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SERNIT
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est licite de parler de aulcune ou de plusieurs personnes presens ou absens et de toute autre chose pour les louer ou vituperer. P. 32.

Sernit. Sortie de pierre fausse. — Les dits orfevres ne metteront en or ne ne venderont nulles pierres faulses comme sernitz, cristalins, voirres et toutes aultres telles et semblables pierres. 1508. Stat. des orf. d’Abbeville (G.),

Sernogue, v. Senogue.

Serpaut. Trousseau des nouveaux mariés. — Fils ou filles mariez sont tenuz de rapporter les fraiz des nopces, et aussi les robes nupliales et joyaux desdits fils ou filles, et le serpaut qu’on appelle en aucuns lieux trousseau. 1509. Cart. de Troyes (G., Serpol 2).

Serpe. Serpent. — Vous vous dampnez comme une sarpe, et estes larron et sacrilege, Rabelais, II, 17. — On luy eut faict mal S’on l’eust pendu comme une serpe, Marot, Grup (Guiffrey, II, 457). — Il s’en va, par Dieu, damné comme une serpe, à trente mille hottées de diables. Rabelais, III, 22. — Aussi seras tu, 2. immonde, Damné comme une malle serpe, V, 46,

Serpe Dieu. Sorte de juron. Par le serpent de Dieu, par le diable. — Fuyons. Serpe Dieu, je meurs de paour. id., III, 17.

Serpes-aigus. Caducée. — Je suis du rene des cieux, ce Mercure fidelle, Qui luy ostay la verge, ayle et serpes-aigus. Papon, Pastorelle, Prol.

Serpé. Fait avec la serpe. — Comme dans les forests les arbres. Leur perruque jamais n’ayant esté coupee, Sont quelquefois plus beaus qu’une taille serpee. Vauquelin, Art poet., III, p. 90.

Serpeau, dimin. de serpe. — Ceux d’un Calene serpeau Pressent le pampré rameau A qui Fortune en arrange. L. de La Porte, tr. Horace, Odes, I, 31.

Serpelette, dimin. de serpe. — Nicollas, tes serpelettes, Tes vendangeurs, tes sornettes, Resonnent à mon gré mieux Que ces rimes, Aubigné, Primtems, III, 11.

Serpelière. Sorte d’étoffe de laine. — Marchandes de ville et bourgeoises Qui ont estas de grans manière… Cointz chapperons, large cornière.. Peu leur vauldra leur serpelière : Car à tous fault passer le pas. Anc. Poésies, Il, 207.

Serpent 1. Sinueux, qui serpente. — Et quand ja les tortis de serpentes tranchées Furent gros de soldats. Ronsard, Poemes, Har. du duc de Guise (V, 22).

Serpent 2. Ce mot a un sens plus large qu’aujourd’hui. — Ce mot est general, par lequel est entendu toute beste qui se traine sans pieds, ou pour le moins qui a les pieds si petits qu’elle semble plustost ramper que marcher. La Porte, Epith., 376 vo.

(Fém.). — Venus, princesse gracieuse, Prosternez, vous prie humblement, Ceste serpent malicieuse. Anc. Poésies, V, 185. — Ores… congnoys quelle estoit la serpent qui entra en mon costé senestre. Anon., tr. Flammette, ch. vi, 80 ro. — Luy feut faite promesse Que la serpent tortue La teste auroit rompue. M. de Navarre, Marg., Ador. des trois roys (II, 96). — Megere au chef tant hideux Portoit les serpens nuisantes. P. Sanxay (dans Palissy, p. 125).

Serpente. Serpent. — De ladite Araxa Herodote le prince des historiens… raconte quelle estoit faee et demy femme et demy serpente, comme nous lisons de Melusine. Lemaire, Illustr., I, 7. — Discorde… estoit volee jusques au riche jardin des belles Hesperides… Et tant laboura la criminelle serpente, à force de prieres importunes et requestes adulatoires, que desdites pucelles elle impetra une noble pomme de metal aurein. I, 30. — De Lusignen la tresnoble serpente Mere jadis de princes et de roys. id., Amant verd (III, 35). — La serpente tortue. Marot, Ballades, 13. — La grand’ serpente au pole arctique emprainte. id., tr. Metamorph., l. II (III, 210). — Je vous ay fait venir ceste grande serpente. Amadis, IV, 31. — Que diray je de ceste prochaine serpente ? Pasquier, tr. Plutarque, p. 14. — La serpente et verte lesarde, Escorpions et gros crapaulx. M. de Navarre, Dern. Poés., Chans. spirit., 25. — Sça’ vous qu’il hait ? c’est la serpente, Et plusieurs fois en ensanglante Ses belles griffes. Forcadel, p. 108. — Dieu qui a mis assez de sagesse et bonté en la royne pour résister à la tentation de la serpente. La Planche, Marchans, II, 315. — (Fig.). Guerre monstre sa queue de serpente. Gringore, Folles Entreprises, I, 36. — Ceste impitoyable serpente la guerre. Marot, Epistres, 4. — Nourrissant en mon sein ma serpente meurdriere. Jodelle, Cleopatre, I (I, 98). — M’ayant délivré d’une si puante et venimeuse serpente. Comptes… adventureux, 29 (I, 166). — N’endure plus ces horribles serpentes, [les canons] Gosiers d’aerein, tes foudres imiter. Doublet, Elegies, 26. — Chasse bien loing de la troyenne terre Ceste serpente, helas, qui à la fin Nous fera tous mourir de son venin. La Taille, Mort de Paris (II, 166). — Meschantes nuicts d’hyver, nuicts filles de Cocyte, Serpentes d’Alecton. Ronsard, Dern. vers (VI, 301).

Serpenté. Sinueux. — Remarque en cest endroit Celle-là dont jamais le traict ne glisse droit : Comme la [ligne] limaceuse avec la serpentee. Du Bartas, 2e Sem., Colomnes, p. 270. — Adonc Ebedmelech fait une contre mine, Esvente la premiere, et resolu chemine, Tant qu’un clapier estroil, un serpenté terrier De deux osts obstinez est fait le champ guerrier. Ib., Decadence, p. 529. — Alors que de son eau Prez de son bord la courçe serpentée Est à bouillons de caillous arrestée. Brach, Imitations, Aminte, I, 2. — Tout ainsi que Meandre et se joue et s’agrée Entre ses bords herbeux serpentez en maints tours. id., Hierusalem, XVI, 3 ro.

Ondulé. — Saint Pierre advertit. les jeunes femmes de ne porter point leurs cheveux tant crespés, frisés, annellés et serpentés, Fr. de Sales, Vie devote, III, 25.

Courbé. — Qui n’estimoit à stupidité et à bestise de les voir muets, ignorans la langue françoise, ignorans nos baise-mains et nos inclinations serpentées...? Montaigne, II, 12 (II, 188).

Serpenteau, dimin. de serpent. — On ne void serpenteaux ne rainettes. Lemaire, Concorde, 22 part. (III, 130). — Et au tallon un serpenteau la blesse. Marot, tr. Visions de Pétrarque (III, 148). — Semblable au serpenteau qui fait bransler sa queue, Ayant perdu la teste et la plus part du corps. Du Bartas, Triomphe de la Foy, II, p. 435. — La queue