Page:Dictionnaire de spiritualité, tome 1, Aa-Byzance, 1937.djvu/1907

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On voit que la spiritualité de Bourdaloue est nettement ignatienne : elle a pour thèmes principaux la « méditation fondamentale », une forte conception des droits de Dieu sur sa créature, et partant de nos devoirs, le règne effectif de Jésus-Christ sur tous ceux qui portent le « caractère de chrétien », la considération optimiste de la libéralité divine dans la distribution des grâces, qui excite à une réciprocité d’amour affectif et actif. Il faut relever aussi des influences salésiennes dans la prédication insistante de la sanctification par le devoir d’état, la douceur, la simplicité (Panégyr. de S. François de Sales ; Be Doct. sp., p. 158, 170 p.). Notons enfin l’influence immédiate de deux auteurs spirituels : le P. de Lidel, pour la dévotion à la grâce divine, et le P. de Machault (voir ces noms) pour celle envers l’Eucharistie (Spir. de Be, p. 187-194).

Texte. — Edition princeps du P. Bretonneau, Sermons du Père Bourdaloue. Paris, 1707-1734. Sur l’authenticité foncière de ce texte et ses déficits, voir l’étude de M. É. Griselle dans Bourdaloue, histoire critique de sa prédication. Lille, 1901, et æ conclusion définitive, assez favorable, dans l’édition critique commencée par lui : Œuvres complètes de Bourdaloue, Paris, t. I, 1919, p. XL ; t. II, 1922.

Études. — A. Feugère, Bourdaloue, sa prédication et son temps, 2e éd., Paris, 1874, p. 284-303. — A. Lezat, Bourdaloue, théologien et orateur, Paris, 1874. — M. Lauras, Bourdaloue, sa vie et ses œuvres, Paris, 1881, t. II, p. 166-224 ; 439-501. — Mgr Blampignon, Etude sur Bourdaloue, Paris, 1886. — F. Castets, Bourdaloue, la vie et la prédication d’un religieux au XVIIe siècle, Paris, t. I, 1901 ; t. II, 1904. — E. Byrne, Bourdaloue moraliste, Paris, 1929. — R. Daeschler, La spiritualité de Bourdaloue. Grâce et vie unitive, Louvain, 1927 ; Bourdaloue, Doctrine Spirituelle, Paris, 1932.

BOURDOISE (Adrien) est un des principaux initiateurs de la réforme du clergé et de la vie chrétienne en France au XVIIe siècle, le précurseur de M. Olier, de saint Vincent de Paul et de saint Jean-Baptiste de la Salle. — Il naquit à Brou dans le diocèse de Chartres le 1er juillet 1584. Dès son enfance se manifesta en lui le besoin de communiquer aux prêtres « l’esprit de charité, de désintéressement et de zèle pour le bien des âmes » (Vie ms., p. 7, 16, 79). Toute sa vie durant il sera l’apôtre de la « cléricature ». Âme ardente, Bourdoise avait toute la fougue, mais aussi parfois la rudesse d’un réformateur. La tâche était immense. À saint François de Sales venu à Paris pour prêcher il écrit, le lendemain du sermon : « la prédication que vous venez de faire et toutes les autres que vous pourrez faire dans la suite, quoique très excellentes en elles-mêmes, seront toujours inutiles et sans fruit, pendant que le clergé et le peuple seront dans l’ignorance et le dérèglement » (Darche, I, 222).

Pour doter le clergé d’un esprit nouveau, Bourdoise ne se lasse pas de faire comprendre la grandeur et les exigences du sacerdoce, « Le prêtre est le ministre de la toute-puissance d’en-haut… Le prêtre est l’organe de la vérité céleste… ; le prêtre est la providence de tous ceux qui souffrent… le prêtre (sacerdos : sacra docens) enseigne et donne les choses sacrées. Et c’est dans ces deux augustes fonctions, surtout, que le prêtre nous apparaît… plus grand, en quelque sorte, que la bienheureuse Vierge et mère de Dieu » (Darche, I, 550-552). Bourdoise se montre sévère dans le choix des candidats au sacerdoce. Il veut avant tout qu’ils aient « la vocation » (Darche, I, 151-152). Pour former