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Page:Dictionnaire de la langue française du seizième siècle-Huguet-Tome4.djvu/793

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LARRONNESQUE
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artifice D’homme vivant ne vint en la notice. Marot, L. II de la Metamorph. (III), 237). — Par façon de larrecin furtivement faict. Rabelais, II, 16. — Quand nous voyons des volleurs, qui ont commis quelque larrecin. Calvin, Instit., II, p. 86. — Tous moyens dont nous usons pour nous enrichir au dommage d’autruy… doibvent estre tenuz pour larrecins. id., III, p. 159. — Ce pastoureau, le larrecin voyant De maistre loup qui la brebis emporte : « Au loup ! au loup ! » disoit il en criant. Corrozet, Fables d’Ésope, 87. — Il absoult les meurtres et. larrecins et paillardises : soubz ombre qu’il ne faut point detracter. Calvin, Contre les Libertins, 23 (VII, 231). — Vous exposez allegoricquement ce lieu, et le interpretez à larrecin et furt. Rabelais, III, 18. — Et toy aussi, qui en vain te repens Du larecin de la flamme celeste. Du Bellay, Rec. de Poes., Vers liriques, 10. — Pour loyer de n’avoir sceu taire Le secret larrecin du feu. Ronsard, Odes, li, 12. — Deguast des bestes brutes : larrecin des briguans. Rabelais, IV, 61. — Mais si par larrecin advancé Ion doit estre, Par mentir, par flater, par abuser son maistre. Du Bellay, les Regrets, 46. — Tout ce qu’ils mangent et boyvent et dont ils se vestent leur provient non seulement de larrecin, mais de sacrilege. Calvin, Instit. (1560), IV, v, 16. — Il venoit d’estre surpris au larrecin des bagues d’une dame, au lever de laquelle il s’estoit trouvé. Montaigne, II, 8 (II, 78). — (Fig.). Ce triomphant estat sera franc anobly Des larrecins du temps, des ongles de l’oubly. Aubigné, les Tragiques, VII (IV, 307).

Larrecineux. Pris par larcin. — Butin. Riche, pillé, triumphant, larcineux ou larrecineux. M. de la Porte, Epithetes, 60 ro.

Appartenant au voleur. — L’aigle volla disant trouver moyen De briser, rompre, abolir et destruire Lieux larcineux. Gringore, Menus Propos, 2 (G.).

Larris. Lande, terre. — En un petit lariz Ou de beaulx fruitz arbres ne sont tariz. Michel D’Amboise, Propos fantastiques, 2. — Les grans larris où sont belles garannes. Anc. Poés. franç., VIII, 229.

Larron. — (Fig.). Demi pied au dessous fera-on le trou duquel j’ai ja parlé, pour vuider au besoin… l’eau surabondante… Ce trou est appellé larron, comme desrobant l’eau. O. de Serres, Théâtre d’agric., VII, 3.

Larronne et Larronnesse. — Or l’Automne, qui vit Sans garde le palais, à son frere ravit Ses bouquets et ses fleurs, et comme une larronne (Apres l’avoir pillé) s’en fist une couronne. Ronsard, Hymnes, L. II, Hymne de l’Automne (IV, 319). — Tu t’es faicte larronnesse de l’honneur de ton mary. Maurice Scève, la Deplourable Fin de Flamete, ch. 25. — Pour ne nous laisser aucunement transporter par cette larronnesse folie, que nous voyons avoir dérobé les cœurs des hommes. Tahureau, 1er Dialogue du Democritic, p. 12. — Amour se voit sans arc, sans carquois, sans sagette, Il voit sa larronnesse, et n’ose s’en douloir. Baïf, l’Amour de Francine, L. I (I, 119). — Pretendans d’en faire comme si ce fussent leurs esclaves, et leurs biens servissent de rassasier leur larronnesse avarice. Thevet, Cosmogr., IV, 11. — Plusieurs ans sont passez que ta main larronnesse, Volant ma liberté, s’en rendit la maistresse. Am. Jamyn, Œuv. poet., L. IV, 171 ro.

Larronceau, dimin. de larron. — Ha qu’il est cault, le larronceau ! E. Damerval, la Deablerie, 71 b (G.). — Villain infame, larronseau, Je te romperay le museau. Ane. Théâtre franç., I, 292. — Resterent aucuns larronceaulx, comme souvent advient en telz troubles, lesquelz faisoyent assez de dommage. Deroziers, trad. de Dion Cassius, Hist. Rom., L. IV, ch. 114 (230 vo). — Ce que pensant pour vray ce larronceau, Incontinent s’est voulu condescendre Jusques au fond de cestuy puis descendre. Haudent, Apologues d’Ésope, I, 198. — Ceste maison assemble contre nous faux tesmoins, larronceaux. Ant. du Moulin, trad. de J. d’Indagine, Astrologie naturelle, p. 246.

Larronique. De larron. — Mais pour retourner aux habiletez larroniques, en prenant d’Erasme au livre De lingua l’exemple du larron anglois, il m’est souvenu de quelques autres contes qu’il fait ailleurs. H. Estienne, Apol. pour Her., ch. 15 (I, 224). — Après le tour larronicque joué par un prestre, c’est raison que nous en oyons un joué à un prestre. id., ib. (I, 226). — Or viendra bien à propos le tour larronique joué en la présence de l’empereur Charles V. id., ib. (I, 231).

Larronnastre. Larron. — Vous serez en la mer gettay, Faulx garson, traistre, larronnastre. Ane. Théâtre franç., III, 353.

Larronneau, dimin. de larron. — Or ce que me laissa Mon larronneau, long temps a l’ay vendu. Marot, Epistres, 29. — Auquel on quist s’il estoit bien certain Du larronneau. Bourdigné, Pierre Faifeu, ch. 22. — Ce petit larronneau [Amour] les surprint si couvertement qu’il les lya tous deux. Amadis, V, 43. — Il estoit reputé par tout le pays de Salerne pour un larronneau et mauvais garçon. Le Maçon, trad. de Boccace, Decameron, IV, 10. — Si je r’encontre ce muguet Et ce larronneau de Finet. Fr. Perrin, les Escoliers, IV, 8. — (A Mercure). 0 mon patron, je qui suis petit larronneau me recommande à toy. Trad. de Folengo, L. XIV (II, 5).

Larronner (intrans.). Agir en larron, voler. — Tant feirent et tracasserent pillant et larronnant qu’ilz arriverent à Seuillé. Rabelais, I, 27. — Souffrirons-nous tousjours que ceste tant fuyarde sorte d’hommes vienne larronner impuniment ? D. Sauvage, Hist. de Paolo Jovio, I, 228 (G.). — Pour leur oster [aux juges] occasion de larronner, leur assigner suffisans et honnestes gages. Regnier de la Planche, Hist. de l’Estat de France, II, 75. — Ilz regardent plus à piller, desrober, laronner et à faire leur proffit qu’à gaigner de l’honneur. Brantôme, Couronnels franç. (V, 377).

(Trans.). Prendre par larcin, voler. — Bergers qui les bestes larronnent D’ours loups rochers les noms se donnent. Baïf, les Mimes, L. II (V, 82). — Ce voisin qui avoit larronné ce pourceau. Guill. Bouchet, 15e Seree (III, 101). — Il fit pendre deux soldatz, l’un pour avoir larronné une seule pièce de lard, et l’autre pour quelqu’autre chose légère. Brantôme, Couronnels franç. (V, 379). — Il vous arpantera deux ou trois provinces, les pillant, volant, et larronant tout ce qu’il pourra. id., ib. (V, 380).

Dépouiller par larcin. — A cella, Sire, je vous respondray n’avoir point entendu que nul de vos subjects ayt pillé et larronné ceulx du dict sieur roy d’Espaigne. Monluc, Lettres, 150 (V, 49).

Larronnerie. Acte de larron, vol. — Vivans de pilleries, Ravissemens, et de larronneries. J. Bouchet, Epistres morales du Traverseur, II, VI, 5. — Le laboureur qui tient à mestairie Peut si luy plaist faire larronnerie. id., ib., II, x, 28.

Larronnesque. Convenant aux larrons. — Je