Page:Dictionnaire de la langue française du seizième siècle-Huguet-Tome4.djvu/369

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
GOUVERT
351

— Je fis la reverence à M. le chancelier, que je gouvernay teste à teste environ une bonne heure. E. PASQUIER, Lettres, V, 3. — De ce pas entrons dans la salle, où M. Loisel commence de gouverner la mere, moy, la fille. ln., ib., VI, 7. — Je ne luy eu si tost dict que Vincent seroit bien aise veoir sa fille, qu’il m’a respondu : Que ne me le disiez-vous plutost?... Qu’il vienne souper avecques nous… alors la pourra-il veoir et gouverner à son aise. LARIVEY, les Jaloux, III, 2. Donnez moy un quart d’heure pour vous gouverner. J’ay quelque chose a vous dire qui vous importe et a moy aussy. J. DE CAHAIGNES, l’Ae, , a.ricieux, I, 4. — Et dites moy que je pourrois encore Voir de Phœbus la bande que j’honore… Et dites moy que, lors que je voudroy, Ronsard, Baïf gouverner je pourroy. VAUQUELINDE LA FRESNAYE, Sat. franç., A M. de Tiron. — Je prins la hardiesse de gouverner à quartier teste à teste, ce bon cardinal et prince. E. PASQUIER, Lettres, XII, 2. — Un tiers… moins amoureux que moy, Mais beaucoup plus hardy, vous compte son émoy, Vous gouverne à l’aureille. G. DURANT, Œue, , . pœt., 84 r0 — C’estoit un plaisir [le jeu de paume] auquel il finit ses jours, et moy jeune homme qui n’y prenois pas moins de plaisir que luy, le gouvernois de fois à autre par occasion. E .. PASQUIER, Recherches, IV, 15. — Il me souvient que, le gouvernant un jour entre autres sur la pœsie, il luy advint de me dire que, si un Ronsard avoit le dessus d’un Jodelle le matin, l’aprés-disnée Jodelle l’emporteroit de Ronsard. ln., ib., VII, 6. — Lisez le Palmerin d’Olive, vous ne trouverez point que ceux qui gouvernent les roys usent de cette façon de parler, Vostre Majesté. ln., ib., VIII, 5. — Il les pria de se retirer, desirant gouverner à part M. le premier president. ln., ib., VIII, 39. — Cestuy est le troisiesme aage de son restablissement, dont je vous veux gouverner par le chapitre suivant. ln., ib., IX, 38. — Il fit bonne chere à tous, voire aux principaux des Seize, qui le gouvernerent pendant son soupper. In., Lettres, XVII, 2. — Toute cette aprésdisnée se passa par entremets, tantost à faire son testament… tantost à gouverner les deux hommes <l’Eglise sur le faict de sa conscience. In., ib., XVII, 5. — J’ay eu le loisir de gouverner deux ou trois fois le bon M. Galemand, avec autant de proffit que j’en ay jamais recueilly d’autre conversation quelconque. St FRANÇOIS DE SALES, Lettres, 159 (XII, 118).

Gouverner une femme. Lui faire la cour. — De quelles dames estoyent ces portraits, à-sçavoir mon si de celles que les maistres desdicts livres gouvernoyent, ou de celles qu’ils désiroyent gouverner, cela ne puis-je pas dire. H. EsTIENNE, Àpol. pour Her., ch. 38 (II, 333). — Qui a quelque maistresse, il la va gouverner. CL. GAUCHET, le Plaisir des champs, le Printemps, Discours du chasseur et du citadin, p. 96. — Il avoit ouy faire compte, il y avoit long temps, d’un quidam qui gouvernoit la femme de son voisin, et l’alloit voir si souvent qu’à la fin le mary s’en apperceut. Gu1LL. BoucHET, 32e Seree (V, 6). — On dit d’un homme qui laisse gouverner sa femme ou SBS parentes à quelques uns, cest homme est bien ladre, il ne sent point quand on luy pique la chair. In., 368 Seree (V, 133).

Gouverner. Discuter l’opinion de. — C’est en quoy je le gouverneray cy-après [Baronius], pour examiner si son opinion est telle qu’il presuppose. E. PASQUIER, Recherches, V, 13.

Gouverner paisiblement. Avoir de l’influence sur, dominer. — George, cardinal d’Amboise, qui gouvernoit paisiblement le cœur et oreille de Louys XII son maistre. ln., ib., IX, 42. — Il possède le roy, le gouverne paisiblement, tout passe par ses mains, et son conseil et ses affaires. BRANTÔME, Cap. franç., le Mareschal de Bellegarde (V, 199). — Ce gentilhomme s’opiniastra de quicte, son pays, et de faire service au duc Octavie, qui le prit en telle amytié qu’il le gouverna despuis fort paisiblement. In., Couronnels franç. (V, 391). Un duc et pair de France [le duc d ’Épernon], et colonel de l’infanterie, et qui avoit gouverné paisiblement son roy, et manié l’espace de dix ans tous les affaires de l’Estat. ln., Discours sur les duels (VI, 433). — Elle… pourroit tirer beaucoup de bons services, offices et plaisirs de luy, puisqu’il gouvernoit si paisiblement le roy son maistre. Id., des Dames, part. l, Marg., reine de Fr. et Nae, , . (VIII, 63).

Se gouverner. S’entretenir. — Comme le seigneur du Hamel, mon voisin, et moy retournions en nos maisons, luy m’entretenant par les rues, et moy me gouvernant à part moy, je fis ce quatrain. E. PASQUIER, Lettres, XIX, 11. — Pendant cet entre-devis, Nostre Seigneur Jesus-Christ les vint acoster, feignant ne sçavoir quels estoient les propos dont ils se gouvernoient. In., ib., XX, 9. — Je ne suis jamais seul, pour estre tousjours avec moy, et… à faute de compagnie, je me gouverne moy-mesme. In., ib., XXII, 4.

Gouverneur. Chef d’un navire. — Considerez… quelle seureté auroient les navigans si les galiotz n’observoient le commandement du gouverneur. Deroziers, trad. de Dion Cassius, Hist. rom., L. XLI, ch. 30 (59 ro).

Archonte. — Et ne s’en sauva que ceulx qui eurent moyen de faire interceder pour eulx les femmes des gouverneurs de la ville. Amyot, Solon, 12.

Démagogue. — Les Lacedaemoniens… haïssoyent Pericles et tous les autres gouverneurs. id., Périclès, 10.

Sorte de poisson. — Le petit poisson quon appelle gouverneur, de la forme et grandeur dun goyon… est tousjours avec quelque grande baleine, et va devant elle luy dressant son chemin. Pasquier, Opuscules de Plutarque, p. 179.

(Fém.). Gouverneresse. — Gouverneresse bien et léalement De par deçà tres excellentement Tu as vescu. Anc. Poés. franç., XI, 98. — O Galaxes, pacifique deesse, Qui de la paix estes gouverneresse. Michel d’Amboise, Epistres et lettres amoureuses, 118 ro. — Dont, dame la gouverneresse, Faictes nous de voz brus largesse. Sotties, III, 95.

Gouvert. Gouvernail. — Et sus ma mer tant la tourmente abonde, Qu’elle est des vents ja vaincue, et de l’onde, Et desarmée, et sans mast et gouvert. VASQUIN PHILIEUL, trad. de PÉTRARQUE, L. I, sonn. 174. — Et sans gouvert est en mer tres mal seure. ln., ib., L. II, sonn. 18. Regard en quel horrible Orage et indicible Seul je suis sans gouvert. In., ib., L. II, chant 9.

Puissance. — L’aure celeste, esprit du laurier vert… Ha dessus moy tel pouvoir et gouvert Qu’avoit Meduse en more transformé. ID., ib., L. l, sonn. 120.

Conduite, façon d’agir. — Chantres legiers hors de tout bon gouvert. Ane. Poés. franç., VI, 22. Hon te amoureuse et d ueil au cueur me poingt, Et suis marri de mon lasche gouvert. VAsQUIN PHILIEUL, trad. de PÉTRARQUE, L. I, sonn. 76. Et toy, mon cœur tant de souspirs nourry, Las, povre esprit de ton gouvert marry. In., ib., L. III, A Jan Ange Papius. — Touchant au second point, comment on les applique [les ventouses], et dure