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ondulées, de représentations de coquillages, etc.), tandis que d’autres étaient de veritables tableaux : telle est la fresque qu’on voyait a l’intérieur de la salle des hommes

Fig. 5640. – Fresque de Tirynthe.


(άνδρων), et où des têtes et des jambes de chevaux, des torses d’hommes armés, la figure d’on monstre, indiquent une grande composition d’intention pathétique 1[1]. Un tombeau mycénien a livré une curieuse stèle de pierre poreuse, portant,
Fig. 5641. — Fresque de Knossos.
superposées, trois zones de peintures : la zone supérieure, très endommagée, ne laisse apercevoir que le bas d’un large siège sur lequel était assis un personnage drapé ; la seconde zone montre cinq combattants tournés à droite : ils sont armés du bouclier et brandissent la lance ; dans la troisième sont représentés quatre animaux au long col, cerfs ou biches, et un porc-épic 2[2]. Le palais de Tirynthe avait aussi sa polychromie artificielle, à côté de la polychromie naturelle qu’y formaient la variété des matériaux, les incrustations de pate de verre, etc. Les murs y étaient enduits à l’intérieur d’une couche d’argile recouverte d’un mince crépi de chaux, sur lequel courait une enluminure multicolore dont nous avons des spécimens assez nombreux, stries, enroulements, feuilles, ro-


saces, etc. De vrais tableaux, comme à Mycènes, ornaient certaines parois ; c’est ce que prouve la célèbre Fresque au taureau (fig. 5640) 3[3]. Peut-être, après avoir reconnu dans ce fragment une scène de chasse, analogue à celle que figure un des gobelets de Naphio, doit-on revenir à l’interprétation première, qui y voyait l’image d’un acrobate : c’est à quoi ferait songer une très intéressante représentation récemment découverte dans les fouilles de Knossos 4[4]. Des ruines moins intactes, qui nous reportent aux mêmes époques, ont également fourni des traces de peinture. Le colossal palais minyen qui s’élevait dans file de Gha, sur le lac Copaïs, était, intérieurement, décoré de motifs peints rappelant ceux de Tirynthe et des maisons préhistoriques de Santorin 5[5]. Mais c’est surtout la Crète qui nous a fait connaître la peinture mycénienne. Jamais jusqu’à ce jour cette peinture ne s’était révélée à nous avec la grâce et la
Fig. 5642. — Fresque de Knossos.
perfection d’exécution qui apparaissent dans la fresque du Porteur de vase, trouvée parmi les ruines du palais de Knossos (fig. 5641) 6[6]. C’est le portrait d’un jeune garçon qui n’a pour tout vêtement qu’une sorte de pagne semé de rosaces. « Il porte au bras un anneau, au poignet un bracelet, et près de l’oreille un ornement de métal bleu.... La tête, avec des cheveux noirs un peu bouclés, largement massés sur le crâne, a le type franchement européen ; l’œil, exécuté à la façon archaïque et de face, n’est pas très grand. Le visage imberbe et le corps sont peints en brun rouge, par un procédé de teinte plate qui est tout à fait conforme à celui des fresques égyptiennes 7[7]. » Cette fresque ornait un corridor. Dans l’appartement des femmes se déroulaient des scènes féminines, aux personnages hauts tout au plus de dix centimètres, mais curieux par le costume et par l’expression, bien qu’il faille nous mettre en garde contre la tendance qui consiste à apercevoir sur ces visages si modernes d’apparence, mais vieux, en réalité, de 3300 ans, des intentions dont on n’a sans doute jamais songé à les animer. Le fragment que nous donnons (fig. 5642) fera mieux comprendre qu’une description la liberté et le sentiment profond de la vie avec lesquels était traitée, dans ces peintures, la figure hu-

  1. 1. Έφημ. άρχ. 1887, pl. XI et XII ; cf. pour la représentation de la figure humaine dans les fresques de Myeénes, Bull. de corr. hell. 1893, p. 198 ; Perrot et Chipiez, Hist. de l’Art, t. VI, p. 883 sq.
  2. 2. Tsounlas, Έφημ. άρχ. 1896, p. 1 sq. pl. I et II ; cf. E. Pottier, Rev. arch. 1896, I, p. 17 sq.
  3. 3. Schliemann, Tirynthe, pl. xiii ; Perrot, Op. c., fig. 439.
  4. 4. E. Pottier, Rev. de l’art ancien et moderne, 1903, p. 89 ; cf. Fr. Marx, Der Stier von Tiryns (Jahrb. 1889, p. 119 sq.). Sur les peintures murales de Tirynthe en général, voir Schliemann, Tirynthe, p. 277 sq., 323 sq., pl. v-vii ; Perrot, l. c.
  5. 5. De Ridder, Bull. de corr. hell. 1894, p. 290 sq.
  6. 6. Reproduit ici d’après une photographie.
  7. 7 E. Pottier, Rev. de Paris, 15 février 1902, p. 837 sq. ; cf. Evans, Ann. of the Br. School at Athens, VI, p. 14 sq.


VII.