Page:Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines - Daremberg - II 2.djvu/740

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troupe d’enfants et une troupe d’hommes[1]. Peut-être le gymnasiarque avait-il encore à illuminer le stade, puisque la course aux flambeaux se faisait de nuit[2]. Vainqueur, il avait à consacrer aux dieux un monument de sa victoire. La gymnasiarchie ne pouvait donc convenir qu’aux grandes fortunes[3]. Au ve siècle, elle fut exercée par Nicias^^4 et Alcibiade^^5. Au début du ive siècle, la dépense d’un gymnasiarque pour la fête de Prométhée s’élevait à un total de douze mines^^6. Isée^^7 range la gymnasiarchie parmi les liturgies les plus coûteuses ; Aristote^^8 la flétrit comme onéreuse aux particuliers et inutile à l’État.

Doit-on admettre qu’un personnage dont le nom implique la direction des gymnases ait pour toute fonction l’organisation d’une course ? On a souvent prétendu que la gymnasiarchie n’est qu’une lampadarchie^^9 : c’est la définition qu’en donne un lexicographe : γυμνασίαρχοι, οἱ ἄρχοντες τῶν λαμπαδοδρομιῶν^^10. Mais la préparation des courses aux flambeaux ne pouvait pas être sans rapports avec l’administration des gymnases. Pour recruter, commander, exercer tout un personnel de γυμνασιαρχούμενοι^^11, il fallait bien certains droits dans les gymnases et les palestres^^12. On avait besoin, en tout cas, de pouvoirs disciplinaires. Ce n’est pas un gymnasiarque assurément qui chassa du Lycée le sophiste Prodicos, coupable d’avoir tenu devant les jeunes gens des propos inconvenants^^13 ; mais, à la fin du ive siècle. Télès^^14 représente les éphèbes tremblants devant le fouet du gymnasiarque.

II. La détresse matérielle qui accompagna la décadence politique sous l’hégémonie macédonienne transforma chez les Athéniens bien des institutions agonistiques. Si la gymnasiarchie ne disparut pas, elle dut se modifier. Contribuer au luxe extraordinaire des grandes fêtes, c’était moins urgent que d’exonérer la république et les particuliers d’une dépense lourde et quotidienne. On demanda aux fortunes privées des largesses utiles. Tel est le caractère commun aux deux gymnasiarchies qu’on distingue à l’époque de la domination romaine, l’une publique ou politique et l’autre éphébique^^15

1o La gymnasiarchie publique est-elle devenue magistrature ou continue-t-elle d’être une liturgie ? Les documents ne fournissent pas de réponse certaine. Mais il n’y a pas lieu à un second magistrat à côté du cosmète, collaborateur constant du gymnasiarque : ce per-

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4 Plut. A’ic. 3 ; Compar. Nie. et Crass. 4.

5 Isocr. De bigis (.VI), 35.

6 I.ys. XXI, 3.

7 De Philoct. hered. (VI), 60 ; cf. De Apoll. hered. l. c.

— 8 Polit. V, VII, H, p. 1309 a.

9 Cf. Böckh, /. c. ; Fr. Ilaase. art. Palaes-Irik dans Vlincykl. d’Erscb et Gruber, III, 9, p. 38s ; Thuniser, Op. cil. p. 89 ; Schi’iniann, Oriech. Alterth. trad. Galuski, I, p. 524, tombe dans l’excès contraire et fait de la gymnasiarchie et de la lampadarchie deux liturgies distinctes.

10 Lexic. Seguer. p. 228, ii.

11 -en. De vcclifj. l. €.

12 Grasberger, Krziehmtg und Unterr. III, p. 404 s., va trop loin quand il reconnaît au gymnasiarque presque toute l’autorité du cosméto ; il confond, d’ailleurs, le gymnasiarque de la belle époque et celui de l’époque romaine.

13 (Plat.) Éryxias, p. 399 A ; Sext. Empir. I, 18, 52. On ne peut pas non plus tenir compte de la loi insérée dans Aeschin. c. Timarch. 12.

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sonnage, dont les attributions connues sont d’ordre liturgique, est apparemment un liturge. En tout cas, il n’y a plus qu’un gymnasiarque à la fois^^16. Lorsqu’une liste porte désormais douze ou treize noms, on ne saurait voir là des gymnasiarques publics, à raison d’un par tribu ; ce sont des gymnasiarques éphébiques, à raison d’un par mois. La fonction de gymnasiarque est annuelle^^17, mais renouvelable^^18. Elle peut être cumulée avec une charge importante^^19. On la confie aux premiers de la ville^^20, aux gens les plus illustres, fussent-ils étrangers : Antoine n’en a pas dédaigné les fonctions^^21, qu’Hérode Atticus a peut-être exercées douze fois^^22. Les relations que le gymnasiarque semble avoir eues dès l’ancien temps avec la jeunesse des gymnases sont désormais sa principale affaire. Il figure comme éponyme en tête d’un catalogue éphébique^^23 ; il consacre aux éphèbes ce qu’il dépense ἐκ τῶν ἰδίων^^24. Hérode Atticus leur offre des vêtements blancs^^25 ; d’autres fournissent l’huile^^26 ou dédient des bains^^27. Le gymnasiarque maintient l’ordre et la discipline dans les gymnases^^28. Plutarque^^29 représente Antoine se mêlant aux exercices des jeunes gens et portant les insignes de la gymnasiarchie (τὰ γυμνασιαρχικά), le manteau, les chaussures blanches et les ῥάβδοι qui symbolisent le droit de punir. Le gymnasiarque prépare aussi certains concours : de là vient souvent que le même personnage est simultanément ou successivement gymnasiarque et agonothète^^30. Mais il ne donne plus ses soins spéciaux aux lampadédromies : les seuls lampadarques mentionnés dans l’épigraphie attique de la période romaine sont des éphèbes^^31.

2o Ni le trésor ni la gymnasiarchie publique ne pouvaient se charger de tous les frais imposés par l’éphébie. L’éphébie elle-même devait y pourvoir. Sa caisse, qu’alimentaient des cotisations (φόροι), devait subvenir à des dépenses spéciales^^32. Mais on en était arrivé à ne plus trouver dans la caisse de quoi offrir un des sacrifices accoutumés^^33 faire relever un mur^^34, réparer une vieille catapulte^^35. Les cosmètes y mettaient du leur^^36. Ils recherchèrent pour les grosses dépenses, pour la préparation des fêtes et pour la fourniture de l’huile, les jeunes gens les plus riches^^37. Comme elle avait ses magistrats, la république des éphèbes eut ses liturges, lampadarques et chorèges, agonothètes et gymnasiarques^^38. Ces gym-


10 Le catalogue du C. inscr. ait. III, n» lOIC, porte les noms des gymnasiarques qui se sont succédé douze années de suite iri iiio/’jTo5»^o’,y : inutile de lire WÀ au lieu de à-ô. Par là tombe l’hypothèse de Neubauer [Op. cit. p. 39) sur l’existence simultanée de douze ou trci/e gymnasiarques publics. — " C. inscr. ait. ii, n» lu40 ; Piltakis, VAnc. Alh. 194.

18 Ἐφ. ἀρχ. 1890, p. 112 ; C. i. gr. no 390 (deux fois) ; Pittakis, l. c. (douze fois).

19 Ἐφ. ἀρχ., l. c.

20 Un gymnasiarque, qui appartient à une famille de hauts dignitaires, compte lui-même dans son cursus honorum, outre un agonothélat et un sacerdoce, l’archontat éponyme et une double stratégie des hoplites (Ἐφ. ἀρχ. 1883, [{{{1}}}]139-140, no 13). Un autre a été héraut, agonothète et deux fois stratège des hoplites (Corp. inscr. gr. no 396).

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  1. L’inscription du Corp. inscr. att. II, no 533, pouvait laisser des doutes sur l’existence d’un double concours de lampadédromie. Aussi l’opinion soutenue par Böckh (C. inscr. gr. I, p. 344 ; Staatsh. der Ath. 3e éd. I, p. 553), Meier (Opusc. acad. I, p. 340 s.), Wecklein [Hermes, VII, p. 441), Dittenberger (Syll. inscr. gr. no 420, n. 5), Reisch (De musicis Graec. certam. p. 25, n. 2) a-t-elle trouvé des contradicteurs : A. Mommsen (Heort. p. 311, n.), Thumser (op. cit. p. 83, n. 8), Bergk (Griech. Literaturgesch. II, p. 502, n. ), Schöll (Sitzungsber. d. philos. philol. und hist. Classe d. Bayer. Akad. d. Wiss. zu München, 1887, p. 3). Mais une nouvelle inscription (Ἐφ. ἄρχ. 1891, p. 49-50) prouve que le gymnasiarque avait à préparer un concours d’enfants et un autre d’hommes. C’est ainsi qu’à Patmos le gymnasiarque lampadarque préparait un μακρὸς et un μικρὸς δρόμος (Dittenberger, Syll. inscr. gr. no 402, l. 9).
  2. Böckh, Staatsh. 3e éd. I, p. 551.
  3. Xen. Resp. Ath. l. c. ; Oec. II, 6 ; Arg. Dem. c. Mid. p. 510.
  4. Stob. Floril. XCVI, p. 535 (éd. Meineke, III, p. 235).
  5. Cette distinction a échappé à Boeck, qui fait de la gymnasiarchie à l’époque impériale une magistrature mensuelle (op. cit. I, p. 548 ; Corp. inscr. gr. comm. ad no 202 ; cf. Fr. Haase. l. c. ; Dittenberger, De epheb. att. p. 40 s.). Les premiers qui aient vu clair sur ce point sont R. Neubauer, Comment. epigr. p. 33-39, et A. Dumont, Essai sur l’éphébie att. I, p. 219-225.
  6. Plut. Anton. 33.
  7. Pittakis, l. c. ; cf. Philostr. Vit. Soph. II, 1, 8.
  8. Ἐφ. ἀρχ. no 241.
  9. Pittakis, l. c.
  10. Philostr. l. c.
  11. C. inscr. att. III, no 739.
  12. Ib. II, no 1196.
  13. Carnéade reçoit l’ordre de baisser le ton (Plut. Mor. p. 513 c). C’est à l’époque romaine qu’on a dû imaginer la loi insérée dans Aeschin. c. Timarch. 12.
  14. Plut. l. c. ; cf. (Plat.) Axioch. p. 306 E.
  15. Corp. inscr. gr. no 396 ; Ἐφ. ἀρχ. 1883, p. 139.
  16. C. inscr. att. II, no 444, 1228 ; cf. Bull. de corr. hell. XV, 1891, p. 257, no 2 ; p. 203, no 4 (Délos).
  17. Sacrifices, présents dédiés dans les temples, achats de livres pour la bibliothèque (C. i. att. II, no 465, I. 6-8 ; cf. A. Dumont, op. cit. I, p. 316).
  18. C. i. att. II, no 470, l. 35.
  19. Ib. l. 41.
  20. Ib. no 471, l. 82.
  21. Ib. no 465, l. 37 ; 470, l. 41 ; 471, l. 79 s.
  22. Ib. no 407, l. 78-80 : 481, l. 28-30 ; 482, l. 29-30.
  23. Sur la gymnasiarchie éphébique voir Neubauer, op. cit. p. 33-39 ; A. Dumont, op. cit. I. p. 219-225.