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ments épigraphiques découverts à Civita Castellana, l’antique Falerii[1].

Cet alphabet s’écrit de droite à gauche et est ainsi conçu comme on le verra dans le tableau (fig. 240).

Fig. 240. Alphabet falisque. L’élément étrusque est prépondérant ; c’est de lui que vient la direction de l’écriture ; c’est lui qui a fourni les types des lettres a, c, z, th, l, t. Mais en revanche on ne saurait méconnaître l’origine latine de f/, 0, r. D’autres signes de l’alphabet, comme i, s, u, peuvent venir également de l’une et de l’autre source. Enfin il est certaines lettres, comme c, h p, pour lesquelles les inscriptions falisques nous offrent alternativement des formes qui se rattachent à l’étrusque et des formes qui se rattachent au latin. En même temps l’alphabet des habitants de Falerii n’est pas un pur et simple mélange de lettres latines et de lettres étrusques empruntées sans aucun changement. À quelques-uns des signes qu’ils empruntaient à leurs voisins, les Falisques ont donné des formes qui ne se rencontrent que chez eux. Telle est la déformation du ç] étrusque qui dans la plupart des inscriptions devient presque semblable à un r, c|. Tel est le caractère ^, tout à fait particulier au falisque, dans lequel le R. P. Garrucci voyait un g ou un k, mais dont M. Mommsen et M. Detlefsen ont déiinitivement fixé la valeur comme étant celle d’un /. M. Mommsen suppose que c’est un dérivé du φ grec, parce que, dans les inscriptions assez grossièrement tracées d’un vase peint[2], cette dernière lettre revêt accidentellement la figure de ^. Mais la présence des formes t^ et t au lieu de -^ sur quelques-uns des monuments falisques, prouve que c’est dans que doit être cherchée l’origine de ce signe. Nous nous trouvons dès lors en face d’un emprunt de plus fait à l’alphabet latin ; car c’est seulement en latin que le dérivé du ch gamma grec a la valeur de f, tandis qu’en étrusque il a la valeur de V, un signe différent, 8, étant affecté à l’expression de f.

L’origine mixte, participant à la fois de l’étrusque et du latin, qu’il faut reconnaître ainsi à l’alphabet des Falisques, s’accorde parfaitement avec ce que l’on sait de l’histoire de ce peuple. Les Falisques se trouvaient entre les Étrusques et les Romains, et leur pays formait le point de jonction de l’influence des deux peuples et des deux civilisations. Leur histoire se compose tout entière de rapports de paix, de guerre et de sujétion, tantôt avec l’un, tantôt avec l’autre. Et comme un commentaire matériel de cette histoire, ainsi que de la présence de lettres venant de l’Étrurie et de Rome dans l’alphabet national, les fouilles de Civita Castellana ont fait découvrir, mêlées aux inscriptions proprement falisques, des inscriptions purement étrusques et des inscriptions purement latines archaïques. F. Lenormant.

  1. Garrucci, Ann. de l’Inst. arch. t. XXXII, p. 211-281 ; Mommsen, Monatsber. der Berlin. Akad. 1860 ; Detlefsen, Bullet. de l’Inst. arch. 1861, p. 199 et suiv.
  2. Corp. inscr. graec. n. 8432.

Bibliographie. § I. De Rougé, Mémoire sur l’origine égyptienne de l’alphabet phénicien, analysé dans les Comptes-rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres pour 1860 ; F. Lenormant, Introduction à un Mémoire sur la propagation de l’alphabet phénicien, Paris, 1866.

Sur l’étendue de la propagation de l’alphabet phénicien dans les différentes parties du monde antique : Kopp, Bilder und Schriften der Vorzcit. t. II, Manheim, 1821 ; Gcsenius, Scripturae linguaeque phoeniciae monumenta, Leipzig, 1837 ; A. Weber, Ueber den semitischen Urspntng des indischen Alphabets, ddiusses Indische Skizzen, Berlin, 1857 ; De Vogiié, L’alphabet aramécn et l’alphalwt hébraïque, dans ses Mélanges d’archéologie orientale, Paris, 1868 ; F. Lenormant, Essai sur ta propagation de l’alphabet phénicien dans l’ancien monde, en cours de publication.

§ II. Franz, Elementa epigraphices graecae, Berlin, 1840 ; Th. Momraseo, Die untei-italischen Dialekten, introduction, Leipzig, 1850 ; Kirchoff, Studicn zur Geschichte des griechisches Alphabets, Berlin, 1864 ; F. Lenormant, Études sur l’origine et la formation de l’alphabet grec, dans la Bévue archéologique de 1867 et 1868.

§ III. Sharpe, dans Ch. Fellows, An account ùf discoveries in Lyeia, Londres, 1841 ; Lassen, Ueber die Lykischen Inschriften tmd die Sprachen Kleinasiens, dans le tome X de la ZHtschrift der deutsehen morgenlândischen Gesellschaft ; A. Schônborn et M. Schmidt, The Lycian inscriptions, Iena, 1868.

§ IV. Gori, Difesa dell’ alfabeto etrusco, Florence, 1742 ; Lanzi, Saggio di lingua etrusca, Rome, 1789 ; Mommsen, Die unteritalischen Dialekten, introduction, Leipzig, 1850 ; N. Desvergers, L’Étrurie et les Étrusques, atlas, Paris, 1864 ; Ariod. Fabretti, Corpus inscriptionum italicarum et Glossarium italicum. Turin, 1867.

§ V. Lepsius, Inscriptiones umbricae et oscae, Leipzig, 1841 ; C. Janelli, Inscrip. tiones oscae et Tabulae Eugubinae, Naples, 1841 ; Grotefend, Budimenta lingnae umbricae, Hanovre, 1836-1839 ; Aufrecht et Kirchoff, Die umbrischen Sprachdenkmàler, Berlin, 1849 ; Mommsen, /)if nntcritalischen Dialekten ; A. Fabretti, Corpus inscriptionum italicarum et Glossarium italicum ; Mommsen, Die nordetruskische Alphabete auf Inschriften und Mùnzen, dans les Miltheitungen der antiquarischen Gesellschaft in Zurich, t. VII,

§ VI. Mommsen, Bùmische Geschichte, t. I ; Id., Die unteritatischen Dialekten ; Id. Corpus inscriptionum latinarum de l’Académie de Berlin, t. I ; RitschI, Priscae latinitatis monumenta epigraphica, Berlin, 1862 ; Kirchoff, Studien zur Geschichte des griechisches Alphabets, Berlin, 1864.

§ VII. Garrucci, dans le tome XXII des Annali delV Instit. di corresp. arch, ; Detlefsen, dans le Bulletino dell Instit. di corr. arch., 1861.

ALTARE [ara].

ALTERCATIO. — À Rome, dans les procès criminels portés soit devant les comices, soit devant une commission (quaestio), les plaidoiries des défenseurs [aclio, oratio continua) étaient ordinairement suivies d’un débat rapide et contradictoire entre les deux parties, ou plus habituellement entre leurs avocats (patront), qui se pressaient de questions brèves et d’argumentations serrées. Cette discussion en forme de dialogue se nommait altercatio[1] ; elle terminait le débat, sauf l’exception admise par la loi Servilia, en matière de concussion [repetundae pecuniae], où la comperendinatio obligeait l’accusateur à une seconde action ou plaidoirie. La forme de discussion appelée altercatio était également usitée au sénat, devant le peuple et dans les procès civils[2] portés, à la suite de la délivrance de la formule, devant un juge juré (fudexjtiratus), et les rhéteurs attachaient une grande importance à cette partie de l’art oratoire.

G. Humbert.
  1. Quint. Inst. orat. VI, 4, 1 ; 3 et 5, et VI, 3, 4 ; II, 4, 28 ; Cic. Brut. 44.
  2. Tacit. Hist. IV, 7 ; Quint. II, 4, 28 et VI, 4 ; Tit. Liv. IV, 6.

Bibliographie. Geib, Criminalprocess der Römer, Zurich, 1842 ; Walter, Geschichte des röm. Rechts, 3e édit. Bonn, 1860, II, n. 731 et 850, Ve livre, traduit par Picquet Damesme, Paris, 1803, page 90 ; Rudorff, Röm. Rechtsgeschichte, Leipz., 1858, II, p. 251, 252, 439 ; Laboulaye, Essai sur les lois crim. des Romains, Paris, 1845, p. 563.


ALUMEN (Στυπτηρία), alun. — Les anciens connaissaient l’alun, dont ils se servaient pour la teinture des laines[1],

  1. Plin., Hist. nat. XXXV, 15, 52.