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FAONNER
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viste comme sagette : Un des faons, pour l’amuser, il jecte. B. Aneau, Imagination poetique, p. 89. — La lionne affamee et la tigre felonne Qui le larron fuiard de ses faons tallonne. P. Matthieu, Vasthi, II, p. 45. — Sacrifie leur doncq’ si au monde s’en trouve, Les trois plus noirs faons d’une meschante louve. Epitaphe de la Ligue, dans Tricotel, édit. de la Sat. Men., II, 236. — Voyant ses faons mors, la lionne dolente Leur redonne l’esprit à force de crier. Chassignet, le Mespris de la Pie, sonn. 308.

Faonner. Mettre bas. — Ilz sont ainsi comme povres chiennettes Qui sont chassées et gettées de leur estre Pour y loger d’autres chiennes et mettre Qui sont plaines de chiens qui nous mordront En la parfin, quant leurs chiens fanneront. Gringore, les Folles entreprises (I, 79). — Des lors que la singesse ha eu et faonné ses petis, jamais ne les laisse ny habandonne de ses bras jusques à ce qu’ilz soient sevrez et hors de la tette. B. de la Grise, trad. de Guevara, l’Orloge des princes, II, 18.

(Sans complément). — La voix de l’Eternel fait faonner les biches. Th. de Bèze, Ps. de David, 29.

Faque. Poche. — En son saye avoit plus de vingt et six petites bougettes et fasques tousjours pleines, l’une d’un petit d’eau… l’autre de aigret. Rabelais, II, 16. — Et y synapiza de pouldre de diamerdis qu’il portoit tousjours en une de ses fasques. id., II, 30. — Le medecin italien entendoit bien cela, lequel. .. escripvoit deux ou trois centz receptes pour diverses maladies, desquelles il prenoit un nombre qu’il mettoit en la facque de son saye. Des Périers, Nouv. Réer., 59. — Il tire un teston de sa faque et le baille au coultelier. id., ib., 81.

Faquin. Portefaix. — Au davant de l’ouvrouoir d’un roustisseur un faquin mangeoit son pain à la fumée du roust. Rabelais, III, 37. — Le roustisseur replicquoit que de fumée de son roust n’estoit tenu nourrir les facquins : et renioit, en cas qu’il ne le Jayast, qu’il luy housteroit ses crochetz. id., ib. — Icy la liberté fait l’humble audacieux… Icy le vil faquin discourt des faicts du monde. Du Bellay, les Regrets, 82. — La vaisselle d’argent estant jà serrée en un bahu… entra un homme… lequel pria ceux qui estoyent assis sur ledict bahu de se lever… Ce qu’eux n’ayans point refusé de faire, il le fit incontinent charger par des faquins qui le suyvoyent. H. Estienne, Apol. pour Her., ch. 15 (I, 232). — Le diable se sert des anges ses subjects comme de ses propres membres et naturelles pieces de son corps, mais eux et luy se servent de homme comme d’un faquin et portefaix, ou, pour mieux dire, comme d’un cheval et d’un asne. Montaigne, trad. de R. Sebon, ch. 246. — Ilz ameinent le coffre que vous avez dit… — Qui le porte ? — Un facquin. Jean de la Taille, le Negromant, IV, 1. — Vous ferez bien d’y aller ordinairement… encore que vous n’y eussiez point à faire, et qu’aussi on n’y eust à faire de vous non plus que d’un des faquins de Venise. H. Estienne, Dial. du lang. franç. ital., II, 224. — Je ne sçay pas quel avantage pourroit avoir le gentilhomme par dessus un artisan, voire un povre faquin ou faquinet. id., ib., II, 279. — Voicy aussi Guy, lequel... s’eschappe, emportant comme un facquin sur son eschine une pesante charge. Trad. de Folengo, L. I (I, 29). — Vous y voyez plus de mille facquins, portans sur leurs dos pour un liard la charge d’un grand mulet. id., L. XII (I, 322). — Il blasme tous ses compagnons, et les appelle portefaix… ayans sur leur dos de grosses charges de fer, et voulans user leurs espaules comme facquins sous tels fardeaux. id., L. XXII (II, 231). — Que me sert tous les jours lire à mes disciples le Terence, si je ne me suis souvenu du senaire qui vole par la bouche des enfans, voire des faquins et crocheteurs : obsequium amicos, peritas odium parit ? Larivey, le Fidelle, IV, 9.

(Par extens.). Homme de basse condition. — Où sont les pairs de France, qui devroient estre icy les premiers pour ouvrir et honorer les Estats ? Tous ces noms ne sont plus que noms de faquins. Sat. Men., Harangue de M. d’Aubray, p. 180.

Sorte de figure de bois mobile sur un pivot qu’on devait frapper de la lance dans les joutes. — 13 l. 1O s. pour avoir refaict un facquin à Fontainebleau, pour servir à la carrière à rompre les lances. 1607. Compte de l’écurie, fol. 67 (Gay, Gloss. archéol.).

Courir le faquin. Courir à cheval en cherchant à frapper de la lance cette figure de bois. — [La vertu d’aujourd’hui] Se parfume, se frise, et de façons nouvelles Veut avoir par le fard du nom entre les belles, Court le faquin, la bague, escrime des fleurets. Regnier, Sat. 5.

Faquin (adj.). Digne d’un faquin. — Oisweté. Molle, paresseuse… poltronne, faquine. M. de la Porte, Epithetes, 288 ro.

Faquin est noté comme mot à la mode emprunté à l’italien. — Il ne cherchera autre chose qu’à trouver le moyen de faire venir à propos aucun de ces mots, comme folâtre, fat… un poltron, un faquin. Tahureau, 1er Dialogue du Democritic, p. 34. — Aussi diroys-je bien à un Italien, en luy parlant d’un de sa nation, C’est un faquin : ou, C’est un poltron : ou, C’est un forfant. H. Estienne, Dial. du lang. franç. ital., I, 118.

Faquinerie (H. D. T. 1606). — 1586. L’ordure, la faquinerie et imbecillité où il [l’homme] croupist misérable plus insensé que la brute mesme. Lambert, Discours evangeliques, 48 a (Vaganay, Pour l’hist. du franç. moderne).

Faquinet, diminutif, v. Faquin.

Far. Détroit. — Sans sei·ourner suyvirent la routte de Messine, passerent e far pour tirer droit à Regi. Amadis, V, 51. — Si ne tarderent gueres à gaigner le far et entrer au goulfe de la Propontide. lb. — Combien que le roy de Perse estendist sa puissance depuis l’Inde orientale jusques au far de Constantinople. J. Bodin, Republique, I, 7. — (Fig.). Mon tonneau diogenic, gui seul m’est resté du naufrage faict par le passe ou far de Mal’encontre. Rabelais, III, Prologue.

Faraillon. Petit banc de sable. — Vous trouvez la Hongne le long de la marine, où la coste gist au nordest : et fault là poser l’anchre à six brasses, pour avoir abry de nort et nordest, venant le nordest sur les faraillons. Thevet, Cosmogr., XV, 10.

Farain (pain). Ce mot semble désigner à Lyon un pain de qualité intermédiaire. — Le pain farain appelle pain bourgeois. Paradin, Mém. de l’hist. de Lyon, p. 317, édit. de 1573 (G.). — Le gros pain ne se peut contrerooler, ne le poix, ne la qualité, comme se peut faire la miche et le pain farain. id., ib., p. 318 (G.).

Fararan, onomatopée. Son de trompette. — Ce n’est de nostre temps la trompette barbare Qui sonne, entonne et tonne un fararan fanfare, Ni le tom-potom-pom d’un tabourin batant Suivi du frifri d’un fifre gringotant. La Pujade,