. — Pausanias, qui est dit un jeune gentilhomme dont nul ne se doubtoit, espia Philippe en un passage estroit, et en passant le tua. L. Le Roy, trad. des Politques d’Aristote, V, 10, Commentaire. — Il n’estoit pas nouyeau à un simple citoyen romain, comme estoit rors Caesar, de disposer des royaumes, car il osta bien au roy Dejotarus le sien, pour le donner à un gentilhomme de la ville de Pergame nommé Mithridates. Montaigne, II, 24 (III, 98-94). — Les Gaulois… furent repoussez par Manlie, gentilhomme romtain. Fauchet, Antiquitez, l, 8. — Saint Jean… estoit un jeune gentilhomme doux, agreable, sçavant. St François de Sales, Entretiens spirituoels, 3 (VI, 45, var.). — [David] voyant le hazard auquel ces gentilzhommes s’estoyent mis pour contenter son appetit, ne voulut point boire cette eau conquise au peril de leur sang et de leur vie. id., Amour de Dieu, VIII, 7. — (Au temps de César). Les Parisiens s’estans mis sous la protection d’un vieux gentil-homme de Rouen, nommé Carmilogene, il se campa avecques les nostres dedlans nos marêts. E. Pasquier, Recherches, IX., 2.

On emploie le même mot pour désigner, dans l’antiquité comme dans les temps modernes, les hommes nobles attachés à la maison d’un roi ou d’un personnage puissant. — Alexandre avec les gentilz hommes de sa maison… le poursuivoit à bride abbatue. Amyot, trad. de Diodore, X, VII, 9. — Il [Thémistocle] despecha soudain certains personnages dans une fuste, entre lesquelz estoit Sicinne, gentilhomme de sa maison. Saliat, trad. d’Hérodote, V, III, 110. — Demetrius… dit à ses gentilzhommes qui estoyent alentour de luy, et tous les officiers de sa maison… qu’ilz entrassent tous quand et luy dedans la salle. Amyot, Démétrius, 86. — Il [Salomon] disposa de faire une mayson royale et une cour pour sa majesté, et en icelle tant de maistres d’hostelz, de gentilzhommes et autres courtisans. St François de Sales, Amour de Dieu, li, 3.

Gentilhomme. Sorte de canon de bois. — 1599. Il m’a seutblé bon de représenter icy un instrument appellé gentilhomme faict de bon et fort bois, long de 3 à 4 pieds, gros en diamètre de 8 à 9 poulces par le derrier et par le devant de 7 poulces… Le chargerez de 2 ou 3 livres dé pouldre. Jos. Boillot, Artifices de feu, ch. 74 (Gay, Gloss. archéol.).

Gentillommesse. — Response de la gentilhommesse au merdoiseau. Tabourot des Accords, les Bigarrures, I, 6.

Gentilhommeau, dimin. dédaigneux de gentilhomme. — Tel a esté petit porcher Qui n’avoyt vailant une pomme, Maintenant est grand gentilhomme. — Et tous ses ftlz gentilzhommeaulx. Sotties, III, 36. — 11 n’y aura si petit gentilhommeau qui ne te brave et face la nique. Du Fail, Cordes d’Eutrapel, 35 (II, 215). — Aulcuns petis gentilshommeaux. Est. de Medicis, Chron., I, 501 (O., Compl). — Les petits gentilshommeaux qui sont à couvert des coups de canons. Var. hist. et litt., V, 272. — Tous ces petits gentilhommeaux Me font souvenir des tombeaux Qui ne sont beaux qu’en apparence. id., VI, 299.

Gentilhommer. Faire le gentilhomme. — Voicy un jeune gentil-homme qui d’une liberté françoise ose prendre la hardiesse d’aller gentilhommer chez vous. E. Pasquier, Lettres, XXII, 7.

Gentilhommesque. De gentilhomme. — L’autre moyen… se fait par la ridicule adjonction à leur vray surnom d’un article gentilhommesque, comme de, du, le, la, des, de la. Tabourot