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jurisconsulte Paul 2[1] s’exprime ainsi : « On admet depuis longtemps, d’après l’autorité du savant Hippocrate, que le fœtus naît parfait le septième mois ; conséquemment, on doit considérer comme légitime l’enfant qui est né le septième mois depuis les justes noces [matrimonium] ; » mais il ajoute 3[2] que le part doit en outre avoir la forme humaine. Quant aux peines prononcées contre les auteurs ou complices de l’avortement volontaire, nous renvoyons à l’article abigere partum. Le droit romain avait pris des mesures pour veiller aux intérêts des enfants conçus 4[3]. Les avantages légaux de la maternité, notamment le jus liberorum, ne s’appliquaient pas à la femme qui accouchait avant terme ou d’un monstre 5[4]. G. Humbert.

ABRAXAS, αβραξασ ou αβρακασ. — Ce nom, qu’on lit ainsi gravé de deux manières, en caractères grecs, sur des intailles du iie siècle après Jésus-Christ, ou des siècles suivants, fait reconnaître des amulettes ou talismans appartenant à la secte gnostique des basilidiens. Abraxas, d’après l’explication des Pères de l’Église, adversaires des gnostiques 1[5], est le nom qu’un de leurs chefs, Basilide, donnait au Dieu suprême en le formant de sept lettres qui, selon la manière de supputer des Grecs, font au total 363. Ce nombre, qui est celui des jours de l’année solaire, était aussi, pour les basilidiens, celui des éons, intelligences ou anges créateurs, dont les manifestations, dans leur doctrine, formaient le plérôme, la plénitude de la puissance divine. D’autres inscriptions souvent indéchiffrables et des symboles extrêmement variés et compliqués, la plupart devenus inexplicables, accompagnent le nom d’Abraxas, et on les trouve aussi sur des pierres où ce nom ne se lit pas. Il en est résulté que ce nom a été indûment étendu : dans l’usage commun on appelle abraxas les pierres gnostiques en général, bien qu’elles aient souvent un caractère tout différent. On les appelle aussi pierres basilidiennes ; et cependant elles sont loin d’appartenir toutes à la secte des basilidiens, mais il est vrai que c’est parmi ceux-ci que le nom a pris naissance.

Bien des essais d’explication de ces pierres ont été tentés. Les antiquaires des derniers siècles, Jean l’Heureux 2[6], Chifflet 3[7], du Molinet 4[8], Montfaucon 5[9], Caylus 6[10], etc., en ont proposé de très-hasardées. Les modernes ont apporté dans cette étude plus de critique et de vrai savoir. Parmi eux il convient de nommer en première ligne l’auteur de l’Histoire critique du Gnosticisme. M. Matter a publié dans un volume supplémentaire de cet ouvrage plusieurs planches représentant des pierres gnostiques. Dans les explications qu’il y a jointes, il a séparé de ces pierres un grand nombre d’autres qui se rapportent à des doctrines différentes enfantées vers le même temps dans la Grèce, l’Egypte et l’Asie, et il a interprété, souvent avec succès, quelques-uns des noms et des figures qui distinguent celles des gnostiques. Les sujets sont de bizarres assemblages de formes empruntées à la figure humaine et à celles de divers animaux, de signes astronomiques et d’attributs de tout genre dont l’explication se trouvait sans doute dans la connaissance aujourd’hui très-imparfaite des doctrines gnostiques,


et dans celle de leurs rites qui est complètement perdue. Nous en offrons divers exemples empruntés à la collection des pierres gravées du Cabinet des médailles. Ils suffiront pour donner une idée du caractère de ces compositions, compliquées et variées à l’infini. Sur la première pierre (fig. 21) on voit un personnage à corps humain, à tête de

Fig. 21. Abraxas des basilidiens.

lion radiée, debout, tenant d’une main le signe égyptien de la vie qu’on appelle la croix ansée, et de l’autre un sceptre autour duquel s’enroule un serpent dont la tête se tourne vers les rayons solaires. On lit à côté de cette figure son nom en caractères grecs : ιαω, et au revers αβραCαξ 7[11]. Le premier nom se retrouve sur une autre pierre (fig. 22), au-dessous d’un personnage à tête de coq avec des serpents pour jambes, armé d’un
Fig. 22. Abraxas.
fouet et d’un bouclier 8[12]. Ce nom est celui d’un des éons des basilidiens. On lit encore sur leurs talismans ceux de Sabaoth, d’Adonaï, d’Éloï, d’Oraios, d’Astaphaios, celui d’Iaklabaoth, le démiurge, créateur du monde, dont les six précédents étaient, disait-on, émanés, et d’autres en grand nombre. On y voit aussi les sept voyelles αεηιογω disposées suivant des modes cabalistiques, ou la formule ABAANAΞANAABA qui se lit dans les deux sens. Parmi les autres inscriptions restées indéchiffrables, on rencontre des radicaux hébreux, grecs, syriaques, coptes. Sur la troisième pierre (fig. 23) on voit 9[13] un serpent à tête de lion radiée (Chnouphis) se dressant entre sept
Fig. 23. Abraxas des ophites.
étoiles ; au revers un vase d’où s’échappent deux serpents (peut-être le vase des péchés, selon l’explication de Matter) et un symbole formé de trois serpents, trois S ou trois Z traversés par une barre. Au revers on lit ΤΩΧΝΟΥΦΙ (à Chnouphis). Le serpent à tête de lion radiée est une des figures qu’on rencontre le plus fréquemment sur les pierres dites abraxas. Celles où on le voit appartiennent sans doute à la secte gnosique des ophites.

Les abraxas des basilidiens se portaient vraisemblablement de la même manière que les amulettes de toute autre espèce [amuletum]. E. Saglio.

Bibliographie. Bellermann, Ein Versuch über die Gemmen der Altenmit dem Abraxasbilde, Berlin, 1817-1819 ; Gurlitt, Archäologische Schriften, Altona, 183t, p. 127 et seq. ; Matter, Histoire critique du gnosticisme, 1814, 2e édit. ; K. Mogenstern, Erklärungiversuch einer noch nicht bekunnt gemachten Abraxasgemme, Dorpat, 1843 ; Stickel, De gemma abraxea nondum édita, Iéna, 1848 ; Chaboullet, Catalogue des camées et pierres gravées de la Bibliothèque impériale, p. 762.

ABROGATIO [lex, magistratus].

ABSENS. — L’absent était, en droit romain, celui qui ne se rencontrait pas au lieu où sa présence était requise. L’absence peut être envisagée soit au point de vue du droit civil, soit au point de vue du droit public.

  1. 2 L. 12 Dig. De statu hominum, 1, 5.
  2. 3 Ibid. 1. 14.
  3. 4 Gaius, Comm. I, 130 ; Justin. Instit. I, pr. et fr. 13, § 1 et 2, Dig. De ventre in possession. mittend. XXXVII, P.
  4. 5 Paul. Sent. IV. 9, § 3 et 4.
  5. ABRAXAS. 1 Voyez les telles de saint Irénée, saint Jérôme, Tertullien, saint Augustin, réunis dans l’antitiquité expliquée du P. Montfaucon, t. II, 2e partie, p. 353.
  6. 2 Jani Macarii Abraxas seu Apostopistus.
  7. 3 Abraxas-Proteus, dissertation jointe à l’édition donnée par Chifflet, en 1651, du livre précédent.
  8. 4 Dans le Cacinet de la bibliothèque de Sainte-Geneviève, 1692.
  9. 5 Op. laud.
  10. 6 Rec. d’antiquités, t. VI.
  11. 7 Chabouillet, Catalog. n° 2168.
  12. 8 Ibid. n° 2174.
  13. 9 Ibid. n° 2187.