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Page:Dictionnaire de la langue française du seizième siècle-Huguet-Tome4.djvu/752

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JUGÉ
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proverbe, De fol juge breve sentence. id., ib., 149 (XXXV, 375). — Si je n’aves peur de fascher M. Philalethes, j’allegueres le proverbe commun contre sa sentence. — J’enten bien : vous voulez dire, De fol juge (ou faux juge) breve sentence. H. Estienne, Dial. du lang. franç. ital., II, 276. — Ils ne se sont pas contentez de dire, De fol juge breve sentence : mais pour se faire encore mieux entendre, ont dict aussi, Sage est le juge qui escoute et tard juge. id., Precellence, p. 209. — Il respond donq à ce dernier exemple que, « qui voudroit en un mot se desvelopper de ce passage diroit que tels dialogues sont remplis de recits frivoles. » De fol juge briefve sentence. St François de Sales, Defense de la Croix, III, 10.

Jugesse. Femme qui juge. — Gylon m’en est jugesse droicturiere. G. Colin Bucher, Poesies, 79. — Et touteffois dueil crie qu’on le venge ; Las ! mais tu es jugesse en sa clameur. id., ib., 132.

Femme d’un juge. — N’y venez poinct, beau père, dist la jugesse. Marg. de Nav., Heptam., 46. — Si elle eust esté aussi saige que la jugesse. Ead., ib.

Jugé (subst.). Arrêt rendu par un juge. — Nos anciens eurent… une coustume generale de faire adjourner les juges pour venir soustenir leur jugé à leurs perils et fortunes. E. Pasquier, Recherches, II, 4.

Jugeable. Qui doit être jugé. — Pourquoy ne respondra tout de mesme aux choses recompensables un recompenseur, aux punissables un punisseur, aux jugeables un juge… ? Montaigne, trad. de R. Sebon, ch. 33.

Justiciable. — Les hommes… pareillement jugeables du jugement de retribution. id., ib., ch. 323.

Juger. Condamner. — Cestuy cy, pour les veoir tant seulement parler et rire, les a jugez à mort. Seyssel, trad. d’Appien, Guerres civiles, III, 8. — Il recita l’hystoire de Manlius Torquatus, comme il avoit jugié son filz a mourir pour mendre delict. P. Fabri, l’Art de Rhetorique, L. I, p. 72. — Et pensent tresbien s’estre acquittez de leur office, s’ilz ne jugent à mort sinon ceux qui sont ou par leur confession ou par certain tesmoignage convaincuz. Calvin, lnstit., au Roy, p. VIII. — Tes indignes parolles·te jugent justement à mort. A. Sevin, trad. de Boccace, le Philocope, L. I, 19 ro. — Les uns me jugeoyent à estre lapidé, les autres à estre jecté dedans le precipice du Baratre. Amyot, Hist. Ethiop., L. I, 7 ro. — Nul roy ne peuple… Sçauroit contraindre un libre entendement De trouver bon que, pour avoir laissé Un serviteur de forte amour pressé Venir à soy et ses maux alleger, On doyve à mort une dame juger. Melin de St Gelays, Genevre (Il, 333). — Tu as donc arresté de la juger à mort ? Baïf, Antigone, III, 2. — Ainsi qu’un juge impitoiable Qui apelle un pauvre coupable « Mon filz » en le jugeant à mort. Aubigné, le Primtems, III, 29. — Or ne vueille le ciel avoir jugé la France A servir septante ans de gibier à Florence. id., les Tragiques, I (IV, 53).

Juger de. Condamner à. — Vous… la ferez prendre et juger hastivement d’estre brulee. A. Sevin, trad. de Boccace, le Philocope, L. II, 36 ro. — Un grand seigneur… ayant esté jugé d’avoir la teste tranchée. Brantôme, des Dames, part. II (IX, 103).

Juger. Déclarer destiné. — En~ores que le vin meslé avec l’eau soit plus sain que le pur, si est-ce que je le boy tousjours sans eau : d’autant qu’on m’a jugé à devenir hydropique, si je ne m’en donnois garde. Guill. Bouchet, 1re Seree (I, 23).

Juger à mourir, à mort. Déclarer perdu. — Vous me faites souvenir… d’une grand' dame qui, estant bien malade, ne vouloit practiquer ceste recepte, encores que sans ce recipé avec son ingredient on la ,jugeoit à mourir. id., ib., 38 Seree (I, 122). — Il fut jugé à mort par les chirurgiens et medecins. Brantôme, Cap. franç., le Roy de Navarre (IV, 367).

Juger. Décider, ordonner. — Les dieux m’en vengeront, Et encontre eulx quelque mal jugeront. J. Bouchet, Epistres familieres du Traverseur, 3.

Juger de. Croire. — Ces blondes tresses d’or en sa teste amassées… Par son col blanchissant vaguoient folastrement, Et le mignard Zephir les crespoit lentement; On eust jugé de voir les ondes du Pactole, Jaunes de leurs sablons, batre la rive mole. Montchrestien, David, I, p. 205.

Juger. Indiquer, montrer. — Las l ta couleur (telle com1ne tu l’as) Nous juge bien que morte tu reposes. Marot, Complaintes, 4.

Adjuger. — A l’ung pourroit juger le lieu sans fraude aucune, Pourveu que l’autre auroit recompense en pocune. Cretin, l’Apparition de Jaques de Chabannes, p. 126.

Jugé. Condamné. — O Seigneur, je voy bien que la race Adamite Est jugee à la mort, qu’elle ne peut, maudite, Eviter ta fureur. Du Bartas, 2e Semaine, 3e Jour, les Capitaines, p. 475. (Sans prép.). Condamné à. — Pauvres humains, par pechez indispoz, Estoyent jugez souffrir mort gehennelle. Ferry Julyot, 28 part, 2.

Juger (subst.). Jugement. — Combien est grand l’inscrutable sçavoir De ton juger ? Marg. de Nav., les Marguerites, Triomphe de l’Agneau (III, 16). — L’imitation du parler, par sa facilité, suit incontinent tout un peuple. L’imitation du juger, de l’inventer, ne va pas si viste. Montaigne, 1, 25 (I, 213).

Jugere (jugerum). Arpent. — Esquelz avoyent esté ordonnez par Sexte Claude deux mil jugeres à luy donnez en la terre des Leontins. Deroziers, trad. de Dion Cassius, Hist. Rom., L. XLV, ch. 59 (109 ro). — Tu dis que, bien que ayons donné deux mil jugeres à nostre precepteur, neantmoins n’avons apprins aucune chose digne de louenge. id., ib., L. XLVI, ch. 60 (114 ro). — Je te monstreray les parties du jugere, c’est a dire de l’arpent rommain. Cotereau, trad. de Columelle, V, ·l.

Jugerie. Juridiction. — Je manday une patente… à M. de Negrepelice… pour commander aux jugeries de Verdun et Rivière. Monluc, Commentaires, L. VI (III, 148).

Fonction de juge. — Exercer l’estat de jugerie. Coust. d’Aouste, 1588, p. 84 (O.).

Jugeur. Celui qui juge. — Il fit deux sortes de conseillers, dont les uns furent appellez jugeurs, qui estoient seulement commis pour juger, et les autres rapporteurs, pour rapporter les procés par escrit. E. Pasquier, Recherches, II, 3.

Jugloline. Sésame. — Jugioline. Huileuse, grenue, lumineuse, grasse, indienne, visqueuse, douce, racineuse. Pline dict que les Indiens font grand estat de ceste plante pour l’huyle qu’ils tirent de la graine d’icelle. M. de la Porte, Epithetes, 230 ro. — Si ceux qui sont liez s’oignent tout le co1-ps de fiel de corbeau et d’huile de jugioline, sont desliez. Guill. Bouchet, 59 Seree (I, 188).

Jugliome. Sésame. — Et y meslent de la ju-